En ce moment j'ai un peu de temps libre, alors j'essaie de rattraper mon retard sur tous les anime que je me suis acheté et que je n'avais pas encore eu le temps de voir.
Par exemple, Les Ailes d'Honneamise!
Alors, attention, j'ai vu l'anime un grand nombre de fois dans les années 90, d'abord en VHS (en VF) puis sur Canal+ (en VF censurée). Mais je me suis récemment procuré le DVD édité il y a des éons de cela chez Manga Vidéo!
Donc, VO! <img src="style_emoticons//happy.gif” style=”vertical-align:middle” emoid=”^_^” border=”0″ alt=”happy.gif” /> Mais censurée quand même… ^_________^° Whut?! 😉
La fameuse scène où Shirotsugh Lhadatt, héros du film, tente pendant un instant de violer Riquinni (jeune femme enfermée dans son culte religieux apparenté au christianisme) est tout simplement absente!
Je n'y comprends rien… alors que cette scène apparaît dans la VHS du même éditeur…
ça devait faire une bonne dizaine d'années que je n'avais plus posé les yeux sur ce film par ailleurs magnifique, racontant la conquête de l'espace dans un monde parallèle où le peuple en a clairement rien à battre, étant de plus non seulement dans un contexte de guerre froide avec le pays voisin mais aussi dans une situation de pauvreté extrême.
Il y a énormément de choses à dire sur ce film, chef-d'oeuvre du studio Gainax, alors très jeune et ayant encore tout à prouver (Les Ailes d'Honneamise est leur première oeuvre).
Je pourrais aborder le thème du choc des générations, traité différemment d'un Miyazaki par exemple. Les designers de la fusée sont tous de vénérables anciens et ils portent sur leurs épaules un grand nombre d'échecs ayant entraîné la mort. C'est ce qui explique d'ailleurs le peu de volontaires (un, en fait) pour participer au programme de mise en orbite.
Je pourrais aussi parler du thème de la religion, de la foi, de la dévotion de Riquinni, qui se bat contre des moulins à vent. Dans le film, elle la seule véritable incarnation de la foi religieuse, distribuant des tracts dont personne ne veut, parlant dans le vide. A un certain moment très difficile pour elle, elle mentionne un prêtre d'église qui pourra lui venir en aide, mais qu'on ne voit jamais.
Cet isolement physique nous montre ainsi un monde qui ne croit ni en la science, ni en la religion, et qui ne connaît que la guerre et la faim. Assez déprimant, d'une certaine manière.
Je pourrais aussi évoquer le souci du détail maniaque du studio, ayant rendu ce monde aussi proche du nôtre qu'il peut en être éloigné quand on y regarde de plus près! La monnaie, les coutumes, le langage, l'apparat des hommes au pouvoir ne sont que la surface du travail effectué! Et que dire du cadrage et de la mise en scène! Beaucoup de choses!
Mais ce qui m'a le plus intrigué dans ce nouveau visionnage (j'ai vieilli entre-temps), en fait, c'est cette petite fille, Mannah.
Mannah vit avec Riquinni. Elle ne sourit jamais, ses parents se disputaient continuellement.
Ce qui m'a le plus surpris, c'est l'absence totale de réaction de Shirotsugh face à elle. Jamais il n'essaie de la faire rire, alors que c'est terrible de voir une enfant si jeune qui n'a quasiment pas de réactions face à tout ce qui l'entoure, autre que le froncement de sourcils…
C'est une fille qui dégage tellement de tristesse (et qui ne parle jamais) qu'on ne devrait pas pouvoir s'empêcher de la rendre plus joyeuse, plus heureuse. ça m'a fait énormément de peine de la voir ainsi pendant tout le film, avec cet air renfrogné, alors qu'elle est de plus d'une grande gentillesse et très serviable.
Il y a une scène où Shirotsugh, la voyant qui le fixe sans bouger, dans une espèce de manteau, tire sur les cordons autour de son cou pour le resserrer et faire réagir la petite. Le tout dans une absence totale d'expression, de la part de Shirotsugh comme de Mannah. A mesure que le cordon se resserre autour du cou de Mannah, cette dernière devient plus rouge et transpire tout en continuant de fixer Shirotsugh. La scène peut sembler drôle au premier abord, mais il m'a semblé que le futur spationaute n'agissait simplement que par ennui, et peut-être un peu excédé par le comportement de la petite.
Je ne saurais pas dire ce qui me gêne plus précisément dans cette scène, mais je trouve que le manque d'humanité de Shirotsugh transparaît parfaitement ici. Comme lorsqu'il a essayé d'abuser de Riquinni, en fait.
Il garde toujours ce regard vide, dans ces moments-là, comme s'il agissait plus par ennui qu'autre chose.
Il me semble donc que l'un des thèmes du film, un thème plus sous-jacent que les autres, est la quête d'une âme pour Shirotsugh. Cette âme, ce qui va le motiver à dépasser ses limites, à se battre (parfois pour sa vie, lorsqu'il est la cible d'un assassin), à ressentir des choses (des émotions, pour être plus précis), semble être Riquinni et Mannah.
C'est aussi en ayant finalement acquis une âme qu'il peut enfin faire sourire Mannah, au bout du compte!
Donc, voilà! J'ai revu ce film avec un oeil nouveau, avec plus de maturité peut-être, et j'en tire encore plus de plaisir qu'avant! Ce qui fait de ce film, à mes yeux, un véritable chef-d'oeuvre, pas aussi connu qu'il le mériterait, malheureusement.
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead