Citation (Akiko_12)
C’est une question de niveau de vie. Au temps de Zola, ou même avant, on aimait les femmes bien en chair voire grosses, car c’était un signe extérieur de richesse. En effet, plus elle était ronde, plus la femme était bien nourrie, donc riche. Ce canon de beauté a, je pense, une origine “économique / financière”. Je suppose que par extension, plus une jeune fille non mariée était grosse, plus on pouvait supposer que sa dot serait conséquente. Pour une femme mariée, ça témoignait du confort de la vie qu’elle menait et de la richesse de son mari (faire-valoir). Les femmes grosses devaient aussi être considérées comme de bonnes “mères porteuses” : d’une part leurs formes étaient accentuées (hanches, poitrine), et d’autre part on devait sûrement penser que vu les “réserves” de la mère, l’enfant à naître ne manquerait de rien, serait lui même gros, bien portant, naturellement plus résistant.
Je suis d’accord avec l’aspect “femme large, femme fertile et en bonne santé”, mais peut-être un peu moins avec la partie “femme large, femme riche”.
Vous ne vous rappelez pas “Manon des sources” ? quand le Papet conseille à Ugolin de choisir sa future: “Ne te laisse pas escagasser par une jolie figure. Ce qu’il nous faut, c’est des hanches larges, des jambes longues, de beaux gros tétés. Choisis-la comme une jument poulinière.”
Il n’est pas question de chercher quelqu’un de riche (et pourtant, Marcel Pagnol sait qu’ils sont intéressés, les Soubeyran…), mais une bonne génitrice. Je pense que c’est surtout l’aspect “santé et reproduction” qui primait, parce que dans les milieux pauvres, on ne pouvait peut-être pas épouser quelqu’un de richissime, mais on cherchait plutôt quelqu’un de résistant.
Citation (Lord Yupa)
pourquoi n’aime t-on plus les grosses, les bien en chair du temps de Zola ?
En fait, je me demande si on trouve beau et préférable ce qui ne nous fait pas penser à la mort, tout simplement. Et les images qu’on associe à la mort changent avec les siècles. Au XIXème, période bénie en ce qui concerne l’esthétique, la maigreur est peut-être associée à la maladie, à la mort, à une absence de la vie ou à un certain mal-être (et d’ailleurs, tu le retrouves dans plusieurs romans de Zola… chez Maupassant aussi…)
Aujourd’hui, pour un bout de gras, on pense surpoids, obésité, maladies, crise cardiaque… et manque de maîtrise de soi, comme le dit Akiko: si tu manges trop gras, trop sucré, trop salé, tu vas mourir jeune dans d’atroces souffrances, et avant ça, tu vivras mal, et voilà, tu manges n’importe quoi alors que tu sais que c’est mauvais pour toi, c’est quand même grave, quoi.
Tiens, je vais prendre un exemple extrême, pour dire que la beauté varie selon l’idée qu’on se fait d’un corps.
Les malades que l’on dit “pro-anas”(ah, j’avais dit que c’était extrême), ces jeunes filles qui se trouvent moches tant qu’elles ne sont pas mortes (au sens littéral) de faim. Elles s’extasient sur la beauté des os saillants à tous les coins possibles sur leurs images truquées, quand quelqu’un qui n’est pas atteint de cette maladie ne verra que des vivants en très très bref sursis, et ne pourra pas trouver ces corps attirants le moins du monde. Celui qui est en bonne santé verra des malades. Pour une pro-ana, ce sont les filles un peu en chair qui sont malades et dégoûtantes. Question de point de vue…
Citation (Lord Yupa)
Pourquoi le canon de l’Egyptienne antique a t-il toujours été svelte, et dans toutes les classes ?
Je sais pas, mais ici, l’idéal n’a pas toujours été celui du XIXème siècle: au Moyen-Âge, les canons littéraires sont des femmes blondes et plutôt minces.
Citation (Lord Yupa)
sait-on encore ce qu’est un lit de Procuste?
Une bien belle invention: le premier meuble intelligent et adaptable à son usager, conçu par un bricoleur hospitalier qui migra en Suède pour fonder sa propre marque de mobilier montable.
Edité par Sharbet le 17-04-2008 à 12:43
Edité par Sharbet le 17-04-2008 à 12:44
Edité par Sharbet le 17-04-2008 à 12:52