Cinema : critiques, coups de coeurs, coups de gueules

19 sujets de 1,921 à 1,939 (sur un total de 1,939)

Posté dans : Délire & Divers

  • Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #544871

    Aujourd’hui est décédé le célèbre David Lynch, à 78 ans, grand amateur de tabac, ce qu’il a payé d’un emphysème…

    Un cinéaste qui vous prend aux tripes ! Je n’ai pas vu sa version de Dune, qui fut un échec, mais tout le monde connaît The Elephant Man. Un peu par hasard (places gratuites), j’ai vu l’effroyable et génial Mulholland Drive, puis le non moins inquiétant Blue Velvet ; pour celui-ci personne ne voulait du rôle du méchant, très méchant, et Dennis Hopper a fini par accepter. Entendons-nous bien, c’est très éloigné des films d’horreur, qui font plutôt rigoler à côté, mais ces deux films-là ne vous laisseront pas dormir la nuit d’après. C’est la mise en scène, le climat, certaines scènes-choc, le glauque qui sue de partout. Quel cinéaste ! La TV va sûrement diffuser l’un des deux.

    Xanatos
    Participant
    • Offline
      • Grand maitre
      • ★★★★★
    Xanatos le #544872

    Tu as eu raison de rendre hommage à David Lynch mon cher Yupa, car, comme tu le soulignes avec justesse, c’était un immense cinéaste.

    Il était tellement talentueux que ses oeuvres avaient une patte qui leur sont propres : il est IMPOSSIBLE de confondre ses long métrages avec ceux d’un autre cinéaste.

    Je n’ai pas vu Mulholland Drive , j’ai en revanche vu Blue Velvet qui m’a marqué au fer rouge, tant ce thriller hors normes est aussi envoûtant que terrifiant à souhait, il m’a glacé le sang !

    Dans le registre de ses réussites, même si ce n’est pas un film, Twin <b>Peaks </b>est un chef d’oeuvre, une des plus grandes séries télévisées de tous les temps…

    En tout cas, mes condoléances les plus sincères à la famille de David Lynch, ses ami(e)s et ses proches…

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #544874

    Je n’ai pas vu Twin Peaks, mais c’est une série dont tout le monde a chanté la qualité, en effet. Et comme tu le dis Xanatos, un film de David Lynch, c’est d’une puissance inimitable, hein, ce Blue Velvet !!

    Demain 22 janvier, la chaîne Arte remplace le film du soir prévu par Mulholland Drive , en hommage à David Lynch. Celui-là aussi, il marque au fer rouge comme tu dis si bien. Le retournement de la fin, et l’image finale, glagla…

    Xanatos
    Participant
    • Offline
      • Grand maitre
      • ★★★★★
    Xanatos le #544876

    Oh Muhlolland Drive sera diffusé demain sur Arte demain ?

    Je n’ai jamais vu ce grand classique de David Lynch, merci de l’info ! 😀

    Je vais l’enregistrer et le regarder ce week end !

    J’ai hâte de le voir, et dès que cela sera fait, j’en ferai une critique détaillée sur ce topic et je serai ravi d’en parler avec toi !

    Depuis ma critique élogieuse du fantastique Sonic 3, le film de James Fowler qui m’a enthousiasmé au plus haut point, je m’interrogeais sur le prochain film dont je ferai une critique sur ce topic, et bien ce sera donc Mulholland Drive du grand David Lynch ! ^_^

    Xanatos
    Participant
    • Offline
      • Grand maitre
      • ★★★★★
    Xanatos le #544890

    Nouvelle chronique du Coroner qui analyse la mort de Logan dans Logan de James Mangold : le plus célèbre des X-Men a-t-il pu connaître la voie de la rédemption au cours de son ultime aventure ?

    Une analyse passionnante de ce super héros charismatique et tourmenté ! 🙂

    Veggie11
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Veggie11 le #544932

    Les Misérables (1998) SPOILERS
    https://ibb.co/nsKhQb80
    Après plusieurs mois d’absence et des chroniques qui se sont raréfiées depuis quelques années sur la Banquise, me voici temporairement de retour pour un retour film bien gratiné ! Depuis décembre 2023, mon objectif était de réunir toutes mes chroniques dans un seul et même emplacement, mon blog ‘’Petits billets culturels’’ que je mets à jour en fonction de mon temps libre et de mes inspirations. Lorsque j’ai créé ce blog, je me suis toutefois fixée pour principe de n’y traiter que des productions que j’ai réellement aimées et qui ont un intérêt suffisant pour être développées en profondeur. Autant dire que le film qui sera traité aujourd’hui n’entre pas vraiment dans ces deux catégories, même s’il y a également pas mal de points à discuter. Je cherchais plutôt un emplacement idéal pour parler de cette xième adaptation made in USA sans passer par mon blog tout en utilisant un format se rapprochant d’une chronique blog. Me voici donc de retour sur la Banquise, ravie qu’elle soit toujours bien présente 😉

    Ce n’est pas évident lorsque l’on se met à devoir rédiger une critique pour l’adaptation d’un roman qui compte énormément dans sa construction littéraire. Encore moins si le film en question divise le fandom depuis sa sortie, à la fois loué par les uns et honni par les autres. Une curiosité dont je me suis longtemps désintéressée, craignant le même résultat que bien d’autres adaptations US de romans européens. Lorsqu’on connaît presque par cœur le déroulement de l’histoire et ses personnages, on s’attend forcément à retrouver la même chose durant une adaptation, qu’elle soit en live ou en animation. Toutefois pour certains titres comme Les Misérables, je suis prête à faire certaines concessions, du moment que les grandes lignes et le caractère des personnages soit à peu près respecté. Il m’arrive même d’apprécier des changements drastiques pour le destin de certains personnages, en me disant qu’au moins, dans un univers alternatif, on leur aura laissé une seconde chance.

    J’avais donc oublié cette adaptation de 1998, il ne s’agissait au fond que d’une version plutôt moderne avec des acteurs que je connaissais mal, alors que je préférais l’ancienne de 1958, celle avec Jean Gabin, Bernard Blier et Bourvil. Puis sont arrivés les partages de contenu par Tumblr. Aussi étonnant que ça puisse paraître, ce réseau social est encore assez actif dans son coin et réunit surtout une importante communauté de fans des Misérables, amateurs du roman, des adaptations live ou même de la célèbre comédie musicale. C’est ainsi que l’algorithme de mon compte Tumblr m’a proposé des post parlant de l’adaptation de 1998 ou partageant des extraits visuels du film. Souvent, il était même comparé à une autre adaptation, celle d’un téléfilm diffusé en 1978 sur CBS avec Anthony Perkins dans le rôle de Javert et Richard Jordan dans celui de Valjean. Une sympathique adaptation que j’ai également découvert très récemment, de loin la moins mauvaise parmi les transpositions américaines du roman ; malgré un budget et une durée de téléfilm (et une mode capillaire très années 70), il bénéficiait notamment d’un casting essentiellement britannique et de superbes décors tournés en Angleterre et en France. Et Perkins y faisait un Javert à la fois intransigeant, tourmenté et touchant.
    10 Best 'Les Misérables' Movie Adaptations, Ranked According to IMDbRichard Jordan et Anthony Perkins dans le TV Special 1978. Il a un peu vieilli, mais reste franchement sympa.

     

    À l’inverse, le film de 1998, mis en scène par le réalisateur danois Billie August, se voulait une grosse production hollywoodienne (ça se voit) arrosée d’un budget solide (ça se voit aussi) et d’un tournage principalement en République tchèque, notamment à Prague (ça se voit toujours). Dans les rôles principaux, Liam Neeson (que j’avais découvert dans Nell puis plus récemment dans Silence de Scorsese) interprète Jean Valjean et Geoffrey Rush (que je ne connaissais pas) interprète Javert. Un nouveau duo amené donc à succéder à Richard Jordan et Anthony Perkins. Alors, que vaut pour finir cette adaptation nineties ?

    Premier constat que j’avais déjà eu en découvrant les extraits sur Tumblr : l’âge des deux acteurs. Non pas qu’ils soient trop jeunes pour interpréter les rôles concernés – Neeson avait alors 45 ans au moment du tournage et Rush juste un an de plus – mais leur apparence durant tout le film ne semble pas reproduire le temps qui passe. L’histoire du roman se déroule sur environ 20 ans, entre 1815 (sortie de Jean Valjean du bagne) et 1834 (année où il décède), sachant qu’il a déjà 46 ans en 1815, il en a pratiquement 65 vers la fin de l’histoire. Mais Neeson ne donne pas du tout cette impression ! Il paraît au mieux avoir vieilli de dix ans tout au plus, et encore c’est surtout visible dans la seconde partie du film, qui se passe essentiellement en 1832. Lorsqu’il se trouve à Montreuil (renommé Vigo en VO… oui les équivalents de Michel Producteur ont estimé nécessaire de modifier tous les noms français qui sonneraient ”compliqués” pour des Anglophones), il fait encore si juvénile qu’on a beaucoup de mal à croire que ce fringant jeune maire est censé avoir la cinquantaine ! C’est d’autant plus voyant que Rush, de son côté, est bien plus crédible en Javert quadra et paraît donc plus âgé que Valjean (alors que c’est l’inverse dans le roman, les deux ayant même une dizaine d’années de différence). A contrario (je ferai pas mal de liens avec le téléfilm de 1978, ce dernier ayant visiblement influencé le film d’August), Jordan et Perkins étaient constamment vieillis au fil des scènes par les maquilleurs, de façon à garder cette cohérence chronologique des 20 ans. On ne va pas me raconter qu’il n’était pas possible de faire de même avec Neeson et Rush !

    À la limite, Rush a les cheveux légèrement grisonnants dans la seconde partie. C’est déjà pas mal.

    Peut-être était-ce une volonté de garder flou leur âge réel… même si les indications chronologiques qui apparaissent à l’écran ne valident pas cette hypothèse. Ou alors le réalisateur tenait absolument à attirer les adolescents – filles et garçons – dans les salles et a largement amélioré l’apparence physique des protagonistes. Pour rappel, selon Hugo, Javert est un homme de taille impressionnante, mais très laid, avec un nez camard et de profondes narines, d’énormes favoris, des lèvres minces, « peu de crâne, beaucoup de mâchoire », et des cheveux lui tombant jusqu’aux sourcils. Une description qui forcément ne correspond pas du tout à celle de Rush, plus petit en taille que Neeson et bien loin d’avoir été enlaidi pour les besoins du film.

    C’est encore dans ce film français (et muet) de 1925 qu’on trouve le Javert le plus proche physiquement du roman.

    Dans un objectif sans doute similaire, Uma Thurman, l’interprète de Fantine, ne subit tout au plus qu’une coupe de cheveux, bien loin de sa dégradation physique qui a tant marqué les lecteurs du roman. On la rencontre directement à Montreuil, en simple ouvrière occupée à trimer pour le bien de sa fille unique, puis très vite son renvoi survient et enfin sa déchéance sociale qui l’oblige à la prostitution. Le réalisateur ne prend pas de gants avec cet épisode de la prostitution ni avec l’arrestation de Fantine, qui sont traités avec un certain réalisme. Mais il s’amuse aussi à imaginer une espèce de mini-romance bien larmoyante entre Fantine et Valjean, le maire prenant personnellement soin d’elle et allant jusqu’à la porter dans ses bras pour qu’elle puisse manger à sa table à l’extérieur (en plein hiver alors qu’elle souffre des poumons, quelle bonne idée). Ce rajout n’amène malheureusement aucun développement des personnages, c’est longuet et cul-cul au possible. Les mouchoirs Tempo étaient peut-être sponsors du film ?

    Cette amourette sera toutefois la seule preuve de douceur dont fera acte Valjean-Neeson. Car si Neeson tient le rôle de Valjean, il ne l’incarne pas. Il le dénature. Jean Valjean était un homme en recherche de repentir, pieux, généreux et bienveillant ? La douceur personnalisée ? Valjean-Neeson sera brutal, agressif et autoritaire. La religion a disparu de son existence (sans doute parce qu’il fallait  « moderniser » le personnage ?). Il continue à pratiquer une certaine forme de charité et de générosité – on le verra ainsi organiser une soupe populaire – et son existence sobre à Montreuil est plutôt bien respectée, mais c’est à peu près tout. Valjean-Neeson ressemble à un Valjean sorti du bagne qui n’aurait jamais croisé l’évêque Myriel et n’aurait que peu évolué. Son langage est inutilement vulgaire – le mot « put*in » est plusieurs fois employé indifféremment par Valjean ou Javert pour qualifier Fantine – et le scénario lui invente un illettrisme qu’il est pourtant censé avoir comblé durant ses années au bagne si l’on suit le roman. Ce manque d’instruction l’oblige à faire constamment appel à son secrétaire pour lire son courrier, écrire sa correspondance et même corriger ses fautes de syntaxe ou améliorer son vocabulaire lorsqu’il dicte une lettre. Autant dire qu’on croit moyennement qu’un homme comme Valjean-Neeson ait pu attirer autant les regards des notables de Montreuil pour être choisi comme leur nouveau maire.


    Je rajoute que son Valjean, malgré son statut de grosse légume de Montreuil, a tout au plus le charisme d’une endive.

    Mais surtout, Valjean-Neeson frappe. Beaucoup. Trop souvent. Vous vous souvenez du Valjean à la sauce Schwarzenegger qui distribuait des claques à tour de mains dans la parodie des Inconnus ? Hé bien avec Valjean-Neeson, on n’en est pas loin ! À la rigueur, que l’ex-bagnard donne un coup de poing à l’évêque en tentant de s’enfuir avec l’argenterie, soit. On peut argumenter qu’étant encore le Valjean désabusé et rempli de haine sortant du bagne, il aurait pu avoir ce geste durant sa fuite. Dans le téléfilm de 1978, Valjean-Jordan était également assez agité au sortir du bagne et du genre à donner des coups aux témoins gênants ; ça se justifiait même davantage dans ce cas, car le téléfilm le faisait s’évader du bagne et non remettre officiellement en liberté. Mais passé sa rencontre avec l’évêque, il s’amendait et ne se comportait plus ainsi par la suite. Voir Valjean-Neeson persister dans la brutalité bien après sa rencontre avec Myriel tient complètement du Out-of-Character. Même face à Javert, qui vient de provoquer par ses accusations le décès de Fantine, Valjean n’allait pas jusqu’à lui fracasser le crâne contre un mur et se contentait de lui faire peur. J’ai beaucoup de respect pour le travail de Neeson dans Nell et Silence, mais ici, l’écriture de son personnage ne favorise ni la sympathie qu’on devrait avoir pour Valjean, ni d’ailleurs le jeu de Neeson. En dehors de quelques rares scènes, sa prestation est assez moyenne voire médiocre, au point de se voir éclipsée par ses partenaires Uma Thurman et Geoffrey Rush.
    « Vous comprenez, le bagne c’était la jungle, j’ai appris à collectionner les marrons pour rendre les châtaignes »

    Uma Thurman fait une Fantine assez juste malgré son peu de temps d’apparition à l’écran, on en vient même à regretter qu’elle n’ait pas eu davantage de scènes pour incarner son personnage. Fantine reste ainsi fidèle à elle-même, mère dévouée jetée à la rue par la misère et dont le destin tragique est au moins respecté à la lettre dans le film. Si l’on excepte l’amourette sans grand intérêt avec Valjean et sa déchéance très censurée pour garder le glamour de l’actrice, ses apparitions sont dans l’ensemble assez réussies.

    L’autre acteur qui tire son épingle du jeu, c’est donc Geoffrey Rush. Je ne le connaissais pas avant de le découvrir dans ce film et avec le recul, c’est regrettable que cette découverte passe par celui-ci (heureusement, ça peut se rattraper !). Sa prestation est d’autant plus à son honneur que son personnage souffre également de problèmes d’écriture. Moindres que pour Valjean, certes, mais bien présents. Je me suis pas mal interrogée durant le film comment des scénaristes pouvaient avoir autant de difficultés à introduire dans leur script un personnage aussi bien écrit que Javert ? Toute sa personnalité et son background sont décrits dès sa première apparition pour amener le lecteur à comprendre son respect de la loi et son comportement vis-à-vis des criminels (pour Valjean certains doutes subsistent tout de même ^^), il n’est donc pas nécessaire de devoir en modifier certains éléments pour le rendre plus abordable. C’est même parfois risqué et les adaptations antérieures l’ont d’ailleurs bien montré, comme celle de Le Chanois en 1958 où Javert âgé d’à peine 8 ou 10 ans apparaît devant un Jean Valjean déjà largement quinquagénaire avant de revenir une dizaine d’années plus tard sous les traits de Bernard Blier. Je passerai aussi sur les remaniements de son passé, comme si révéler que Javert est le fils né en prison d’une tireuse de cartes et d’un galérien avait quelque chose de tabou.

    Ici en revanche, comme dans la plupart des adaptations américaines, son background est assez bien respecté. Exit le fils du responsable de bagne (Le Chanois) ou l’héritier d’une famille bourgeoise ruinée (Dayan), Javert se présente directement comme le fils d’un voleur et d’une prostituée ; même si l’on ne retrouve pas le galérien (Hugo n’a jamais précisé les raisons derrière cette condamnation aux galères) et la tireuse de cartes (rom ? La question fait pas mal débat au sein du fandom), l’on reste dans un milieu familial et social extrêmement défavorisé. Rush interprète son personnage avec justesse, tout du moins tel qu’il est décrit dans le scénario. Car s’il joue bien son rôle, il est par moments limité par les décisions du script qui font de Javert le seul antagoniste du récit. Les adaptations américaines – tout du moins depuis celle de Richard Boleslawski en 1935 – ont l’habitude d’écarter bien vite les Thénardier après le passage de Valjean dans leur auberge. Ainsi, le père Thénardier n’intervient plus dans l’histoire en tant que chef d’une bande de criminels et seul Javert reste finalement le seul à pourchasser encore Jean Valjean.

    Après, cela n’a jamais empêché pas les scénaristes de le nuancer : le téléfilm de 1978 proposait ainsi un Javert ni vraiment tout blanc, ni vraiment tout noir, assez proche en cela du roman. Hélas, les scénaristes du film de 1998 n’ont pas la même subtilité manuscrite que leurs prédécesseurs. Ainsi, comme tout film hollywoodien nécessite forcément un méchant ou tout du moins un ennemi suffisamment féroce pour mettre des bâtons dans les roues du héros, la personnalité de Javert a été beaucoup noircie dans le film. Il avait aussi ses moments noirs dans le roman – souvenons-nous de son comportement brutal et cruel qui provoqua le décès de Fantine – mais ici, il passe du début à la fin pour une véritable pourriture. Cosette elle-même conclura de la sorte : « Quel homme horrible ! ». Rush doit donc composer avec cette écriture et si dans l’ensemble, il retranscrit bien le côté intransigeant, froid, insensible et fouineur du personnage, il lui arrive parfois de verser dans la caricature, à l’exemple de cette scène où Javert perd son sang-froid en apprenant qu’il avait vu juste pour Valjean.

    Rush, reste s’il-te-plaît dans ton rôle d’inspecteur impassible et intransigeant, c’est beaucoup mieux.

    Et pour accentuer le trait, on met en scène son seul vice du roman : le tabac à priser. Qu’il sniffe d’ailleurs comme s’il s’agissait de cocaïne…

    Il prend aussi par moments des mimiques étranges, en particulier durant les scènes où il interagit avec Neeson-Valjean. Je ne sais pas exactement si c’est volontaire de la part des scénaristes ou une initiative de Rush, mais leurs interactions peuvent prendre un tournant des plus insolites. Rush-Javert semble ainsi complètement se soumettre à Neeson-Valjean, le fixant intensivement avec des yeux de biche comme s’il voulait lui faire comprendre quelque chose qu’il ne peut mentionner directement.

    « Punissez-moi… Monsieur le Maire. »

    J’avais dit plus haut que le téléfilm de 1978 semble avoir pas mal inspiré Billie August pour son propre film et ce n’est pas pour rien : le téléfilm a une réputation assez particulière auprès des fans, au point d’être surnommé ‘’The Gay Version’’. Rien que ça. La présence au casting d’Anthony Perkins y est peut-être pour quelque chose dans cette réputation, mais pas seulement : plusieurs scènes peuvent s’interpréter de différentes manières et comme Jordan et Perkins jouent beaucoup sur le regard durant leurs scènes communes, ces interactions ont pas mal titillé l’imagination des fans. Le film d’August est bien moins amateur de ces interactions suspicieuses – et comme Javert est ici un personnage beaucoup plus antipathique que tourmenté, il donne plutôt l’impression de vouloir manipuler Valjean. Ce qui n’empêche pas certains fans du Valvert (le nom donné au ship Valjean-Javert) d’y trouver tout de même leur compte. Chacun est libre ! Cela dit, en incorrigible amatrice du Valvert, je préfère largement ce qui est implicitement proposé dans le téléfilm de 1978 que dans le film d’August : déjà parce que Perkins-Javert a un fond plus sympathique et attachant, mais aussi August a une manière très bizarre de filmer ses acteurs, au point de transformer une confrontation ou un tabassage contre le mur en séquence de bondage SM des plus malaisés… !


    Je crois que le plus sournois dans cette scène, c’est de pouvoir facilement imaginer, en se basant sur quelques images fixes, une variante où Valjean pratiquerait une xxxxxxxxxx sur Javert !

    À côté de ce trio, les autres acteurs apparaissent un peu transparents. Claire Danes est une Cosette juvénile qui fait gentiment ce qu’on lui demande de jouer (pas toujours très bien) et Hans Matheson interprète correctement à la fois un Marius en leader du mouvement révolutionnaire – rôle habituellement tenu par Enjolras – et un romantique en mal d’amour pour Cosette. Les rôles secondaires sont assez bien tenus aussi. Le garçonnet qui joue Gavroche a une bonne bouille et une humeur positive contagieuse, malheureusement il apparaît assez peu dans le film.

     

    Le tournage du film a eu lieu principalement dans des studios praguois et sans doute en pleine campagne tchèque. Certaines scènes auraient été tournées à Paris – la mairie est remerciée dans les crédits – même s’il n’est pas évident de repérer toutes les scènes concernées. Qu’importe au final, s’il y a une qualité qu’on ne peut pas nier au film, ce sont clairement les décors. Paysages, scènes de rues ou intérieurs des bâtiments sont dans l’ensemble très réussis. L’auberge des Thénardier par exemple est criante de réalisme, de quoi regretter de ne l’apercevoir que durant quelques minutes. Le choix de tourner à Prague n’est cependant pas toujours emprunt de pertinence. Déjà parce que les bâtiments ne sont pas toujours conformes à ceux présents en 1830 et les anachronismes sont d’ailleurs légion dans ce film. Mais surtout, si pour un Américain n’ayant jamais mis les pieds en Europe, cela peut faire illusion, pour quelqu’un qui a déjà voyagé plusieurs fois à Paris et à Prague, les lieux sont facilement reconnaissables. Ainsi, le soi-disant Paris traversé par nos personnages est davantage le Prague du centre historique avec ses fameuses rues, ses places… et ses ponts. Si les ruelles des quartiers pauvres s’en sortent encore très bien, il est plus difficile de se croire à Paris dès que l’on aperçoit des monuments tels que des palais ou des cathédrales typiquement praguois.

    Par contre, les figurants sont nombreux et ces rues grouillent ainsi de vie.

    Il faut reconnaître une chose à  la réalisation d’August : il est plutôt bon pour filmer des paysages.

    Oui c’est censé être la porte d’entrée principale de Paris

    L’auberge des Thénardier qu’on ne reverra plus

     

    Je ne vais pas m’attarder davantage sur toutes les modifications ou coupes effectuées dans le roman par les scénaristes, l’essentiel ayant déjà été dit. Je terminerai juste sur un changement qui a beaucoup fait jaser les fans et qui continue d’être controversé à l’heure actuelle : la fin du film. August choisit de terminer son long-métrage sur le suicide de Javert, mais pas de n’importe quelle manière. Dans le roman, l’inspecteur, bouleversé d’avoir eu la vie sauve grâce à un ex-forçat et remettant désormais en question sa vision de la justice, laisse finalement Valjean libre chez lui et part se jeter dans la Seine depuis le Pont au Change. Dans le film, l’emplacement et le déroulement changent. Javert se jette ainsi directement dans la Seine depuis le quai (et non depuis un pont), sous les yeux de Valjean, qui n’intervient pas !

    Vous avez bien lu : Valjean, qui venait pourtant d’épargner la vie de Javert durant les barricades (comme dans le livre), le laisse ainsi se jeter à l’eau et se noyer, alors qu’il pourrait le secourir. Le réalisateur a possiblement voulu rester cohérent avec leurs personnalités du film : Valjean étant bien moins bienveillant et versé dans la foi que celui du roman serait-il moins enclin à secourir la vie d’un Javert beaucoup plus sournois et véreux ? Possible, mais ça ne tient pas avec des propos qu’il tient quelques scènes plus tôt et dans lesquels il insiste ne pas détester Javert et ne rien ressentir de particulier à son égard. Ou alors August a interprété à sa manière le chapitre 5 du livre V, dans lequel il est révélé que Valjean a appris le suicide de Javert par les journaux et en a conclu qu’il doit sa liberté parce que son rival avait sombré dans la folie. Qu’il s’agisse de l’une ou l’autre raison, cette impression d’une fin discutable reste bien présente : Jean Valjean a laissé mourir un homme sous ses yeux.


    Je n’arrive pas à le croire : plutôt que de m’arrêter, Javert a préféré se suicider…

    Le pauvre… Il s’est noyé sous mes yeux et je n’ai rien fait !


    « Oui enfin, comme tu annonces ça avec un grand sourire, ç’a pas l’air de vraiment te faire chier hein ! »

    Pour l’anecdote, dans le film de Richard Boleslawski sorti en 1935, Valjean était également témoin du suicide de Javert, à la différence qu’il n’était pas présent au moment où il se jetait à l’eau et n’avait donc pas la possibilité d’empêcher son geste. Étrangement, cette fin (celle de 1998) aura également inspiré l’un des one-shot édités par Soleil Manga en 2011 dans sa collection des classiques littéraires, puisque dans celui consacré aux Misérables, la même scène s’y produit, mais avec une conclusion différente. Cette fois, Valjean est véritablement affligé par la mort de Javert, rendant son absence d’intervention encore plus incompréhensible.

    En plus, même dans cette version, Javert commençait à se remettre en question.

    Controversée ou détestée, cette fin n’a clairement pas laissé les spectateurs indifférents. Elle aura peut-être même donné naissance à l’une des thématiques les plus populaires de la fanfiction autour des Misérables : le Post-Seine*.

    *Résumé grossièrement, le principe du Post-Seine consiste à imaginer comment l’histoire aurait évolué si Javert avait renoncé à son suicide ou avait été sauvé au dernier moment par Valjean. Généralement, leur relation prend assez vite un tournant plutôt épicé.

    Production hollywoodienne XXL, cette production ambitieuse souffre essentiellement d’une réalisation sans grande personnalité et surtout d’un scénario manquant de subtilité qui simplifie au maximum les thèmes abordés et le message du roman. Sans être la catastrophe que j’attendais, le film reste davantage une curiosité si vous n’avez vraiment aucune autre adaptation sous la main et si vous appréciez certains des acteurs présents dans le film (enfin si c’est Liam Neeson, je vous le déconseille).

    Pour les amateurs de bon doublage français, la VF du film est d’une qualité remarquable, même trop remarquable pour ce film qui ne la méritait clairement pas. Elle a un avantage toutefois non négligeable : tous les noms des villes ou des personnages modifiés par Michael Prod. sont revenus à la normale, vous pourrez donc entendre Valjean se présenter comme maire de Montreuil et non pas Vigo. Ouf !

    Au final, sa principale contribution aura surtout été de construire tout un fandom autour du Valvert, même si bien souvent les personnages de Javert et Valjean sont rarement dépeints comme ceux qu’interprétaient Geoffrey Rush et Liam Neeson. J’en viens à espérer qu’à ce stade, les studios américains vont laisser le roman désormais tranquille et en rester à la comédie musicale. En attendant de voir ce que les Français nous réservent doublement pour 2026 ?

    Quelques bonus :

    Valjean sorti du bagne avec son capuchon en mode Assassin’s Creed


    Javert en simple garde-chiourme à Toulon. C’est si rare !

     


    Apparemment, depuis que M. Madeleine est maire, c’est la fête du slip chez la police de Montreuil

    À bientôt pour de nouvelles chroniques !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 7 mois et 2 semaines par Veggie11 Veggie11.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 7 mois et 2 semaines par Veggie11 Veggie11.
    Xanatos
    Participant
    • Offline
      • Grand maitre
      • ★★★★★
    Xanatos le #544935

    Waouh, félicitations pour cette chronique ô combien passionnante de cette adaptation cinématographique Américaine de 1998 des Misérables , chapeau bas Veggie ! 😀

    Elle est passionnante de A à Z !

    En dépit du fait que tu tires à boulets rouges (à juste titre) sur les défauts édifiants du film (la dénaturation du caractère de Jean Valjean et l’interprétation de piètre qualité de Liam Neeson, le ton caricatural de plusieurs moments clés du récit) tu as su aussi mettre en lumière ses qualités (les décors somptueux, la très bonne interprétation de Geoffrey Rush dans le rôle de Javert).

    Il n’empêche, qu’ils aient fait une version “serious business” de l’hilarante parodie des Inconnus Les Miséroïdes , fallait le faire, MDR ! 😆

    En tout cas, malgré son budget limité, le téléfilm de 1978 avec Anthony Perkins dans le rôle de Javert a l’air autrement plus intéressant et subtil que le gros blockbuster de 1998 qui a l’air d’avoir la finesse d’un pachyderme !

    En tout cas bravo à toi pour cette belle chronique très exhaustive que j’ai éprouvé un grand plaisir à lire !

    En tout cas, je constate que le topic cinéma reprend du poil de la bête depuis quelques mois : Yupa qui rend un bel hommage à la mémoire de David Lynch, ta chronique des Misérables de 1998, ma chronique sur Sonic 3, le film

    Et le week end prochain, je regarderai dimanche Mulholland Drive dont l’ami Yupa a dit le plus grand bien et que j’ai enregistré sur Molotov.

    Il me tarde de voir ce grand classique de David Lynch ! 😀

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #544944

    Ah, passionnante analyse de ce Misérables de 1998, Veggie !! Je l’ai lue avec le plus vif intérêt ! Certes cela ne donne pas très envie de s’y frotter. Entre autres, en France, le personnage de Gavroche est devenu emblématique de l’oeuvre, malheureusement surtout dans le but de faire avaler tout le roman par les scolaires, mais il faut rattacher son personnage à une large et toute nouvelle “découverte” de l’enfance dans la littérature occidentale du 19ème siècle. Sa mort écrite par Hugo fait partie des grandes pages de roman !

    Wah, Mulholland Drive ! Formidable film, une sorte de thriller aux plans qui coupent le souffle jusqu’à la fin ! J’attends impatiemment ton impression, Xanatos !

    Veggie11
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Veggie11 le #544946

    Merci pour vos excellents retours 😉

    Ah, passionnante analyse de ce Misérables de 1998, Veggie !! Je l’ai lue avec le plus vif intérêt ! Certes cela ne donne pas très envie de s’y frotter.

    Non, je ne le recommanderai pas non plus. Quitte à voir une adaptation américaine qui respecte mieux le roman, autant se tourner vers le téléfilm de 1978. Lui ne prend pas ses spectateurs pour des idiots. Mais dans l’ensemble, les meilleures adaptations de ce classique (du moins en live) resteront celles réalisées en France.

    Veggie11
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Veggie11 le #545295

    Grâce à la médiathèque cantonale et aux magasins d’occasion, j’ai accéléré mes découvertes cinéma ces dernières semaines. Et comme je suis dans une période plutôt axée vieux cinéma français, j’ai vu quatre films de cette catégorie :

     

    La Cage aux Rossignols (1945)

    Certains en ont peut-être entendu parler, puisque Christophe Barratier s’en est largement inspiré pour son ”Les Choristes” sorti en 2004. Plus qu’une inspiration, je dirais même un remake, tant les personnages et évènements principaux sont assez similaires dans les grandes lignes. Chacun des deux réalisateurs, qu’il s’agisse de Jean Dréville ou de Christophe Barratier, livre une version personnelle et différente, avec une fin plus positive pour le premier et plus engagée aussi. Ainsi, le témoignage de Clément Mathieu dans la version Dréville apporte quelques changements dans le quotidien de ses anciens élèves après son départ. Le début du film est peut-être un peu longuet, même si cette introduction prolongée peut s’expliquer pour mettre les évènements futurs en place. Le film reste très touchant et joliment interprété, à ma connaissance c’est même la première fois que je vois un film avec l’acteur Lucien Edouard Noël (alias Noël-Noël). À noter l’apparition du comédien Georges Aminel, alors tout jeune homme, dans un rôle de figurant.

     

    Le sang à la tête (1956)

    Adaptation du roman de Georges Simenon, ‘’Le Fils Cardinaud’’, il a tout ce que j’apprécie dans les polars à la française de cette période : une histoire d’après un roman de Simenon (Maigret étant mon détective préféré), Jean Gabin dans le rôle principal et des dialogues signés Michel Audiard. Originalité ici, il ne s’agit pas d’un crime mais plutôt d’une disparition volontaire sur fond d’adultère et problèmes conjugaux. Sympathique. Gabin en notable et père de famille change un peu de ses rôles habituels, même s’il garde son côté rentre-dedans et bourru.

     

    Garou-Garou, le passe-muraille (1951)

    D’après le roman de Marcel Aymé, un film qui m’intriguait quand j’étais enfant ne serait-ce que par mon titre. Pour une raison obscure, je ne l’ai jamais regardé auparavant alors que mes parents l’avaient en cassette (un film enregistré à la télé, comme la majorité de leur vidéothèque). Marcel Aymé, je l’ai connu avant tout avec ces Contes du chat perché qui ont bercé ma jeunesse et que j’ai pris plaisir à relire il y a une dizaine d’années. Cette adaptation, dont les dialogues sont également signés Michel Audiard, est la toute première du roman et l’un des premiers rôles importants de Bourvil, encore peu connu. Dans ce rôle de jeune employé discret et malmené, il s’amuse comme un fou dès que ce mystérieux pouvoir venu d’on ne sait où (ce n’est pas l’intérêt principal du scénario de toute manière) lui permet de traverser les murs et de tourner en bourrique ses anciens harceleurs. Les effets spéciaux sont toujours de bonne facture malgré l’époque et Bourvil excelle dans son rôle. On ressort du film avec le sourire.

     

    4) Jenny (1936)

    Premier film de Marcel Carné (Quai des Brumes, Hôtel du Nord, Les Visiteurs du soir, Les Enfants du paradis tout de même), Jenny est une sympathique comédie sur les interactions entre une jeune femme (la fameuse Jenny), gérante d’une fausse boîte de nuit de luxe qui sert davantage d’hôtel de passe et de casino, et différents clients ou habitués de ces lieux. Le film tient surtout son intérêt dans cette galerie de portraits assez pittoresques et l’incompréhension entre Jenny et sa mère, revenue s’installer chez sa fille sans savoir quelle est la véritable nature de sa boîte de nuit. J’ai été intriguée par ce film, car Charles Vanel, dont je découvre actuellement la filmographie (je ne l’avais qu’entre-aperçu dans quelques films il y a bien longtemps), y tient l’un des rôles récurrents. Finalement, c’est une première réalisation drôle et honnête (qui aurait mérité une restauration), même si tous les intervenants ne sont pas du même niveau que Vanel (notamment Jean-Louis Barrault que je trouve absolument insupportable, heureusement son rôle est court).

    Dans mon prochain post, je développerai autour de trois films indiens également vus tout récemment, car ils adaptent tous le même roman.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 mois par Veggie11 Veggie11.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 mois par Veggie11 Veggie11.
    Veggie11
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Veggie11 le #545298

    La suite !

    Je sais que j’ai déjà parlé sur ce topic d’une adaptation en prises de vue de réelles autour des ”Misérables” et traité d’autres versions en BD ainsi qu’en animation, mais j’avais envie de revenir sur un sujet bien moins évoqué par les spécialistes de Victor Hugo et de ses adaptations au cinéma : celles réalisées dans des pays extra-européens (en omettant les américaines) voire orientaux.

    Fin mars, sur mon mur Facebook, j’évoquais ma découverte d’une adaptation en langue hindi des ”Misérables” remontant à 1955 : ”Kundan”. Cette expérience devint une porte d’entrée dans l’univers des adaptations ”exotiques” de ce roman.

    Dans les pays européens francophones, on connaît bien sûr les versions françaises, les navrantes adaptations américaines (même si le téléfilm de 1978 sort un peu du lot), la récente adaptation controversée de la BBC  et parfois aussi les sympathiques tentatives italiennes. Sans doute car elles ne sont jamais sorties de leur pays d’origine, rares sont les ouvrages ou les articles qui citent les adaptations issues de pays bien plus éloignés. En se baladant sur des pages type Wikipédia, le curieux ne manquera pourtant pas de remarquer dans la liste des différentes adaptations filmées du roman des versions provenant d’Égypte, du Vietnam, du Japon, d’Amérique latine… Dans la majorité des cas, l’histoire est transposée dans le pays en question, souvent à une époque différente correspondant soit à celle du tournage, soit à une époque stratégique permettant de conserver certains éléments de l’intrigue (en particulier la lutte de Marius et les Amis de l’ABC).

    Parmi ces adaptations, on trouve donc le cas de Kundan et ses équivalents Ezhai Padum Padu (en tamoul) et Beedala Patlu (en telugu). Parce que vous ne croyiez tout de même pas qu’ils s’étaient contentés d’une seule version, si ? ^^ L’Inde étant un pays polyglotte, où chaque région peut avoir sa propre langue (je ne parle même pas des dialectes), ils ont l’habitude depuis les débuts du cinéma parlant de tourner différentes versions. Pour les distinguer, on ne parle d’ailleurs pas de ”cinéma indien”, mais plutôt on les catégorise en fonction de la langue parlée dans les films (soit cinéma tamoul, cinéma hindi, etc.). Outre les trois exemples que je mentionne plus haut, il existe aussi des versions sri-lankais et en malayalam, malheureusement introuvables en version intégrale à l’heure où j’écris ce post. Je me suis donc basée sur les versions les plus accessibles, et plus particulièrement celle de ”Kundan” (1952), ”Ezhai Padum Padu” (version 1950, la plus ancienne tournée selon mes sources) et ”Beedala Patlu” (version 1972, celle de 1950 est introuvable).

    Alors bien sûr, certains diront : ”Hein ? Les Misérables en Inde ? Mais ça ne doit plus rien à voir avec le roman ! Après tout, l’écrivain critiquait la France du début du XIXe siècle, on ne peut pas comparer avec l’Inde !”. Et pourtant… ce roman est bien plus universel que certains critiques veulent le faire croire. D’ailleurs, ces trois adaptations sont dans l’ensemble plutôt fidèle au récit de Victor Hugo. Une fois que l’on s’est accoutumé de voir des Jean Valjean, Javert, Fantine, Cosette, Marius interprétés par des acteurs indiens et une histoire replacée dans un contexte culturel situé beaucoup plus au Sud (avec forcément des costumes, une alimentation et des paysages bien différents), on retrouve les mêmes personnages et des évènements équivalents. Bien entendu, les noms sont également modifiés, à l’exception de Javert dans les versions tamoul et telugu qui se fait appeler… Javert (mais prononcé trèèèèès différemment !). Dans la version hindi par contre, il a été renommé Sher Singh. Certes, les personnages ont une apparence physique un peu différente des originaux, mais une fois les nouveaux noms acceptés, on retrouve nos Misérables tels qu’ils ont toujours été. Jean Valjean continue de voler du pain, peu importe la forme qu’il a, et peu importe si on lui sert du riz chez l’évêque plutôt que la soupe.


    Oui c’est bien la scène du repas chez l’évêque

    La trame principale est conservée à quelques détails près : dans l’Inde des années 1910-1920, notre Jean Valjean local est condamné au bagne et aux travaux forcés pour avoir volé du pain, alors qu’il peinait à nourrir sa sœur aînée et ses neveux et nièces. Il y reste plusieurs années avant de bénéficier enfin d’une libération conditionnelle. Après sa rencontre avec un religieux (qui est hindou dans la version ”Kundan”, mais chrétien dans les deux autres), il décide de changer et de se consacrer au bien. Il monte alors une entreprise spécialisée dans la poterie et la porcelaine, et ses bienfaits à l’égard de la population lui valent d’être élu maire de la ville. Pourtant, sa nouvelle identité fait l’objet de suspicions de la part d’un inspecteur de police qui croit reconnaître en lui l’ancien forçat.

    En dehors de quelques variations et certains éléments culturels (les costumes varient selon les régions pour lesquelles les films ont été tournés), les trois adaptations partagent une trame quasi identique, y compris dans certaines différences notables avec le roman. Un peu comme si les studios avaient emprunté le même scénario pour écrire ensuite leur propre script. Pour des raisons de simplicité, je vais présenter ces différences en utilisant les noms français ; déjà cela permettra à chacun de mieux identifier les personnages, mais aussi car ces noms changent selon la langue utilisée. Un exemple : Jean Valjean se nomme Kundan en hindi, Khandan en tamoul et Kotayya en telugu. Maintenant, imaginez la même chose pour tous les autres personnages (sauf Javert, comme on l’a vu plus haut), vous comprenez donc ma décision !

    La première différence, de loin la plus étonnante, est le lien de parenté créé entre notre Jean Valjean et Fantine. Dans le roman, il n’en est rien, Fantine est juste une orpheline dont les parents sont anonymes. Ici en revanche, Fantine devient la fille de la sœur aînée de Valjean et ce lien de parenté accentue forcément les sentiments de notre protagoniste à l’égard de sa nièce, que cela soit lorsqu’il oblige Javert à lui rendre sa liberté – et découvre peu après que la jeune femme est de sa famille – ou lors de son décès. Bien entendu, ces mêmes sentiments se retrouvent dans ses rapports avec Cosette lorsqu’il vient la récupérer, puisque ce lien de parenté avec Fantine fait également de Valjean le grand-oncle de la fillette. On oublie souvent dans les adaptations occidentales qu’avant d’être le forçat repenti que l’on connaît si bien, Valjean est avant tout un frère et un oncle. Dans ces versions indiennes, Valjean aime sincèrement sa nièce, avec qui il partage le peu de nourriture qu’il leur reste. En tant que seul homme de la famille, la société attend de lui qu’il prenne ses responsabilités et veille à protéger et nourrir les siens. C’est cette fonction qu’il ne parvient pas à assumer qui l’oblige à commettre le vol qui le conduira au bagne pour de nombreuses années.


    Jean Valjean avec sa nièce (Beedala Patlu)

     

    Plus tard avec sa petite-nièce (Beedala Patlu)
    Et sa petite-nièce (Beedala Patlu)

    Deuxième changement notable, Fantine n’est désormais plus une mère célibataire qui a eu son enfant hors mariage. Elle est bien mariée à l’équivalent de Félix Tholomyès, un bon à rien qui magouille avec des complices pas très recommandables et qui se barre comme un pleutre du logis, abandonnant femme et enfant. Pour le moment, je n’ai pas réussi à trouver une explication derrière ce changement commun aux trois films (la barrière de la langue n’aide pas) : interdiction d’aborder la question des mères célibataires ? Eviter que la nièce du protagoniste soit qualifiée de ”mauvaise fille” (mais dans ce cas, pourquoi alors avoir créé ce lien de parenté ?) ? L’aspect socioculturel et probablement l’impossibilité de parler d’un sujet encore tabou doivent sûrement entrer en jeu. Si l’on excepte cependant ce statut plus respectable, le destin de Fantine finit assez vite par ressembler à celui du roman et son histoire se terminera de la même manière tragique que chez Hugo.

    Troisième différence notable : Marius ne combat évidemment plus contre la monarchie française (logique), mais contre la colonisation britannique et réclame l’indépendance du pays. La trame est ainsi déplacée entre les années 1910 à 1940, soit un siècle plus tard par rapport au roman. On voit donc les personnages discuter au téléphone ou se déplacer en véhicule à moteur. Marius se montre aussi plus engagé dans son combat que son équivalent littéraire, mais c’était déjà une évolution présente dans d’autres adaptations (tout comme la fonction de Javert au bagne, qui a un poste à haute responsabilité alors que selon Hugo, il était simple garde-chiourme). Par ailleurs, si certaines adaptations font intervenir Éponine, toute la sous-intrigue autour de la mais0n Gorbeau et les Thénardier comme chefs de bande disparaît. Un peu à la manière des adaptations américaines, les Thénardier apparaissent essentiellement lorsque Cosette est leur souffre-douleur, mais n’interviennent que très peu voire pas du tout une fois que Valjean a récupéré sa nièce.

    Dernière différence notable : lors du suicide de Javert, Valjean comprend qu’il va commettre l’irrémédiable, part à sa recherche, mais arrive trop tard. Ce passage, qui ressemble à ce que le film de Richard Boleslawski proposait déjà, laisse envisager que cette adaptation sortie en 1935 a pu influencer les scénaristes des versions indiennes. Ces dernières prennent toutefois une direction beaucoup plus dramatique, là où la version US se voulait plutôt sobre et expédiée, sans s’attarder sur la réaction de Valjean.

    Si l’on accepte ces libertés prises avec l’œuvre originale (ce n’est pas pire que ce que les versions américaines ou certaines versions françaises proposent de leur côté), ces trois adaptations ont pour atout commun le traitement sérieux et réaliste du récit. Mais ce qui les démarque avant tout, davantage que la transposition d’un classique de la littérature française dans l’Inde d’avant l’indépendance, c’est leur pertinence. En découvrant ces films, l’on est frappé à quel point les thèmes du roman prennent aisément leurs marques dans ce nouvel environnement et s’en retrouvent même renouvelés. Dans un pays où le système des castes reste largement en vigueur – et où de nombreuses familles vivent à même le trottoir, Jean Valjean devient une figure militante, une incarnation de la ”souffrance des pauvres” (c’est ainsi que se traduisent les titres des versions tamoul et telugu), de l’injustice, mais aussi la possibilité que l’on peut changer.


    Jean Valjean (ici appelé Kotayya) face à ses responsabilités (Beedala Patlu)

     

    Si ces films n’ont pas les mêmes standards techniques qu’une adaptation hollywoodienne (bien qu’ils se défendent honorablement) et ont rajouté quelques chansons pour égayer le spectacle (principalement la version hindi), ils ont su éviter le traitement superficiel des thèmes défendus par Victor Hugo. Les pontes d’Hollywood peuvent prétendre ce qu’ils veulent, Bollywood et ses équivalents tamoul et telugu ont bien mieux compris le message du roman.

     

    Ezhai Padum Padu : film tourné en tamoul par K. Ramnoth avec V. Nagayya (Kandhan), Serukulathur Sama (L’évêque), N. Seetharaman (Inspecteur Javert), Lalitha (Anjala), Padmini (Lakshmi)… Cette version est la plus ancienne, mais aussi la moins bien conservée. La qualité d’image notamment est déplorable.

    Kundan : film tourné en hindi par Sohrab Modi, avec Sohrab Modi (Kundan), Nimmi (Radha / Uma), Pran (Gopal), Om Prakash (père adoptif d’Uma), Manorama (mère adoptive d’Uma), Ulhas (Inspecteur Sher Singh)… Actuellement seule version disponible en DVD.

    Beedala Patlu : film tourné en telugu par B. Vittalacharya, avec Akkineni Nageswara Rao (Kottaya), Krishna Kumari (Shantha), Gummadi (Inspecteur Javert), Satyanarayana (Ram Gopal), Chandrakala (Padma)… Remake d’une ancienne version de 1950 actuellement introuvable. C’est ma version préférée.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 mois par Veggie11 Veggie11.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 mois par Veggie11 Veggie11.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 mois par Veggie11 Veggie11.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 mois par Veggie11 Veggie11.
    Xanatos
    Participant
    • Offline
      • Grand maitre
      • ★★★★★
    Xanatos le #545308

    Merci pour tes comptes rendus très informatifs et passionnants sur ces adaptations cinématographiques Indiennes des Misérables Veggie ! 🙂

    Je trouve particulièrement intéressant que sur Beedala Patlu, Jean Valjean soit l’oncle de Fantine et le grand oncle de Cosette, accentuant par conséquent leur attachement envers elles, c’est certes un changement narratif par rapport au roman de Victor Hugo mais qui ne le trahit pas pour autant loin s’en faut.

    C’est bien aussi que ce film s’attarde sur le fait que Valjean soit très attaché à sa famille et que si il avait volé du pain, c’était avant tout pour subvenir aux besoins de cette dernière.

    Pour Kundan, le seul des trois films Indiens disponible en DVD dans les pays francophones, je suis sûr qu’il dispose de sous titres français pour la VO, mais a-t-il été doublé en français ? Mais même si le DVD est monolingue VOSTFR, cela ne me dissuadera pas de le découvrir.

    Merci aussi pour ton retour sur Le Passe Murailles tiré de l’oeuvre de Marcel Aymé.

    Ce récit avait été partiellement adapté en bande dessinée dans le journal mensuel Je Bouquine et j’avais beaucoup aimé cette histoire à la fois inventive et exaltante.

    Et le fait que Bourvil (que j’adore depuis toujours) interprète le personnage principal me motive d’autant plus à découvrir ce classique du cinéma français ! 😀

    Veggie11
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Veggie11 le #545399

    Dans la nuit (Charles Vanel, 1929)

    Dans un petit village industriel du Bugey, dans l’Ain, un ouvrier carrier et sa jeune épouse, fraîchement mariés, mènent une existence bâtie  sur la joie et la tendresse, jusqu’au jour où l’homme est victime d’un grave accident de travail qui le laisse défiguré. Contraint de porter un masque qui dissimule la partie mutilée de son visage, il refuse désormais de sortir le jour et s’enfonce dans le désarroi. Alors qu’elle le soutient dans les premières semaines, la jeune femme ne supporte plus cette vie maintenant hantée par la solitude et le désespoir, et débute une liaison avec un autre homme, qui la désire depuis longtemps. Commence une étrange relation à trois qui trouvera son dénouement dans une conclusion à la fois tragique et… surprenante.

    Voilà bientôt quinze ans que j’interviens sur la Banquise, plus ou moins ponctuellement. En quinze ans pourtant, j’ai assez peu parlé de cinéma live, préférant me consacrer essentiellement à l’animation et à la BD de manière générale. Mais depuis 3 ans, la tendance s’est inversée : l’actualité de l’animation japonaise, en particulier les séries, ne me parle plus, j’ai l’impression de voir un défilé de clichés, au point que certains scénarios frisent le plagiat, et la prédominance des plateformes m’empêche de les découvrir comme je l’entends, me laissant pour seule consolation quelques films d’animation.

    Dès lors, j’ai délaissé ce secteur pour rattraper celui du cinéma en prises de vue réelles. En réalité, depuis 15 ans, je ne l’ai jamais vraiment abandonné : tout d’abord, j’empruntais pas mal de films live à la médiathèque, avant de commencer à acheter des titres par-ci par-là, lorsqu’un scénario m’intriguait ou lorsqu’un film m’avait déjà convaincue grâce à la location. Et à partir de 2022, l’envie de découvrir ou redécouvrir de nombreux classiques ou – inversement – des films plus actuels dont j’ignorais jusqu’alors l’existence m’est venue. En cela, mon intérêt pour la filmographie d’Adam Driver a eu clairement un impact important. L’année dernière, j’ai réussi à battre un record jamais atteint dans les films que j’ai vus directement en salles : six. Je vous assure, c’est un record !

    Fin août 2024, deux vidéastes connus sous les pseudos Al & Tchouky sortirent une grosse vidéo consacrée aux adaptations animées des ”Misérables”, qui me donna à la fois envie de relire le roman (auquel je n’avais plus touché depuis la fin des années 2000) et surtout de revoir le film de Jean-Paul Le Chanois, sorti en 1958, avec Jean Gabin et Bernard Blier. En parlant de cette adaptation sur Internet, l’un de mes amis fit remarquer que je devais absolument voir l’adaptation de 1934 par Raymond Bernard. Je n’en avais jamais entendu parler auparavant, je pensais même assez naïvement que le film de Le Chanois était la toute première tentative (en gros, les seules adaptations du roman auraient été la version de Le Chanois, la version avec Lino Ventura, celle avec Jean-Paul Belmondo qui transpose le récit durant la Seconde guerre mondiale et enfin la mini-série avec Gégé D). Si à l’heure où j’écris, je n’ai toujours pas encore vu cette adaptation, elle a eu au moins le mérite de me mettre sur la piste d’un acteur en particulier : Charles Vanel.

    Charles Vanel était un nom qui ne me disait rien, mais que j’avais en fait déjà entre-aperçu dans certains films où il tenait plutôt un rôle secondaire. Je ne savais rien de sa filmographie ni de sa carrière qui s’étalait de 1910 à 1988, j’avais compris en m’intéressant au film de Raymond Bernard qu’il y tenait le rôle de l’inspecteur Javert, mais je n’ai pas tout de suite entamé des recherches. Pas avant que je ne tombe sur un autre de ses films, ”La nuit merveilleuse”, sorti durant la guerre et où il partage la vedette avec Fernandel. Ensuite, ce fut ”Jenny” de Maurice Carné où pour la première fois, je le voyais dans un film antérieur aux années 40. Dans ”Jenny”, il avait déjà 44 ans et pourtant, le voir dans un rôle plus jeune, bien différent des rôles que je lui connaissais jusqu’alors, apportait un regard nouveau. Il tournait depuis 1910 après tout, soit depuis l’âge de 18 ans : que donnerait un film dans lequel il a plutôt droit à des rôles de jeune homme ? C’est la question qui m’est venue en tête après avoir vu ”Jenny”. La curiosité a fait le reste.

    C’est là que je tombe sur ”Dans la nuit”, son seul long-métrage en tant que réalisateur. Dans ce film tourné en 1929, il a alors 37 ans et cumule trois postes en tout : réalisateur tout d’abord, scénariste ensuite puisqu’il signe lui-même le script, et enfin acteur puisqu’il tient le rôle principal. À ses côtés, l’actrice Sandra Milowanoff, alors star du muet et qui jouera dans pas moins de quatre films avec Vanel, interprète celui de l’épouse. Rétrospectivement, difficile de ne pas trouver cela ironique : on se retrouve tout de même avec le futur interprète de Javert fictivement marié à la Fantine de l’adaptation d’Henri Fescourt (sortie en 1925) !

    Les autres personnages ne sont pas crédités, il semble donc qu’il devait s’agir d’habitants du Bugey, notamment des villages de Jujurieux et Boyeux-Saint-Jérôme où le film fut tourné. Après tout, leur rôle est essentiellement figuratif, les personnages importants se réduisant à l’ouvrier carrier et à sa femme, ainsi que l’amant qui apparaît essentiellement dans la dernière partie. Le film est muet, sans dialogues (on verra plus loin ce que ce choix lui coûtera), sinon les quelques encarts permettant de comprendre certaines situations ou l’état d’esprit des personnages. À l’origine, il n’existait pas de bande sonore conçue pour le film, mais en 2021, au cours d’une restauration, Louis Sclavis en composa une, avec des sonorités très empruntées au jazz et qui s’insèrent parfaitement au sein du film.

    ”Dans la nuit” est un film surprenant : il s’agit d’un drame psychologique et pourtant, durant la première partie du film, rien ne laisse entendre que la vie du couple va basculer dans l’horreur. Au contraire, le début est assez léger, entre les ouvriers carrier qui s’apprêtent à se rendre à la noce après le travail et le mariage en lui-même où tout le monde goûte à la fête. Tout semble aller pour le mieux. Puis survient l’accident qui bouleverse l’existence de ce jeune couple que le destin semblait pourtant avoir préservé jusque là. La réalisation prend une direction radicalement différente, plus brutale, plus sombre, plus dramatique et Vanel adapte d’ailleurs ses prises de vue : alors que les plans étaient plutôt larges et aérés dans la première partie, ils deviennent plus resserrés et se focalisent essentiellement sur les personnages et leurs émotions. Avec cette histoire de masque pour dissimuler un visage défiguré, on pense aussitôt au ”Fantôme de l’opéra” de Gaston Leroux, mais dans un contexte social prolétaire, moins fastueux que le milieu artistique du roman original. Les relations de couple prennent un tournant de plus en plus amer, jusqu’à la violence que finit par exercer l’homme lorsqu’il découvre l’adultère de sa femme. Dans leurs rôles respectifs, Vanel et Milowanoff sont absolument bluffant.

    Pour un premier essai, ”Dans la nuit” est un tour de force assez remarquable. À partir du moment où les rouages du drame se mettent en place, le récit ne lâche jamais l’attention du spectateur, même si sa fin heureuse – imposée par les producteurs (comme quoi, déjà à l’époque ils pouvaient se montrer énervants et prêts à affadir un bon film) – semble un peu sortir de nulle-part. D’ailleurs, au vu de la réplique finale, on peut se demander si Vanel ne fait pas une sorte de pied-de-nez à ces fameux producteurs ? Lorsqu’on prend en considération le récit dans sa globalité, sans ses dernières minutes, on comprend qu’au départ, Vanel avait sûrement prévu un final bien moins idyllique.

    ”Dans la nuit” a souvent été qualifié de ”dernier film muet du cinéma français”. Sorti en 1930 dans les salles, il doit faire face à une concurrence d’un genre nouveau : le parlant. Car entre-temps, Outre-Atlantique, il y eut ”Le Chanteur de jazz” et désormais, la mode est au cinéma sonore. Vanel se résoudra à mettre son film en attente, persuadé au départ que cette mode n’est qu’éphémère… La bobine y restera 70 ans sur une étagère. En 2002, le film sera redécouvert et restauré ; à ce jour, on attend toujours une édition physique en bonne et due forme.

    Vanel s’adaptera : lui qui a commencé dans le muet fera désormais du parlant. Sandra Milowanoff n’aura malheureusement pas cette chance, sa carrière pourtant brillante s’arrête, elle ne fera plus que quelques apparitions tardives dans les années 40-50, avant de décéder en 1957. Vanel continuera de tourner ; il connaît les premiers films en couleur, lorsque la télévision se développe il tourne dans certains téléfilms puis dans des séries. Son dernier rôle sera pour Jean-Pierre Mocky en 1988, il a alors 96 ans.

    Lorsqu’on revoit son ”Dans la nuit”, on en vient à se demander ce qu’il aurait pu se produire dans la carrière de Vanel si son film avait rencontré le succès ou s’il avait persisté dans la réalisation. Qui sait ? Peut-être que dans un univers alternatif, on aurait eu un équivalent français à Clint Eastwood ?

     

    Cette présentation de ”Dans la nuit” n’est qu’une partie d’une future chronique que je compte dédier à une autre œuvre emblématique dans laquelle Vanel tient un rôle important. Celle-ci sera publiée sur mon blog ”Petits billets culturels” à la fin du mois de juin. Je vous en tiendrai informée sous peu 🙂

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 mois et 1 semaine par Veggie11 Veggie11.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 mois et 1 semaine par Veggie11 Veggie11.
    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #545452

    F 1” : film que je n’aurais sûrement pas vu si la canicule ne frappait  pas si durement, et si le billet ne m’avait pas été offert. Mais 2h 36 (!!) dans une salle climatisée, ça ne se refuse pas, et la salle était pleine 🙂 . Le bô Brad Pitt ne jouait pas mal un pilote vétéran, Sonny, à la dangereuse réputation de risque-tout, et qui revient en gloire. Bien qu’il ait 61 ans, Brad-Sonny est si bô qu’il paraît un quart de siècle en moins. Selon tous les clichés, la rivalité haineuse d’un jeune pilote Noir aboutit à une belle amitié et au triomphe quasi en commun. Comme cela se termine à Abou Dhabi, le glorieux bouquet de  fleurs est remis à Sonny non par une jolie fille mais par un barbu en keffieh, moment d’humour involontaire imposé par le circuit très réel. En effet, le réalisateur a tenu à tourner sur de véritables Grands Prix Mondiaux, y mêlant sa fiction. L’acteur Brad Pitt est paraît-il un assez bon pilote, ce qui ajoute à la crédibilité. On en apprend sur les courses en F1, et notamment que le succès repose avant tout sur le choix au bon moment des pneus, durs ou tendres selon le climat. Bien entendu, clichés obligent, une jolie blonde censée conceptrice de sa voiture (soyons un peu woke) est surtout là pour se faire tringler par Sonny. J’avoue n’avoir pas trop compris l’arnaque en coulisses pour démolir la jeune firme automobile. Film très long, mais bon, il faisait horriblement chaud cet après-midi là !!

    Feanor-Curufinwe
    Participant
    • Offline
      • Grand maitre
      • ★★★★★
    Feanor-Curufinwe le #545484

    Vu ce matin le Superman de James Gunn.

    Concernant le réalisateur, je ne suis pas son plus grand fan. Quant à ce que j’ai vu de lui, je me suis ennuyé devant son Super, je n’aime pas ses Gardiens de la Galaxie (en tout cas les deux premiers, je n’ai pas vu le troisième volet en entier), et pour son Suicide Squad, j’ai aimé quelques passages et d’autres moins, mais dans l’ensemble c’est un film que j’aime bien.

    Première interrogation que je me suis faite durant le film, quel est l’intérêt de ce chiffre 3 ?
    Au début du film un texte d’intro déclare quelque chose comme : “les méta-humains sont apparus il y a 3 siècles, un bébé kryptonien est arrivé au Kansas il y a trente ans, Superman est apparu il y a 3 ans, il est intervenu dans une guerre entre deux pays il y a 3 semaines (ou 3 mois chais pu),

    Spoiler

    il vient de perdre un combat pour la première fois il y a 3 minutes”.

    [collapse]

    C’est une bonne introduction à cet univers, d’accord, mais pourquoi cette obsession pour le chiffre 3, je comprends pas, d’autant que ça n’est jamais ramené dans tout le reste du film.

    Bref, c’est pas très important. Le fait est que je ne comprends pas pourquoi le film se fait descendre à ce point, j’ai passé un excellent moment. Ce n’est pas un secret, je suis extrêmement fan de la trilogie de Zack Snyder (MoS, BvS, ZSJL), et pourtant j’ai adoré ce film, malgré ses défauts, dont je vais parler en premier, histoire qu’on évacue ça.

    À mes yeux la principal défaut de ce Superman, c’est le manque d’aura et de charisme de son personnage principal. Que ce soit Christopher Reeve dans le Superman de Donner ou Henry Cavill, quand Superman parle on ferme sa bouche et on l’écoute, parce que ces Superman-là imposent le respect rien que par leur présence mais aussi par leur attitude. Ce sont des rocs, des montagnes, une force tranquille et inébranlable. Ils n’ont pas besoin de lever la voix pour être entendus et ne se laissent que rarement (et dans des cas extrêmes) déborder par leurs émotions.
    Ce Superman-là s’emporte lors d’une interview avec Lois Lane, se laisse manipuler par Luthor sachant qu’il est filmé et Mr Terrific lui parle par moments comme s’il était son subordonné et n’écoute même pas ses recommendations, comme lors du combat contre le Kaijû. Je laisse passer les provocations de Guy Gardner parce que c’est Guy Gardner justement, on s’attend forcément à ce qu’il se comporte comme un connard arrogant, et c’est pour ça qu’on l’aime aussi.
    Mais voilà, ce Superman est là depuis trois ans et il me donne l’impression dans ces moments-là d’être toujours un ado. Le calme olympien habituel de Reeve et Cavill (souvent accompagné d’une réplique marquante : “General, would you care to step outside ?” / “The Bat is dead. Consider this mercy” / “Not impressed”), on n’en retrouve malheureusement pas la moindre trace ici. C’est mon plus gros reproche au film, et je dois dire que malgré cela, Gunn évite quand même d’en faire un bouffon source de moqueries. Parce que pour le reste, il sait ce qu’il fait, il raconte l’histoire d’un type surpuissant qui ne peut s’empêcher d’aider les autres et d’espérer le meilleur, même pour ses ennemis. Il faudrait juste que Gunn se souvienne qu’il s’agit d’un trentenaire, pas d’un ado dominé par ses hormones.

    Mais je n’aime pas du tout ce costume, je n’aime pas

    Spoiler

    la façon dont les parents kryptoniens de Kal El sont représentés (autant physiquement que moralement, mais ce dernier point peut être sujet à modification)

    [collapse]

    , et enfin je m’attendais à un Clark Kent plus présent et proche de celui dépeint dans All-Star Superman (et par voie de fait dans le premier Superman de Donner), ce n’était pas le cas. Et Clark Kent est une fois de plus trop peu présent. C’est dommage, d’autant plus que le Daily Planet est au complet et bien actif ici !
    Enfin, dernier reproche, la BO est fade en dehors du thème de John Williams recyclé pour la énième fois.

    Donc oui, j’ai adoré ce film et si je devais le classer, il se trouverait derrière Man of Steel et Superman I. J’ai aimé le côté vivant et actif du Daily Planet, j’ai beaucoup aimé en particulier Lois et Jimmy Olsen (qui pour le coup ont eux un comportement plus mature, surtout Lois), très présents dans l’intrigue.
    J’ai plutôt bien aimé Lex Luthor, en particulier son obsession pour Superman (et les méta-humains en général) et son côté gros salopard qui sous des dehors très Steve Jobiens se révèle être une immonde enflure, prêt à enfermer quiconque émettrait une opinion critique sur lui, en plus d’être un génie manipulateur et mégalomane.
    J’ai aimé le défilé de super-héros, en particulier Mr Terrific (bien mis en avant dans une excellente scène de baston avec Lois), Metamorpho et surtout Guy Gardner, parfaitement interprété par Nathan Fillion, même si j’espère qu’il évoluera à l’avenir, surtout au niveau coupe de cheveux. 😆

    Spoiler

    On la voit quelques secondes seulement, mais je dois dire que j’ai beaucoup aimé Kara / Supergirl, sa scène avec Krypto est assez hilarante et explique pas mal le comportement du super-chien qui bien qu’adorable mériterait d’être dressé un minimum. D’une manière un peu plus trash, cette Kara me rappelle beaucoup la Kara de Superman TAS, et le peu que l’on voit de son costume est superbe, dieu merci ils ne l’ont pas affublée de cet horrible “pantalon” bleu et lui ont laissé sa jupe rouge.

    [collapse]

    Et j’ai aimé les Kent, même si j’aurais aimé les voir plus présents. Il y a une très belle scène de Clark avec son père qui m’a énormément rappelé celle de MoS entre Clark et sa mère, sur les attentes des parents envers leurs enfants, toutes deux partageant la même idée, le fait de laisser à Clark le choix d’être ou de ne pas être Superman et de ne pas lui imposer le poids du monde sur les épaules.
    J’ai aimé la forteresse de solitude, les robots serviteurs, Krypto, les scènes de baston, surtout la scène de Mr Terrific et le combat de Superman contre

    Spoiler

    Ultraman / Bizarro.

    [collapse]

    J’ai aimé l’aspect catastrophes quotidiennes de différentes natures, extra-terrestres, naturelles, humaines, etc.. Je crois bien que c’est la première fois dans un Superman ou un film de super-héros tout court que l’on ressent cette impression de dangers multiples, alors que d’habitude c’est toujours concentré sur un type de menace.
    Et c’est ce qui m’amène à ce que j’ai certainement le plus aimé dans ce film, la résilience de Superman, qui retourne constamment au charbon peu importent les critiques, les coups au moral ou les coups de fatigue, toujours prêt à partir en première ligne malgré les difficultés qu’il rencontre. Si niveau caractère et prestance, on a pas vraiment droit à notre Supes impérial, au niveau des actes, c’est une autre histoire. Il prend cher notre p’tit gars du Kansas, c’est pas rien de le dire, et il en redemande pour notre plus grand plaisir !

    Bref, j’ai aimé ce film. Il va droit au but et se contente de raconter une histoire de Superman, sans chercher plus loin, sans thème sous-jacent. On pourrait lui reprocher de ne pas être profond, mais ce qu’il fait il le fait bien. Il nous présente Superman et ses intentions, ce qui le caractérise, sa force, sa résilience, sa gentillesse, son optimisme et sa foi en l’humanité.
    Le film n’est pas parfait, il lui manque peut-être une certaine patte (c’est ce que je reproche au cinéma de James Gunn en général, son manque de personnalité), plus de scènes avec Clark Kent au Daily Planet ou avec sa famille, et un Superman qui devrait être plus charismatique.
    Mais c’est aussi un film qui ne manque pas d’action et de coeur, parfois maladroit et qui parfois touche juste. Il a quelques moments de grâce, et je le rapprocherais du premier Spider-Man de Sam Raimi, qui reste à mes yeux le meilleur Spider-Man au cinéma et l’une des meilleures introductions d’un super-héros dans ce médium.

    "With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
    Star Trek - The Next Generation / The Drumhead

    Xanatos
    Participant
    • Offline
      • Grand maitre
      • ★★★★★
    Xanatos le #545554

    Content que le Superman de James Gunn t’ait autant plu mon cher Feanor 🙂 .

    Moi pour ma part, je l’ai adoré.

    Ensuite, tu as raison, j’ai pu constater en effet qu’il se fait pas mal descendre en flammes sur les réseaux sociaux Français et sur Youtube, seuls de rares Youtubers comme le Captain Popcorn en ont fait une critique positive.

    Mais voilà, toi tu es la preuve qu’il n’est pas incompatible d’aimer à la fois le Superman de Zack Snyder et celui de James Gunn, l’un n’empêche pas l’autre.

    Alors au sujet de la caractérisation de Superman, certains de tes reproches sont en effet justifiés.

    Il est vrai que le Superman de David Corenswet est très colérique et susceptible et que Lois Lane est parvenu à le faire sortir de ses gonds avec ses questions pointues et incisives.

    Comparativement, Il émanait de Christopher Reeve une certaine “force tranquille”, il était serein quand il s’exprimait face à ses interlocuteurs ce qui faisait en effet qu’il en imposait et savait garder son calme et son sang froid.

    Le Superman de Gunn parait également moins “puissant” que ses illustres prédécesseurs : celui de Christopher Reeve était capable de remonter le temps pour sauver la vie de Loïs, celui de Henry Cavill était capable de battre plusieurs Kryptoniens en même temps…

    Il est vrai aussi que Clark Kent a été sous exploité dans ce long métrage.

     

    Pourtant, j’ai vraiment beaucoup aimé ce Superman : c’est un héros profondément humain, altruiste, généreux, sensible et empathique, donnant toujours le meilleur de lui même et qui fait le maximum pour sauver la vie d’innocents, aussi bien des humains que des animaux (on le voit sauver hommes, femmes, enfants, chien et écureuil).

    Je me suis attaché à lui, il a un coeur gros comme ça, est persévérant et ne lâche jamais l’affaire comme tu dis.

    J’ai bien aimé aussi l’interprétation de Rachel Brosnahan dans le rôle de Lois Lane, elle a bien cerné le tempérament perspicace et intrépide de la journaliste et n’a pas sa langue dans sa poche. Et dieu merci, on évite le cliché selon lequel elle se fait capturer et Superman doit voler à son secours.

    Nicolas Hoult quant à lui est devenu mon interprète préféré de Lex Luthor au cinéma.

    Entendons nous bien, j’adore Gene Hackman qui fut un excellent Lex Luthor, mais il était très cabotin (mais son talent faisait passer la pilule) et je suis moins fan de sa version “savant fou”.

    Tu sais, je préfère personnellement la version popularisée par John Byrne : le magnat milliardaire de Metropolis très rusé qui a un vaste empire et qui a été très bien adapté dans Loïs et Clark les nouvelles aventures de Superman par John Shea et Superman l’ange de Metropolis où il fut brillamment interprété par Clancy Brown en VO et par le regretté Alain Dorval en VF.

    Pour en revenir au Lex Luthor du film de James Gunn, il est méthodique, calculateur, extrêmement intelligent, influent et d’une cruauté sans bornes.

    Outre le fait qu’il emprisonne quiconque chante les louanges de Superman où émette des critiques négatives à son égard, j’ai été horrifié par la scène

    Spoiler

    où Luthor a abattu à bout portant un homme qu’il a pris en otage, son seul “crime” ayant été d’aider Superman à se relever ! Et ce devant le regard horrifié de notre héros qui assista impuissant à ce meurtre, étant victime de la Kryptonite employée par Metamorpho, lui aussi choqué par la cruauté de Luthor.

    [collapse]

    C’est vraiment un monstre de la pire espèce est Hoult lui insuffle un très grand charisme.

    Mister Terrific a été génial dans le film et apporte une aide réellement prépondérante à Superman et Loïs et pour avoir lu quelques comics et l’avoir vu à l’oeuvre dans la série animée La Ligue des Justiciers , Gunn l’a parfaitement bien respecté.

    J’ai bien reconnu également le caractère provocateur et outrancier de Guy Gardner le Green Lantern, Nathan Fillion l’a fort bien interprété en effet.

    Par contre Hawkgirl m’a semblé sous exploité.

    Et je te rejoins sur la discussion de coeur à coeur entre Jonathan Kent et Clark que j’ai trouvé personnellement bouleversante et qui m’a beaucoup ému…

    Le film n’est pas parfait, certaines touches d’humour m’ont paru un peu lourdes (tandis que d’autres m’ont fait sourire), quelques personnages sont assez caricaturaux comme Eve (ceci dit, sa relation avec Jimmy Olsen est amusante)…

    Mais le rythme narratif est dynamique et soutenu et j’ai trouvé le film passionnant et émouvant.

    J’ai sincèrement passé un excellent moment devant et je dis “Merci James Gunn” ^_^ .

    Tiens anecdote amusante Feanor : figure toi que 

    Spoiler

    Michael Rosenbaum,  connu pour avoir interprété Lex Luthor dans Smallville ainsi que Flash dans La Ligue des Justiciers  a joué dans le film et a interprété un des Raptors traquant Superman ! 

    [collapse]
    Feanor-Curufinwe
    Participant
    • Offline
      • Grand maitre
      • ★★★★★
    Feanor-Curufinwe le #545568

    Oui, j’ai vu son nom au générique de fin, c’était une très bonne idée ! 😀

    Spoiler

    Sinon qu’est-ce que tu as pensé de la scène avec Supergirl ? Personnellement je trouve qu’ils ont choisi la bonne actrice pour le personnage. Je l’ai vue dans la première saison de GoT House of the Dragon, et je dois dire que c’est une excellente actrice, j’ai très hâte de voir le film Supergirl !

    [collapse]

     

    Autrement le film fait un très bon score au box-office mondial (en dépit des esprits chagrins qui veulent le voir échouer), et franchement je trouve que c’est totalement mérité. Je suis heureux que Gunn ait bien retranscrit et respecté le perso, faudra juste qu’il retravaille le charisme et l’aura de Superman, et qu’il ajoute plus de scènes avec Clark Kent aussi ! 😀

    "With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
    Star Trek - The Next Generation / The Drumhead

    Xanatos
    Participant
    • Offline
      • Grand maitre
      • ★★★★★
    Xanatos le #545570
    Spoiler

    J’ai sincèrement bien aimé la scène avec Supergirl : on dirait que c’est une Supergirl plus délurée que la version classique, mais elle a l’air extrêmement intéressante en plus d’être amusante ! Le fait que Krypto lui témoigne son affection en la malmenant (sans le faire exprès) et que cela la faisait rire était cocasse ! Le film suivant du DCU sera axé par ailleurs sur elle et je serai très curieux de voir ce futur long métrage. Et j’ai hâte de voir sa confrontation avec Lobo, notre loubard motard de l’espèce préféré ! ^^

    [collapse]

    Je suis ravi aussi de constater que le film marche bien au box office mondial, notamment aux États Unis, mais il peine un peu en France.

    Mais ce n’est pas spécifique à James Gunn, le Superman de Richard Donner et ses suites, Superman Returns de Bryan Singer et Man of Steel de Zack Snyder n’ont pas été non plus des succès mirobolants dans l’Hexagone, l’homme d’acier attire moins les foules en France que l’Homme Chauve Souris (et encore, même les films de Tim Burton n’avaient pas bien marché que cela dans nos contrées, il me semble qu’il a fallu attendre la trilogie de Christopher Nolan pour que le chevalier noir cartonne enfin chez nous au cinéma).

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #545643

    Pour les amateurs de nipponisme, j’ai vu Touch , actuellement sur nos écrans. Pas mal, et assez… euh, touchant. C’est un film islandais. On suit Christopher, un jeune homme à Londres en 1970. Fatigué de ses études et d’esprit assez contestataire, il veut se frotter au réel, et répond à une annonce d’un restaurant japonais ; il ne sait faire que la tambouille sur un bateau de pêche islandais, mais ça plaît au patron, qui l’embauche. Il y met du sérieux, il apprend un peu la langue, mais surtout il sympathise avec la fille du patron, la jolie Miko. Love story. Bizarrement on suit en parallèle un type âgé de 73 ans qui de nos jours part en voyage pour le Japon. Il s’avère que c’est Christopher. Et 51 ans plus tard, il se lance à Tokyo à la recherche de Miko, car elle est partie soudainement, ainsi que son père qui a pourtant une grande estime pour lui, restaurant fermé. Il finira par la retrouver et avoir le fin mot de l’histoire. Un va-et-vient entre les deux époques précise les choses. Le Japon est celui de 2020 / 21, Covid et masques. Il y a de beaux moments, mais il est dommage que Christopher âgé, alourdi et sans beauté, ressemble trop peu au fort séduisant étudiant islandais qu’il fut ! 🙂 . Miko âgée est plus convaincante.

19 sujets de 1,921 à 1,939 (sur un total de 1,939)

Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.

Members Currently Active: 0
No users are currently active
Membres en ligne pendant les dernières 24 heures : 5
Xanatos, dekamaster2, Cyril, Bruno, Lord-Yupa
Keymaster | Moderator | Participant | Spectator | Blocked
Additional Forum Statistics
Threads: 10, Posts: 169, Members: 48
Welcome to our newest member, Sirocco
Most users ever online was 8 on 6 June 2016 17 h 13 min