Comme certaines personnes le savent déjà, je reviens tout juste d’un séjour d’un an au Japon dans le cadre de mes études (Moitié fac moitié labo, le plus valeureux des héros). Ce séjour n’a fait que confirmer ce que je pensais déjà : le Japon est un pays qui, comme tous les autres, a ses qualités et ses défauts. Et je me disais qu’on pouvait engager la discussion là-dessus…
Déjà, pour abattre un cliché, le monde du travail, réputé âpre et intraitable. Effectivement, je conçois que le Japon a le plus haut taux horaire de présence sur le lieu de travail. Mais question efficacité de travail, c’est carrément désastreux. J’en ai vu plein lire, voire dormir pendant les heures de labo ou les réunions. De notre point de vue occidental, on pourrait penser que c’est stupide, qu’ils feraient mieux de rentrer chez eux plus tôt, mais en fait, il faut se mettre dans la tête que leur point de repos n’est pas dans leur famille mais sur leur lieu de travail. Et après le boulot, quand ils sortent, c’est souvent entre collègues.
Ce n’est pas sans conséquences : j’ai constaté que le lien familial était plus distendu au Japon que par chez nous. Je soupçonne aussi –j’ai mes raisons- que de nombreux(ses) Japonais(es) entretiennent une relation adultère (très répandues aussi dans nos régions latines).
Et puisque on est dans les relations, les relations hommes-femmes me sont apparues très différentes de ce qu’elles sont dans nos contrées. Les deux sexes se mélangent moins : on voit plus souvent des groupes mono-sexuels, et j’ai remarqué aussi que les gens en couple ont plus tendance que par chez nous à garder leurs amis à part.
Coté plus, les Japonais sont souvent chaleureux avec les étrangers (Surtout quand ils ne sont pas Américains, il a quelquefois fallu que je mentionne ma nationalité pour les voir s’ouvrir), ne sont pas blasés comme par chez nous. Mais depuis quelque temps, j’entrevois un nationalisme rampant qui me fait craindre le pire, pour avoir dialogué avec pas mal de japonais ouvertement révisionnistes sur les massacres perpétrés en Chine, ou pour avoir vu des panneaux « Pas d’étrangers acceptés » sur des bars ou des annonces immobilières. De ce coté là, je ne suis pas rassuré (Surtout avec la réputation du nouveau premier ministre, mais sait-on jamais ?)
En fait, on peut très bien vivre dans la société japonaise sans trop réfléchir. Attention, ce que je vais dire là est peut-être plus subjectif encore que tout ce qui a précédé. Je trouve que la société Japonaise tourne quelque fois à vide. Pour illustrer cela, je vais vous conter une petite anecdote.
Or donc (comme dirait NdJ), je passais à la caisse d’un magasin après quelques menues emplettes, et j’en profitais pour demander au caissier où se trouvait la poste la plus proche. Il me répondit machinalement « Ca fait xxxx yens ». Croyant qu’il avait mal entendu, je répétais ma question…à laquelle il ne répondit pas, et ceci même après que j’eusse répété la question une 3eme fois.
Ca peut sembler anecdotique ; mais en réalité une histoire similaire m’est arrivée au moins 3 fois. Là, les Japonais délivrent tout ce que leur société peut avoir de commun avec une société de robots, incapable de faire face à une situation non prévue. Et je généralise ça à beaucoup d’autres cas. (Piste cyclable qui alterne gauche droite sans passage piétons pour traverser, poteaux au milieu du trottoir, bref, des fois ils feraient mieux de réfléchir avant d’agir !)
Cette situation est encore amplifiée par des médias qui n’ont d’autres buts que le divertissement. Je classe la télé Japonaise parmi les pires du monde, saturée de publicité et de sponsors, pour la moitié des émissions portant sur la bouffe et l’autre moitié des jeux débiles saturés de stéréotypes forgés par les comiques à la mode (Exemple, après une petite enquête personnelle une bonne moitié des Japonais ne connaisse de l’Italie que l’expression « Bono bono » en se vissant le doigt dans la joue). Sans mentionner non plus le phénomène des idoles, que je trouve d’autant plus à ch*** que leurs paroles sont le résultat d’un agencement aléatoire des paroles d’idoles à succès précédente (Je le sais, j’ai fais trop de karaokés en chantant leurs chansons débiles).
Et pour pas oublier mes arrières, j’ai beau apprécier le manga, il me faut avouer qu’on est bien lotis en France, tant la majorité des titres en prépublications ressemblent plus ou moins à de la daube (Combien, combien de titres ais-je vu commencer par la situation initiale du lycéen-possédant-des-pouvoirs-secrets-mais-qui-ne-le-sais-pas ???)
En revanche (Mais peut-être est-ce lié ?) pour passer à une qualité, moi qui suis un peu névrosé au niveau de la vie sociale, je dois dire que la vie en société au Japon est extrêmement agréable. Très peu de gêne du voisinage. Une sensation de sécurité incroyable, très peu de vols, une propreté méticuleuse, des trains/bus qui arrivent à l’heure, des employés très bons dans leurs tâches assignées, et polis de surcroit : une culture du service. Même ceux qu’on préjuge être des racailles, à cause de projections occidentales, sont en fait souvent charmants.
Mais là encore, ça se paie. Ca se paie au prix de l’exclusion. La porte de l’autobus qui se ferme à la gueule de celui qui arrive 2 secondes en retard au Japon, reste souvent ouverte en France, certes au prix de la ponctualité. Je ne parle même pas des ijimes à l’école. Faut choisir : le joyeux bordel latin a aussi ses charmes humanistes.
Si je voulais résumer mes pensées, je pense que la société Japonaise est très agréable pour y vivre en tant que touriste. Mais pas pour y naître ou pour y travailler (ou alors dans une entreprise étrangère)