MANIE MANIE : la musique du labyrinthe

Retour sur la B.O. de Micky Yoshino

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Cell Shading, 3D, motion capture… Autant de technique absentes dans Manie Manie. Ici, une animation aux petits oignons, artisanale, fait main, se met au service d’une puissance créatrice sans limite. Pas encore mondialement connus à cette époque, les trois réalisateurs (Rintarô, Katsuhiro Ôtomo et Yoshiaki Kawajiri) n’en demeurent pas moins fascinants.

Sur le plan visuel, tout d’abord, car c’est ici le point fort des œuvres. D’une fluidité remarquable, l’animation nous prend par la main pour nous entrainer dans la folie créatrice du Labyrinthe de Rintarô. Kawajiri et son Coureur nous met sous haute tension et livre un métrage d’une très grande intensité. Enfin Ôtomo, avant son Akira, pose déjà sa fascination pour la robotique et un souci du détail poussé à l’extrême avec Stopper le travail.

Un quatrième grand nom

Tel un papier cadeau qui magnifie l’offrande, Micky Yoshino vient poser sa musique sur chaque instant de l’œuvre. L’introduction est d’ailleurs remarquable : une petite boucle discrète, presque mélancolique, dans laquelle raisonnent les « Cicéron, Cicéron » de Satchi, la petite fille qui cherche son chat. Une musique que vous aurez certainement déjà entendue. Dans un trailer de Dybex pour Cowboy Bebop, dans La Mélancolie de Haruhi Suzumiya ou encore dans Wind Struck (pour les amateurs de cinéma Coréen). Et pour cause, cette mélodie est tirée d’une composition d’Erik Satie, un pianiste français, datant de 1886 (Gymnopedie Vol. 1). Le talent de Yoshino est d’avoir saisi la bonne boucle, très courte, là ou d’autre auraient pu laisser davantage de temps à la mélodie.

Le court métrage de Rintarô, qui rappelle vaguement le Alice de Lewis Carroll, berce tantôt dans le mélancolique, tantôt dans la folie, et Micky n’hésitera pas à piocher dans le classique ou des thèmes d’opéra. La partition rythmée, psychédélique de la scène du labyrinthe (qui est le nom du court métrage) ne pouvait donc être plus juste, plus marquante, et contribue grandement à l’aspect « OVNI » de la création.

Si son travail sur le reste de l’œuvre est plus discret, les courts métrages de Ôtomo et Kawajiri sont moins avares en dialogue, Micky Yoshino n’en était pas à son premier coup d’essai. Deux avant Manie Manie, Micky (prononciation de Mickie), avait travaillé sur la série TV de Lamu (Urusei Yatsura) et sur quelques un des film (Remember my Love). Né à Yokohama, il a formé à 15 ans The Golden Cups, un groupe important dans l’éclosion du Blues japonais à l’aube des années 1970.

Pour ceux ou celles qui voudraient découvrir davantage l’artiste, vous pouvez visiter son site internet et plus particulièrement écouter le morceau Eat, en collaboration avec Asei Kobayashi, un proche de Yôko Kanno

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Cruz