Yupa, je suis d’accord avec ta des-cription des Asiatiques, et avec la notion de visage “poupin”. Par contre, je ne pense pas que ce soit un fantasme homosexuel. Je pencherai plutôt pour un fantasme rattaché d’abord, au corps “adolescent”, et au visage paraissant jeune, aux traits lisses et purs. Pour un homme, “posséder” une femme jeune est valorisant, car cela témoigne de son sex appeal malgré son âge. Il y a aussi le fantasme de la vierge, et l’attrait pour les jeunes femmes à peine formées (lolitas) se retrouve dans pas mal de cultures (et notamment au Japon d’ailleurs, avec les lolicons).
En ce qui concerne les époques où la mode occidentale était du type “garçonne”, comme tu pourras le remarquer par toi même à travers les périodes que tu as cité, cela correspond à des temps de guerres ou d’après guerre. En vérité, la mode vestimentaire a beaucoup évolué pendant ces périodes, et ce, non du fait des hommes, mais d’abord des restrictions, et ensuite de la volonté des femmes. En 14 notamment, l’industrie textile a commencé à être délaissée au profit de l’industrie de guerre. Le tissu est devenu plus cher, et le prix des longues robes, comportant des mètres et des mètres de tissus pour fabriquer les jupons, a augmenté par la même occasion. D’un autre côté, les femmes ont été obligées à se mettre au travail, les hommes étant pour la plupart au front. Les anciens vêtements n’étaient donc plus fonctionnels pour les accompagner dans leurs nouvelle activités : elles s’entravaient dans les jupes, les corsets gênaient leurs mouvements en leur coupant la respiration. En travaillant, elles ont prouvé qu’elles pouvaient faire les même activités que les hommes, et saisi cette opportunité pour revendiquer leurs droits. La mode garçonne découle directement de cet état d’esprit : les femmes ont changé leur mode vestimentaire et tournée celui-ci vers un style androgyne, gommant ainsi leurs formes féminines pour se hisser à l’égal de l’homme. Dans les années 35-40, le phénomène est le même, et sera d’ailleurs davantage récompensé, par l’obtention du droit de vote. Je trouve l’histoire la mode très intéressante parce-que c’est à rattacher diectement dans le contexte historique ; c’est un très bon reflet des mentalités et de l’état d’esprit de la société.
En ce qui concerne les talons, je ne sais pas quand c’est apparu exactement par contre. Mais je suis d’avis que ce n’est pas pour avoir la même taille que les hommes qu’ils ont été conçus, mais plutôt pour donner une impression de petits pieds (toujours rattaché à l’idée de la poupée, du raffinement – on retrouve cette notion à l’extrême en Chine avec les Pieds-bandés, appréciées parce que bander les pieds était aussi synonyme de richesse, ces femmes ne pouvant s’adonner à des activités paysannes). On peut aussi voir dans les talons la notion d’allongement des jambes (mais en considérant les longues jambes sous leurs aspect fantasme masculin). Les talons permettent aussi de mettre en avant les formes féminines, et en accentuant la cambrure naturelle (et en relevant ainsi la poitrine) pour compenser le déplacement du centre de gravité et rétablir l’équilibre naturel. A mon avis, les talons ne sont donc pas synonyme d’androgynité, mais bien plutôt un accessoire ouvertement et directement lié aux fantasmes des hommes…
Edité par akiko_12 le 27-03-2008 à 16:35