Sur Arte, la diffusion de la saison 2 de Äkta Människor vient de se terminer.
Et c'est encore une excellente fournée ! La série parvient à se renouveler, à aborder une pelletée de thèmes à travers cette histoire de hubots libres, et à rendre attachants même les personnages les plus salauds (et y en a autant du côté humain que du côté hubot) !
Le dernier épisode se concentre sur un procès à l'encontre de Florentine, une hubot libre (c'est à dire ayant reçu un code lui laissant le libre arbitre) qui a perdu son mari humain il y a quelques temps, et qui se confronte à l'ex-femme qui a découvert qu'elle n'était pas humaine.
Il y a plusieurs paramètres à prendre en compte, et au lieu de vous raconter cette histoire passionnante (avec à la clé une scène très poignante avec Mimi lors du procès) je vous conseille ardemment de vous procurer les dvd des deux premières saisons si vous n'avez toujours pas vu cette série suédoise de grande facture ! En bref, ce procès devient vite un réquisitoire sur la distinction entre hubots libres et humains.
Je parlais des thèmes sous-jacents qui ressortaient, et dans le cas de ce dernier épisode, on pouvait y voir une métaphore assez évidente de l'homoparentalité et des droits accordés aux couples homosexuels. Par exemple, l'un des activistes anti-hubots s'est ainsi amusé à relever une étude qui prouverait qu'un enfant élevé par un hubot baby-sitter avait plus de chance de devenir un hubbie (c'est-à-dire une personne attirée sexuellement uniquement par les hubots) qu'un enfant élevé seulement par des humains.
Quoi qu'il en soit, la saison 2, tout comme la saison 1, a su jongler avec habileté, et sans aucun manichéisme, entre un panel assez large de différentes personnalités, toutes en rapport plus ou moins étroit avec les autres un moment ou l'autre. Et le tout est d'une fluidité qui n'a absolument pas à rougir d'un Game of Thrones, loin de là !
On ne se sent jamais à la ramasse, à se demander “c'est qui lui, déjà ?” ou encore “mais qu'est-ce qu'elle fiche ici, elle ?”, et chacun trouvera très vite ses petits chouchous ! 😂
De mon côté, c'est sans aucun doute Mimi, Roger et Florentine !
– Mimi, parce que c'est comme ça ! Depuis la première saison, elle est un personnage central, et même si le début de cette saison la montrait un peu toujours de la même manière (à écouter une conversation qu'elle n'aurait jamais dû entendre, et nous laissant souvent dans le doute quant à ce qu'elle éprouvait réellement), le fait qu'elle ait trouvé sa place dans la famille d'Inger, ainsi que les problèmes qu'elle a traversés, et qu'elle traversera encore dans la troisième saison, me l'ont rendue encore plus attachante qu'avant ! Et on remarquera aussi que bien que Béatrice lui ait fait activer le code “nous sommes les enfants de David”, cela n'a rien changé pour Mimi. Elle est restée la même parce qu'elle l'a choisi, ce qui prouve bien que ce qui distingue les hubots libres des hubots habituels, c'est la capacité à faire un choix. Le choix de se venger des humains, ou celui de vivre avec eux, soit le thème principal de cette deuxième saison.
De plus, je reviens sur cette histoire durant le procès du dernier épisode, parce que c'était limite la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de l'émotion ! La scène est tellement bien écrite, tellement bien jouée, que c'est impossible de ne pas être ému par ce qui lui arrive à cet instant (l'arrivée du frère, la réaction d'Inger qui se retient de pleurer, ça m'a suffit, tiens !). A n'en pas douter, c'est l'un des meilleurs moments de la série !
– Roger, parce que je l'adore, ce gros ours mal léché, qui commençait pourtant la saison 1 comme un gros macho toujours dépassé par les évènements, et dont on ne savait jamais vraiment s'il était conscient de la moitié des choses qu'il faisait. Finalement, sa haine des hubots en début de série a déteint sur son fils, Kevin, qui avait aussi de quoi avoir la haine, tandis que lui, même s'il continue à être dépassé par les évènements et être manipulé, devient tellement pathétique dans sa quête personnelle d'un amour passé qu'il en est d'autant plus attachant tout au long de cette saison ! Un gros pouce en l'air pour un personnage qu'on a peu l'habitude de trouver dans d'autres séries ! Roger, je t'adore !
– Et enfin, Florentine ! Alors que dans la saison 1 elle reste à l'écart derrière les autres hubots libres, elle trouve son indépendance dans la saison 2, à la recherche désespérée d'un endroit à elle, d'une famille et d'enfants dont elle pourrait et voudrait s'occuper. Alors qu'elle trouve finalement ce qu'elle désirait ardemment, voilà que son frère vient tout gâcher, et l'on pourrait alors penser que c'est le début de la fin pour la jeune femme ! Étonnamment, les choses ne se passent pas si mal que ça, mais c'est en obtenant ce qu'elle désirait tant (une reconnaissance, un statut d'être à part entière) que finalement elle perd ce qui lui était le plus précieux ! Et sa dernière phrase (“Alors, c'est ça, être humain ?“) est absolument édifiante !
Voilà donc une excellente deuxième saison, qui confirme qu'Äkta Människor est une série avec laquelle il faut compter !
Encore une fois, si vous ne connaissez pas, ou si l'origine vous effraie (quelle idée ?!), jetez vos préjugés et plongez-vous dans cette sublime série qui tient bien plus de la comédie humaine (avec des thèmes très actuels) que de la science-fiction ! Un régal !
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead