Après avoir enfin reçu le manga original dessiné par Sumika Yamamoto entre 1972 et 1980, j'ai décidé de créer un topic consacré à cette série culte au Japon (beaucoup moins en France). Les plus âgés doivent se souvenir quelque peu de sa version animée de 1973 diffusée sur TF1 fin 1988. L'héroïne était interprétée par Jackie Berger (comme pour Jeanne et Serge) et pour un doublage TF1, la VF s'en sort plutôt bien malgré des bourdes de traduction et quelques voix mal castées (sans parler d'un manque de voix féminines). L'adaptation animée de 1973 est surtout connue pour avoir été l'un des premiers travaux du duo prestigieux Dezaki/Sugino, bien que leur style ne se reconnaît pas aisément au premier abord. Le manga reste inédit en France, mais il est (était devrais-je plutôt dire) disponible en Italie sous le titre ''Jenny la tennista''.
Présentation
''Ace wo nerae'' est un shôjo manga écrit et dessiné par Sumika Yamamoto (aucune de ses œuvres n'a hélas été édité en France. Il a été prépublié dans le magazine pour jeunes filles Margaret de 1972 à 1975 puis de 1978 à 1980 pour la seconde partie. L'édition japonaise compte 18 tomes en tout et est régulièrement réédité. En Italie, le manga a été publié en 25 tomes chez Panini Comics entre 2003 et 2005 avec des planches retournées mais une traduction globalement réussie qui respecte les noms japonais. Rien d'annoncé en France pour le moment (Black Box pourrait peut-être s'y intéresser puisqu'ils se spécialisent dans le manga rétro et principalement le shôjo manga)…
L'Histoire
Hiromi Oka est une jeune lycéenne appartenant au club de tennis de son établissement. Elle n'a rien d'une passionnée de sport, jouant au tennis surtout par plaisir et non par ambition. Elle admire en secret sa camarade Reika Ryuuzaki, l'un des espoirs de sa catégorie et dont le jeu si subtile et gracieux lui a valu le surnom de Madame Butterfly (Miss Papillon). L'arrivée d'un nouveau coach prénommé Jin Munataka précipite Hiromi parmi l'élite des joueuses du lycée sans qu'elle n'en comprenne les raisons alors que son niveau est loin de valoir celui de Reika. En fait, Jin estime qu'Hiromi a tous les atouts pour devenir plus tard une grande joueuse de tennis contrairement à sa rivale Kyoko Otawa qui ne fait que copier le jeu de Reika au lieu de progresser dans un style personnel. Hiromi va alors attiser la jalousie et la haîne de Kyoko mais aussi des autres membres du club. Malgré les persécutions et la jalousie dont elle fait l'objet, Hiromi tente de persévérer en tennis sous la direction de Jin, connu pour ses méthodes d'entraînement quasi inhumaines et qui ne semble s'intéresser qu'à former cette joueuse au détriment des autres membres du club.
Les personnages
(J'occulte volontairement certains personnages importants comme Eddie Reynolds ou Jackie Bint sinon ça ferait un peu long ^^)
Hiromi Oka (Héléna Orval) : 15 ans, en première année du lycée Nishi (réputé justement pour son club de tennis). Hiromi débute dans le tennis en compagnie de sa meilleure ami Maki (Sophie dans la VF) mais n'attache pas grand intérêt à la persévérance. Elle s'est inscrite dans le club uniquement pour être proche de Reika Ryuuzaki, qu'elle admire en secret. Jin Munakata, le nouveau coach, la repèrera assez vite et l'obligera à s'entraîner intensivement pour parvenir au niveau d'un titulaire. Hiromi est une jeune fille enthousiaste et gentille, un peu rêveuse, susceptible par moments, mais pleine de bonne volonté. Surnommée ''Face de renard'' ou plus exactement ''Yeux de blaireau'' par Munakata en personne (Metanuki en VO) !
Reika Ryuuzaki (Reine Radiguet) : en seconde année de lycée. Reika joue depuis l'enfance au tennis, son père étant le président de la fédération japonaise de tennis. Son jeu particulier rappelant l'envol d'un papillon est à l'origine de son surnom de ''Madame Butterfly'' (Ochôfujin en VO). Au départ, Reika est plutôt bienveillante avec Hiromi, qu'elle considère comme une petite fan immature mais inoffensive. Mais la sélection de la jeune fille pour jouer au prochain match de tennis dans le Kantô va attiser la jalousie de Reika qui estime qu'avec cette débutante dans l'équipe d'élite, le lycée Nishi risque de perdre sa réputation. Par la suite, constatant qu'Hiromi fait des progrès, les deux joueuses vont sympathiser et devenir amies. Reika sera toujours d'une grande aide pour Hiromi malgré leurs rivalités, tant sur le plan sentimental que sportif : Reika est en effet très amoureuse de Jin et souffre beaucoup de le voir s'intéresser uniquement à Hiromi.
Jin Munataka (Jean Mallet) : ancien joueur de tennis durant le lycée, il a dû renoncer à pratiquer ce sport suite à des problèmes de santé (on en saura plus au fil du manga). Choisi par le père de Reika pour être le nouveau coach du club de tennis, il va repérer le potentiel d'Hiromi et l'obliger à s'entraîner pour participer à des matchs où sont réuni les meilleures joueuses. Son enfance qu'il n'arrive pas à accepter (sa mère est morte quand il avait huit ans après avoir été abandonnée par son mari) et son incapacité à poursuivre le tennis sont les principaux responsables de son caractère sévère et antipathique du début. Sa rencontre avec Hiromi sera le point de départ d'un amour particulier qui perdurera même bien après la mort de Jin, emporté par la maladie alors qu'Hiromi s'apprête à partir pour un tournoi aux États-Unis. Sa personnalité est bien mieux développée dans le manga et on nous explique notamment dans le tome 24 les circonstances qui ont conduit Jin à devenir entraîneur. Surnommé ''Mallet le maléfique'' par les élèves (Oni Kôchi en VO, c'est-à-dire ''le coach démoniaque'') à cause de son tempérament désagréable et ses méthodes d'entraînement.
Takayuki Tôdô (Philippe Todo) : en terminale, c'est l'un des meilleurs joueurs de tennis du lycée dans la catégorie masculine. Il soutient beaucoup Hiromi dans sa progression et lui vient en aide à plusieurs reprises, car il l'aime en secret. Peu avant sa mort, Jin lui confiera Hiromi et Takayuki décide de tout faire pour épargner la jeune fille, quitte à s'entraîner assidûment pour ressembler au coach désormais décédé.
Personnellement j'ai une préférence pour Takayuki dans la seconde partie, car auparavant il n'est ''que'' le petit-ami potentiel d'Hiromi et n'attire guère l'intérêt. Ce n'est qu'après qu'il gagne en maturité et surtout que sa relation avec Hiromi soit présentée sous un aspect plus subtil.
Yuu Ozaki (François Fournier) : en terminale, capitaine de l'équipe de tennis, c'est le principal partenaire et ami de Takayuki. Beau gosse réputé au lycée à la fois pour son talent sportif et son physique, il essaye depuis trois ans d'obtenir un rendez-vous avec Reika dont il est très amoureux. A noter que son design a été modifié dans la première série TV, hélas pas vraiment en sa faveur. Heureusement il retrouve son design à la André dans les adaptations ultérieures. Dans le manga, il a une jeune sœur qui fait partie de l'équipe de tennis du lycée.
Ranko Midorikawa (Ronda de Maliéné) : élève dans un autre lycée, elle rencontrera Hiromi et Reika durant un match. Sa spécialité est son ''service canon'', un service rapide et brutal qui empêche l'autre joueur de le renvoyer assez facilement. Les autres joueurs la surnomment ''L'orchidée de Kaga'' (Ran signifiant orchidée en japonais), bizarrement traduit en ''La Tornade'' dans la VF. On apprend au cours de la série qu'elle est la demi-sœur de Jin.
Takashi Chiba (André) : membre du club de journalisme du lycée, c'est lui qui rédige les articles sportifs et s'occupe de photographier les joueurs durant le match. Ami de Takayuki et Yuu, il en pince également pour Hiromi mais n'ose pas le lui avouer.
Yusuke Kamiya (inexistant dans les adaptations animées et le drama) : personnage propre au manga, il apparaît à partir du volume 21. Âgé de 15 ans, il est en première année au lycée Nishi. Lors de leurs premières rencontres, Hiromi est persuadée de retrouver Jin au travers de Yusuke. Il est vrai que Kamiya ressemble physiquement beaucoup au coach et qu'il a vécu une enfance assez similaire. C'est également le cousin de la capitaine du club de tennis féminin chez qui il vit désormais. Au départ réputé pour être la forte tête du lycée, il est stupéfait par la force de caractère que déploie Hiromi malgré le drame qu'elle a vécu et décide finalement de prendre exemple sur elle et commencer le tennis. Son apparition a une symbolique très forte puisqu'il est sous-entendu qu'Hiromi deviendra son coach un jour, reprenant ainsi la tâche de transmettre l'enseignement de Munakata à un élève lui ressemblant.
Maki Aikawa : meilleure ami d'Hiromi, elle a un caractère plutôt positif mais n'est pas très bonne en tennis…
Kyôko Otawa : première rivale d'Hiromi, elle lui en veut beaucoup d'avoir été sélectionnée à sa place pour le tournoi du district du Kantô, alors que Kyôko est une joueuse plus expérimentée et fait partie des titulaires. Par la suite, elle laissera sa place à Saeko Horiki (qui n'apparaît pas dans l'anime me semble-t-il).
Goemon : le chat d'Hiromi !
Adaptations
Ace wo nerae/Jeu set et match (1973)
Série de 26 épisodes au style très daté (mais vraiment daté !), mais toujours prenant. Le chara-design n'est pas très réussi pour un premier essai, en particulier certains personnage qui n'ont plus rien à voir avec leur équivalent du manga (Ozaki…), par contre la série se rattrape par une ambiance particulière et un scénario bien mené. Un coffret intégral est disponible chez IDP depuis 2006, mais la qualité d'image est médiocre et seule la VF (avec une traduction discutable) est proposée.
Shin Ace wo nerae/inédit en France (1978)
Seconde série de 25 épisodes, bien mieux réalisée. C'est la seule sur laquelle n'ont travaillé ni Dezaki ni Sugino. L'histoire reprend depuis le début et suit beaucoup plus fidèlement le manga (humour très présent, chara-design plus proche du trait de Sumika Yamamoto, insistance sur l'intrigue sentimentale entre Hiromi et son coach…), mais s'arrête au début de la seconde partie, tout comme le film réalisé l'année suivante. La série est agréable à suivre, malgré une mise en scène moins attrayante et un aspect shôjo très présent qui pourra rebuter certains. J'ai un petit faible pour le design de Munakata dans cette série contrairement à la précédente.
Ace wo nerae/inédit en France *sniif* (1979)
Un film de 88 minutes qui résume la série de 1978 en modifiant le déroulement des événements. Un must point de vue réalisation et le design de Sugino est vraiment beau ! Dommage par contre que beaucoup d'éléments soient condensés ou oubliés et que l'évolution d'Hiromi manque de réalisme à cause de la courte durée du film. On gagne quand même une fin superbe, bien que j'ai une légère préférence pour celle de la deuxième série.
Ace wo nerae 2/Jeu, set et match 2 (1988-1990)
Deux séries de 13 et 12 OAV qui adaptent la fin du manga à partir de la sélection d'Hiromi pour une rencontre aux Etats-Unis entre jeunes joueurs de tennis du monde entier. Réalisation sublime sur tous les points (Sugino s'est surpassé sur le chara-design), même si les fans du manga (dont moi) pourraient regretter le peu de fidélité à l'histoire à partir de la seconde partie et surtout le peu de présence voire la disparition de plusieurs personnages clés de la seconde partie (Le coach Ota, Yu Kamiya, Jackie Bint, les enfants Reynolds…). Hélas seule la première partie est sortie en France chez IDP en janvier 2008.
Ace wo nerae le drama (2004)
Neuf épisodes plus deux spéciaux de 50 minutes chacun qui vont jusqu'à la fin du manga. Une adaptation correcte, mais pas indispensable. Les figurants sont inutiles, le chanteur (oups acteur je voulais dire) qui interprète Takayuki est une tête à claques, le cameraman devrait être fusillé pour son bâclage des deux premiers épisodes… J'ai nénamoins bien aimé les acteurs pour Jin, Ranko et Reika qui s'en sortent à peu près. Hiromi est bien mignonne et même si son jeu manque souvent de naturel, elle fait ce qu'elle peut (sachant que ce n'est pas une actrice qui l'interprète à la base). De plus, cette adaptation ne se base pas sur la série animée mais bien le manga, ce qui permet une approche différente et des scènes inédites qui n'étaient pas présentes dans les précédentes adaptations. Mais surtout, ce drama a l'avantage d'être assez réaliste et de ne pas obliger les acteurs à imiter les expressions présentes dans le manga. A noter que le drama se déroule en 2004 et non dans les années 70 comme c'était le cas pour les différentes adaptations et le manga.
La suite pour plus tard !