Takehiko Inoue est un mangaka né le 12 janvier 1967, révélé aux yeux du monde grâce à son travail sur Slam Dunk et Vagabond.
Grand fan de basket-ball (et notamment du club des Lakers de Los Angeles), Takehiko Inoue avoue que ce sport était ce qu’il le motivait pour se lever le matin. Reconnaissant volontiers ne pas être le plus sérieux des adolescent, Takehiko est très vite attiré par la peinture et le talent de Ryochi Ikegami (Crying Freeman). Il lancera sa carrière de mangaka en gagnant le 1er Prix du concours Tezuka avec sa nouvelle Kaede Purple!. Cette histoire sert, en quelque sorte, de prémices à Slam Dunk puisque nous y retrouvons un personnage de la série, Rukawa Kaede.
Tout s’accélère alors pour Takehiko Inoue qui assiste le grand Tsukasa Hôjo (City Hunter) l’espace de quelque mois, et en 1990, il donne vie à Slam Dunk, best-seller qui passe la barre des 100 millions de tomes vendus en 2004. Puissant graphiquement avec une approche réaliste du sport, Inoue attache le lecteur à son récit grâce à un héros néophyte et un sport ne demandant qu’a se démocratiser. Les 31 tomes de la série ne se résument pas à de larges victoires, bien au contraire. Ici, les personnages suent, le héros ne récupèrent pas toutes les louanges, et l’épaisseur des protagonistes secondaires est traitée avec soin. Fini en 1996, Slam Dunk laisse la place à Buzzer Net!, une comédie toute en couleur publiée sur Internet, et il faudra attendre 1998 pour voir arriver l’oeuvre phare d’Inoue, Vagabond.
Sans vouloir nous donner un cours d’histoire, l’auteur adapte le roman Musashi, écrit par Yoshikawa Eiji. Sublimée dans les romans faisant le charme de sa légende, la vie de Miyamoto Musashi trouve, sous la plume d‘Inoue, une approche philosophique plus réaliste. Fougueux et chien fou, le guerrier apprend à devenir une fine lame, à calmer ses ardeurs, à gérer ses émotions et sa relation avec la mort. Avec un rythme lent et un découpage aux petits oignons, Inoue transcende le genre du manga en réalisant une oeuvre profonde dont la résonance n’en est que plus grande lors des deuxième ou troisième lectures. Il faut bien comprendre que Vagabond n’est absolument pas un titre d’action mais au contraire une sphère philosophique dans laquelle la réflexion du héros est omniprésente, et l’art du sabre érigé tel un mode de vie. Nous pouvons même dire, d’une certaine façon, que l’art de Musashi se confond avec la volonté d’Inoue de tendre vers une perfection graphique, naviguant entre dessins traditionnels et tableaux d’aquarelles.
Tout comme sur Slam Dunk, l’auteur ne se réduit pas à traiter le parcours de Musashi mais se fait plaisir à narrer les destinées des autres personnages, parfois l’espace de plusieurs tomes. A ce titre, le passage relatant la vie de Kojiro Sasaki est un chef d’oeuvre de narration, puisque ce dernier est muet. Par les gestes de Sasaki mais aussi le découpages de l’artiste, l’auteur parvient à fasciner et à nous toucher. Une sensibilité que l’on retrouve, différemment, avec Real, une série de 13 tomes démarrée en 1999 dans laquelle nous découvrons le regard des pratiquants de handisport sur leurs conditions, mais aussi sur le monde.
Détenant les droits de ses oeuvres, un phénomène assez rare au Japon, Takehiko Inoue est devenu l’un des plus grands talents de l’histoire de la BD avec deux séries. Ça vous pose un homme.
Takehiko Inoue c’est pour qui ?
La production de Takehiko Inoue est majoritairement tournée vers un lectorat adulte. Non pas que ses récits soient noirs ou particulièrement violents, mais il faut parfois lire entre les lignes pour comprendre toutes les subtilités et les nuances d’un art magistralement illustré.
Bibliographie sélective :
- 1990 : Slam Dunk (shônen, basket-ball) – Kana
- 1998 : Vagabond (seinen, sabre) – Tonkam
- 1999 : Real (seinen, drame) – Kana
- 2011 : Pepita – (carnet de voyage) – Kazé Manga
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