Pour Origine

Post-apocalyptique Gonzo

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De l’intérêt d’un premier film.

Le jeune studio Gonzo, qui approche de ses quinze ans, est une société réputée pour ses séries originales et dont la patte artistique est très reconnaissable par l’intégration de la 3D. Le premier succès remonte aux OAV de Blue Submarine n°6, sujet déjà écologique à l’époque, où des monstres marins modifiés sont l’ennemi de l’homme. Dans ce diptyque d’OAV, l’eau a envahi la terre et l’homme n’est pas le maître des éléments, et ne l’a jamais été. Le sujet écologique ne date donc pas d’hier, les Japonais ayant un regard et une vision beaucoup plus portée vers la nature, l’écosystème de l’archipel étant déjà très atteint. Origine, si il est besoin de le rappeler prend place dans une Terre post apocalyptique où la forêt a pris l’ascendant sur l’homme en contrôlant l’eau, source de vie. Nous suivons Agito, jeune homme fougueux qui part à la recherche de Toola, jeune fille du passé ayant la capacité de redonner à la Terre et la nature son mode originale (passif).

Gonzo touch

Ayant atteint une certaine maturité tant artistique que technique dans la production de séries, Gonzo cherche a se renouveler et à innover dans tous les domaines. C’est tout naturellement qu’il se tourne désormais vers le long métrage. Mais il n’est pas aisé de réaliser une histoire concise en 1h30 là où d’habitude le studio dispose de 13 à 26 épisodes pour développer une intrigue. Aussi, pourquoi ne pas avoir à faire à un technicien expérimenté qui pourrait guider l’équipe ? De plus, quelle meilleure gageure qu’un « équipier » de l’écurie Ghibli, un technicien de l’image qui a appris auprès des plus grand réalisateurs du moment ?

Certes, on pourrait croire que le film se contente de rendre hommage aux grands chefs d’oeuvres de la production nippone des années 80, Miyazaki ou Ôtomo, mais il faut aller au-delà. En effet, qu’attend le grand public d’un film japonais ? Qu’il nous parle de poésie écologique, d’une nature qui se révolte et qui propose un retour aux choses simples. Bref, la plupart du temps un « Miyazaki-like », un énième fac-similé d’une production disneyenne à la sauce nippone ! Et là, le studio Gonzo ne s’est pas trompé : il répond à la demande du grand public. Une histoire de combat entre le tempérament dominateur de l’homme et la nature qui reprend ses droits.

De plus il ne serait pas juste de comparer un film de l’écurie Ghibli à toutes les autres productions japonaises car, on le sait, seuls Miyazaki et Takahata ont une patte d’auteur reconnue. On ne fait pas d’ailleurs ce type de constat pour les films tirés de séries produits par Tôei, encore moins lorsqu’un studio de production sort un long métrage (Pokémon, Naruto).

Technique assurée

Par ce film, le studio Gonzo s’inscrit dans une logique d’oeuvre pour grand public mais en y apportant ce qu’ils savent faire de mieux : la technique. D’habitude une série animée nippone souffre d’une qualité relativement médiocre en terme d’animation (plans fixes à rallonge et mouvements très limités), cependant les réalisateurs ont trouvé avec le temps des astuces pour contourner ce problème épineux du budget. Or pour un long métrage les moyens doivent être au rendez-vous. Techniquement le film n’a pas à rougir de sa qualité d’animation, bien au contraire car elle est de très bonne facture. Pour un premier film, bon nombre de studios concurrents japonais comme occidentaux peuvent envier cette réussite, quoi qu’on en dise.

Même si pour certains, l’intégration d’éléments 3D n’est pas toujours réussie, il faut plutôt y voir une recherche artistique qui tend vers le réalisme. Ainsi le style des décors, plus proche de ce qui a pu se faire sur le film de Kenshin, le vagabond avec des forêts quasiment en style « photo réaliste ». Ici on retrouve ce même procédé, qui s’appui à contrario d’une recherche volontaire de la matière non organique des plus froide et hostile.

Un heureux présage

Ce premier long métrage de Gonzo a permit à l’équipe de « s’entraîner » avant sa prochaine production, Brave Story, qui a été présentée en avant première à Cannes et pour une sortie au Japon cet été. Ainsi, Origine s’inscrit dans une ligne éditoriale de Gonzo qui souhaite s’ouvrir à l’internationale et de proposer, aussi autre chose que du Miyazaki, autre chose que les blockbusters 3D des Américains. Un film pour un large public, jeune, même aimant l’animation et étant novice de toutes références cinématographiques japonaises comme c’est le cas très régulièrement. Un film qui fait passer un moment de détente tout simplement sans pour autant en demander plus.

Espérons qu’il rencontrera son public ce qui encouragera son éditeur, Kaze, à poursuivre dans cette dure tâche de sortir des films nippons dans les salles obscures de l’Hexagone.

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Viky