J’ai fait une recherche et je ne crois pas que ce topic ait déjà une existence. Je vous propose ici d’étudier le contenu des génériques de DA ( plutôt la VF, mais il y aurait aussi des comparaisons intéressantes à faire, et rien n’est exclu ). Cela pourrait se mener avec sérieux… ou pas. D’ailleurs c’est peut-être quand on le mène avec le plus de sérieux que c’est le plus drôle, dans certains cas.
Ainsi je vais amorcer avec le générique français du DA de la Toei, “L’Ile au Trésor”, qui vient de repasser sur la 5. Il n’est pas mal du tout musicalement et j’adore l’accompagner à tue-tête avec le son à fond ( au désespoir de tout mon immeuble ).
“Ils pensent qu’il n’avait pas treize ans
— Non pas treize ans !
Quand il partit sur l’océan
— Sur l’océan !
Il était haut comme trois pommes mais plus valeureux que trois hoooommes…
Bon petit gars
Prend garde à toi
Sois courageux
Tu connaîtras
Mille tempêtes
Mille naufrages
Avant d’atteindre ton rivage
Il savait quà l’aut’ bout de la Terre
— L’aut’ bout de la Terre !
L’attendait le plus grand des mystères
— Grand des mystères !
Et il se croyait assez fort pour découvrir l’Ile au Trésoooor…
Bon petit gars
[…] ” (etc)
Bien, dès le premier vers, comme souvent, la question est de savoir qui est le locuteur et ce qu’il sait.
La voix qui chante “Ils pensent qu’il n’avait pas treize ans…” paraît celle d’un jeune garçon ( = une femme qui s’en donne le timbre en réalité ) lequel serait logiquement Jim Hawkins lui-même. Pourtant, génial dédoublement , cette voix se distingue aussitôt et mystérieusement du héros, appelé “il”, en ne sachant son âge approximatif que par ouï-dire.
Un choeur d’hommes expérimentés semble mieux renseigné:
“Non pas treize ans”, puis confirme que c’est bien sur l’océan qu’il est parti.
La voix jeune procède ensuite à une antithèse renforcée d’un parallélisme hugolien en diable : “haut comme trois pommes // plus valeureux que trois hommes”. Malgré l’hyperbole qui s’y ajoute, le locuteur affirme cette fois l’historicité de ses renseignements sur Jim.
Le choeur soudain passe au présent pour recommander prudence et courage à Jim, donc il n’habite pas le même temps que le locuteur ( comment alors peut-il lui répondre ? inadvertance du poète…). Plus étrange encore, ce choeur sait le futur de Jim : “Tu connaîtras…” et ce déterminisme prophétique frappe de nullité les recommandations.
Le 2ème couplet du locuteur nous ramène dans la légende passée de Jim, c’est à dire dans un point de vue futur, avec encore des hyperboles hugoliennes : “L’aut’ bout de la Terre” ( superposition d’une anacoluthe ) et “Le plus grand des mystères”.
Hélas ici le choeur ne fait que répéter ces termes en stupide psittacisme ( = clin d’oeil au perroquet de John Silver ? ).
“Assez fort pour…” est une impropriété car pour découvrir une île inconnue aucune “force” n’est nécessaire, plutôt un talent déductif. Mais force et foi, “il se croyait…”, s’associent en un romantique culte du héros.
Le choeur reprend le refrain, avec hyperboles de tempêtes et de naufrages par milliers (!!) évoquant l’Odyssée homérique.
Conclusion : allusions aux “Travailleurs de la Mer”, parallélismes antithétiques, hyperboles, héroïsation de l’enfance, long parcours plein de misères mais petit gars “bon” à la Gavroche, prophétisme :
C’est parfaitement évident, ce texte de chanson est signé, sous le pseudonyme harmonieux “Paul Persavon”, de VICTOR HUGO ! ( un jour où il était saoul quand même ).
:cow:
Edité par Lord Yupa le 25-06-2007 à 22:58