Tralala, je vais encore me faire plein d’amis, moi.
Bon, entrons dans le vif du sujet, et lançons le débat avec cette question existentielle et profonde : pourquoi, au grand pourquoi, le public français a-t-il des goûts si étrange en matière de J-Music ?
Je m’explique.
Dès qu’on aborde le sujet de la musique japonaise, vient en tête de lice le fameux visual kei (ou visual rock, ça dépend des goûts). Hier soir encore, un groupe au nom improbable (“Rentrer en soi”, tout un programme) a fait salle pleine à Paris.
Or, ne nous le cachons pas, le visual agonise au Japon. On ne peut pas encore dire qu’il soit mort et enterré, puisqu’il a encore droit à une émission télé hebdomadaire de 30 minutes (enlevez les pubs et les génériques, et vous la diminuez déjà de moitié) et que les magasins du type Tower Records (un FNAC like sans les bouquins) ont toujours un petit rayonnage de ces artistes, bien caché, mais dont la taille est équivalente au stand “Maurice André / André Rieu” de par chez nous.
Pourquoi ? Pourquoi ce style remporte-t-il encore un tel succès dans nos contrées ? Déjà, j’ai du mal à comprendre, je le rappelle, qu’un art AUDITIF se fasse appeler VISUAL. Mais passons, et écoutons. Moui, bon, du gros rock lourd, voire un chouilla hard. Mais ça ne casse pas trois pattes à un canard boiteux, loin de là. On a déjà entendu nettement mieux, y compris au Brésil (Sepultura roxx).
Aaaah, j’entends d’ici l’argument fatal qui déchire tout : “mais ils sont beauuuuux”. Oui, bien sûr. C’est évident que c’est le physique d’un chanteur (ou d’une chanteuse) qui fait son succès. Barry White peut en témoigner. Force est hélas de constater qu’en cette période matérialiste, la plastique des artistes prend largement le pas sur leurs aptitudes musicales (cf. les clips de n’importe quelle “diva” du R’n’B ou, pour revenir au Japon, de Kumi “ûberpouf” Koda). Mais je dérive.
Donc, au Japon, le visual est mort, ou quasi. Alors pourquoi continue-t-on, en France (et en Allemagne), à vénérer ce genre ? Deviendra-t-on un terre d’exil pour les épouvantails gothiques comme nous le fûmes pour les braillardes québécoises ? Continuera-t-on longtemps de supporter ceux par qui Tokio Hotel est arrivé ?
D’ailleurs, les rares groupes et chanteurs ayant commencé comme estampillés “visuel” ont su (dû ?) petit à petit quitter les oripeaux lourdingues du genre pour survivre, ce qu’ils font plutôt bien, L’Arc~en~Ciel et Gackt en étant de parfaits exemples.
Mais surtout, pourquoi est-ce ce genre moribond, et non pas la musique japonaise en vogue, qui cartonne ? J’ai écumé les disquaires tokyoïtes, et en vérité je vous le dis, la mode est aux boys bands, qui sont partout, je dis bien partout : musique, émissions télé, pubs, ciné, dramas… et j’en oublie. Je ne dis pas que le genre ne marche pas du tout en France, j’en connais même certaines archi-fans (qui se reconnaîtront). Mais cette population de fans est une goutte d’eau face aux gothiques poussant des cris suraigus dès qu’elles voient un rebelle efféminé repousser sa mèche décolorée avec un regard au moins aussi ténébreux que sa tenue. En vérité je vous le dis, un groupe comme Arashi vend à lui seul plus de CD que tous les groupes de visual réunis en un an.
Entre ces deux modes, l’une passée, l’autre en plein boom, restent de nombreux artistes qui cartonnent. Le dernier album de Ai Otsuka est encore en tête de gondoles et semble bien parti pour y rester encore un bon bout de temps. Orange Range continue son petit bonhomme de chemin avec sa fusion rock / hip-hop qui dépote. Mika Nakashima revient à de la pop gentillette mais excellente, domaine de prédilection des auditeurs nippons. Enfin, bref, le meilleur baromètre de ce qui marche au Japon reste le classement Oricon. Mais qui ne répond pas à mes questions :
* pourquoi subit-on encore le visual ici ?
* pourquoi est-on capable de coller aux tendances manga, anime mais pas musicales “en direct” du Japon ?
* et quitte à écouter de la musique venue de l’autre bout du monde, pourquoi personne ne s’intéresse-t-il à des groupes vraiment originaux et talentueux, du type Polysics ou Tokyo Jihen ? Je pourrais aussi parler de kiiiiiii mais là, c’est vraiment très space.
Je suis très curieux de lire vos théories sur le sujet, et par pitié, épargnez-moi les “ils chantent trop bien” ou “il(s) est(sont) trop beau(x)”, autant d’arguments creux qui ne sont pas près de faire avancer le débat.
Edité par NdJ le 07-09-2007 à 06:45