Les Indestructibles

Tu aimes les films de super héros ?

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Les Indestructibles s’impose comme un film de super héros néo-rétro à tendance comique. Comprenez par là que le métrage met en scène des surhommes, dans la droite lignée des récents succès de Spider-Man ou de X-Men, tout en ressuscitant l’époque révolue et fantasmée des années 60.

Histoire d’en rire

Bob est M. Indestructible, un héros portant bien son nom, mariée à Hélène, la flexible Elastigirl. Comme bon nombre de héros, tel Frozone, il protège l’innocent et lutte contre les super vilains empoisonnant la ville. Seulement voilà : un jour, Bob sauve un homme essayant de se suicider, le blessant dans l’action. Ce dernier porte plainte contre M. Indestructible. Qui plus est, notre sémillant héros a eu le malheur de causer un accident de train, d’où de nouveaux procès. Suite à cela, le gouvernement prend des mesures draconiennes, et décide de mettre les super héros hors là loi. Mis hors la loi, ils reprennent une vie normale : Bob devient courtier en assurance, à son grand désespoir, tandis que Hélène se fait femme au foyer et s’occupe de leurs enfants. La famille s’est agrandie avec Jack-Jack, le bébé, Flèche, possédant le pouvoir de super-vitesse, et Violette, pouvant devenir invisible et générer des champs de force.

Premier coup d’oeil au film et première constatation : Les Indestructibles s’inscrit comme un film truffé de référence à la culture populaire. Aux comics, bien sûr, mais aussi aux films de James Bond, aux Thunderbirds, ou encore aux derniers succès cinématographiques…

Concernant les comics, la famille de héros s’inspire de manière assez transparente des 4 Fantastiques, comics créé par la Marvel en 1961 et mettant en scène une famille de héros : Bob a le pouvoir de force et d’invincibilité de la chose, Violette de l’Invisible, et Hélène de Mr Fantastique. Flèche évoque pour sa part Kid Flash, le jeune adjoint du super héros Flash de DC comics. Quant à Violette, elle rappelle, et pas qu’un peu, le personnage de Malicia dans les X-Men, pour son côté mal dans sa peau et novice dans l’utilisation de ses pouvoirs… Par ailleurs, le film s’inscrit dans un genre récent du comics, inspiré par des titres comme Astro City ou encore Powers : ces comics mettent en scène une ville dans laquelle les héros sont nombreux et incarnent des figures d’autorité fortes, mais qui cachent en fait des secrets plus ou moins avouables et souffrent parfois comme n’importe quel être humain. De même retrouve-t-on une certaine violence et cynisme dans le film, inspirées par des titres récents comme Authority (DC) ou Ultimates (Marvel). Enfin, l’idée du gouvernement d’interdire l’existence des super héros est à l’origine de titres comme Batman The dark knight returns ou encore DC The new frontier. Le film se permet même des clins d’oeils appuyés à Spider-Man et X-Men (citons la découverte de l’ordinateur de Syndrome par Bob, identique à celle de Cerebro dans X-Men, ou encore le sauvetage du train, rappelant beaucoup Spider-Man 2). Si le film s’inscrit bien dans un genre super héroïque référencé, il ne faut pas non plus en oublier qu’il s’inspire beaucoup des films de James Bond. Ainsi, toutes les scènes sur l’île sont truffées de clins d’oeil aux films de l’agent 007 (avec des musiques « évoquant » John BARRY) ou aux Thunderbirds (impression renforcée par l’aspect parfois « marionnette » des personnages).

Car, au-delà d’un pur délire d’un fan de BD, Les Indestructibles se pose comme une oeuvre nostalgique : la technologie utilisée est celle d’aujourd’hui, mais les décors et la façon de s’habiller rappelle celle des années 60 : la American way’s of life, époque bénie pendant laquelle l’économie ne connaissait aucun obstacle et où la société se modernisait à grand pas. N’en concluons pas pour autant que le film soit passéiste. Une certaine violence, présente notamment sur la fin du film, montre des auteurs se posent des questions quant à cette représentation surannée du super héros. On pourra d’ailleurs s’étonner de voir, dans un film pensé pour les plus jeunes, des scènes de destructions en pleine ville. Comme si le 11 septembre se devait de figurer dans une nouvelle mythologie hollywoodienne ?

Pixar et Disney oblige, le film reste néanmoins parcouru par un humour incessant. Si les gags ne sont pas tous hilarants, ils ont le mérite d’être de bon goût et de ne jamais interférer avec le déroulement du film. Cette coexistence parfaite entre humour et sérieux fait d’ailleurs beaucoup pour la qualité du film.

La famille avant tout

Si au premier degré, le film s’impose comme une ode superhéroïque, il cache aussi son petit fond de réflexion. Le film s’intéresse avant tout à la Famille : il y a bien sûr celle de Bob, mais aussi celle des super héros. Bob, en perdant son statut de super héros, perd par la même occasion son identité. Devenu un petit employé de bureau, il n’a plus goût à rien, et se désintéresse des siens. Détail ironique : le réalisateur Brad BIRD a imaginé son histoire, au moment où lui-même devenait père et où se posait la question de savoir jusqu’à quel point sa paternité allait modifier son identité. BIRD s’amuse donc à regarder et disséquer ses personnages, en montrant leurs aspects les moins reluisants (disputes, prise de poids, enfants insupportables)… Pour un film américain, à destination des plus jeunes, la présentation ne fait pas dans la dentelle. Bien sûr, la morale finale vient rectifier le tir et remettre la famille au premier plan des valeurs.

Toutefois, et c’est assez fort, BIRD se permet de montrer la réaction violente de Bob lorsqu’il croit avoir perdu les siens. A ce moment précis, le film devient plus sombre. Trop d’ailleurs, et on pourra se demander ce que vient faire des séquences aussi dures dans un film grand public. Certes, les scènes sont courtes, mais BIRD adopte alors un discours quelque peu réactionnaire : si on touche aux votre, votre devoir est de vous venger. Drôle de morale… Bob finira aussi par réaliser que sa famille compte plus que tout. La logique américaine voudrait donc que les Indestructibles abandonnent toute prétention de justiciers et se contentent de vivre une vie bien rangée. Mais, la dernière séquence montre au contraire une famille devenue justicière. Ainsi, le désir du père, donc du chef de la maison, s’impose aux siens : à travers un costume et un combat, la famille se purge de ses propres tensions internes.

Doté d’une animation renversante, d’un character design superbe(1) et rempli d’idées à la pelle, les Indestructibles ne peut que plaire. Néanmoins, le film, s’il reste éminemment sympathique, n’arrive pas pour autant à dépasser le stade de bon divertissement. Il manque encore quelques nuances dans le discours, quelques idées dans la mise en scène ou dans le scénario pour dépasser le simple stade du film à références et devenir un film de références. Gageons qu’affranchis du cahier des charges Disney, Pixar va affirmer son ton.

La fin

Avec Pixar, Disney a réussi à s’imposer de nouveau sur la grande scène de l’animation. Toutefois, la récente décision du studio 3D de ne plus travailler avec Disney pose donc un sérieux problème à la maison de Mickey. En même temps, force est de reconnaître que ce film n’a plus rien à voir avec les anciennes productions Disney : on n’y retrouve plus le charme désuet associé, à tort ou à raison, aux production Disney, même si la morale finale reste sauve. Pixar a imposé un nouveau standard d’animation, plus épileptique et plus mature, à l’attention d’un public jeune mais aussi à celui de leurs parents. Après le départ de Pixar, Disney devra trouver une porte de sortie rapide, histoire de ne pas devenir la cinquième roue du carrosse.

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