Pour les fans de feu-Banquise-Wars… En mémoire de nos glorieuses épopées.
BANQUISE WARS
Hors Série : Déchirure dans les ténèbres.
Je reprenais peu à peu mes esprits. Que s’était-il passé ?
Quelques instants plus tôt je m’apprêtais à éviscérer un de ces Jedis bouffeurs de cookies. Ma victime eut à peine le temps de pousser un bref râle d’agonie dans sa mare de sang quand, tout à coup, la réalité s’évanouit. Une coupure dans l’espace-temps, nette. Mes 9 sens, en alerte constante au cœur de la bataille, perçurent cette rupture dans le réel, si fugitive que je n’eus que le temps de pousser ma concentration à son maximum pour éviter à mon être d’être dispersé à son tour.
L’espace d’une fraction de seconde, je vis le champ de bataille tressaillir d’une brève secousse, comme si une main géante avait frappé le sol d’un coup sec. J’en ressentais encore les frémissements quand tout avait disparu : mes compagnons de combat, les lointaines montagnes noires qui surplombaient le champ de bataille, les vaisseaux, les cadavres de Jedis, tout.
L’instant d’ensuite, je me trouvais donc ici, au beau milieu de nulle part, debout sur une sorte de plan blanc infini dont l’horizon disputait le territoire aux ténèbres au-dessus de ma tête. Je n’avais ni chaud, ni froid. Je n’entendais rien. Je ne ressentais rien. Peut-être étais-je mort ? ou prisonnier d’une nouvelle arme d’un jedi qui m’aurait pris en traître – mais comment aurait-il pu m’avoir autrement ?
J’avançais, mais l’absence de toute sensation me donnait la désagréable impression de faire du surplace. Comment allais-je me tirer d’ici ? Comment savoir qu’il y eût put encore exister un ailleurs ?
En effet, l’Univers s’était peut-être finalement effondré à cause de l’existence trop prolongée des Jedis, comme me l’avait prédit cette fille en bikini de l’anti-anti-monde ?
Avais-je échoué dans ma quête sacrée ? n’avais-je pas fait assez trépasser de Jedis pour prévenir pareille catastrophe ? Resterais-je là pour l’éternité, puni pour n’avoir point assez occis ?
Ou bien ?
Perdu dans mes pensées, je jetais un regard au loin. Il me semblait percevoir quelque… palpitations ? oui c’était bien cela ! Des palpitations troublaient la ligne d’horizon ! Cela s’approchait, le plan se déformait et l’horizon s’incurvait, effroyable vision de ce champs sans limites qui se soulevait et m’entourait de toutes parts. J’avais le sentiment d’être sur un drap infini et de m’y enfoncer sans fin. Impossible de m’échapper, ce titanesque effondrement allait m’engloutir !
Je me saisis de mon sabre et perçai promptement le sol qui se dérobait sous mes pieds, dans l’espoir insensé de lutter contre le cours des choses.
Une lumière aveuglante surgit de la brèche que je venais d’ouvrir et tout fut comme aspiré à travers ce minuscule trou, pratiquement réduit à un point. L’espace d’un instant, je restais comme suspendu dans cette réalité, avant de basculer à mon tour de l’autre côté.
Je commençais à être familier avec tous ces univers parallèles, dimensions supplémentaires, paradoxes temporels, rien qui ne me surprenait vraiment chaque fois. J’avais tant fait de traversées que j’avais cessé de compter mon âge : ici j’avais plus de 700 ans, là je n’existais pas autrement que sous forme de lentille ouverte sur un côté s’étendant à l’infini, ou encore ailleurs j’étais enfermé dans des boucles temporelles de quelques nanosecondes en subsistant sous la forme d’une onde.
Pourtant… pourtant là c’était notablement différent.
C’était le même monde que j’avais quitté, mais différent.
Tout était organisé de façon identique, mes repères restaient les mêmes, mais il y avait comme un manque, comme une absence.
Je trucidais le pilote d’une navette de commerce qui passait dans les parages et me dirigeais dans les plus brefs délais là où je me souvenais que trônait le dark dojo.
Le dojo n’était plus là.
Le monumental édifice ne trônait plus à sa place, comme il avait toujours été dans mes souvenirs, depuis la nuit des temps. Je ne trouvais pas l’ombre d’un seul de mes camarades Sith.
Comme si tout avait été effacé, purement et simplement. Disparues nos homériques batailles, envolés nos sublimes exploits. Plus nulle trace de ces affrontements millénaires, plus nulle trace d’un seul guerrier Sith, rien.
J’inspirai profondément pour faire le point sur les derniers événements. J’essayais de trouver une explication logique à cet effroyable cataclysme, en vain.
Soudain, fulgurante, une voix résonna dans ma tête.
« Eh bien guerrier, tu me sembles particulièrement troublé. »
Je ne sentais aucune présence dans les environs, et cette voix me disait quelque chose…
« Qui pourrais franchir ta barrière mentale, si ce n’est toi-même ?
– Suis-je en train de perdre la raison ?
– Non, rassures-toi, tu es bien sain d’esprit, et dans quelques minutes, tu seras l’être le plus clairvoyant de cette planète.
– Que s’est-il passé ?
– L’Univers tout entier a été en quelque sorte reformaté. C’est la seconde fois que cela arrive, seulement, cette fois-ci, il en a résulté quelques conséquences assez fâcheuses. Pour faire simple, disons que l’univers en est à sa V.3, qu’il est toujours le même depuis l’origine des temps, mais qu’il est né trois fois. Lors du précédent événement, l’Univers tout entier, passé, présent, à venir et probable, a pu basculer sans problèmes majeurs. Vois-tu, ces changements sont dans l’ordre des choses, sans quoi rien ne pourrait évoluer ( et donc notre ordre progresser ). Cela fait partie de la nature de l’Univers.
– Jusqu’ici, je suis.
– Normal, tu es moi. Bien. Au moment où a eu lieu la restructuration, appelons-la comme ça, une partie de la réalité s’est trouvée figée dans le temps, comme archivée. Il en a résulté quelques complications, mais rien de dramatique car nous avons le pouvoir de créer des passerelles entre notre monde et ces dimensions désormais hors de notre temps.
– Donc où est le problème ?
– J’y viens, j’y viens… le problème est qu’une de ces dimensions a tout bonnement disparue et la chose est grave. Vois-tu, changer le passé ou l’avenir, intervenir dessus, est anodin à l’échelle de l’Univers : rien ne se perd, tout se transforme, les lois qui régissent notre réalité ne sont pas altérées par ces menus détails. Le problème, c’est qu’ici on a tranché dans l’Univers, on n’a pas seulement transformé la réalité, elle a été amputée, et toutes les causalités et probabilités s’en trouvent bouleversées. Comprends-tu ?
– Je crois…
– Pour faire simple : imagine une partie de dé à 6 faces entre deux joueurs, mais sans aucune possibilité pour l’un des deux qui le lance de pouvoir sortir un jour le numéro 6. A terme, la défaite est inévitable pour celui qui ne peut sortir le 6. Voilà à quoi ressemble notre avenir, l’avenir de l’ordre »
Cette fois, j’avais pigé ! ça sentait le coup fourré Jedi à plein nez. Mais rien n’était vraiment sûr.
« Comment savoir si les Jedis ont fait le coup ?
– Ils n’y sont pour rien, ne va pas non plus les croire plus malins qu’ils ne le sont réellement. Mais ils peuvent un jour réussir à atteindre cette dimension par le biais d’une faille. Il nous faut donc nous aussi nous mettre en quête de cette dimension avant que les choses ne se dégradent davantage.
– Cette faille, quelle pourrait-elle être ?
– Tu as percé la structure de l’Univers rappelle-toi.
– Tu saurais me dire ce qu’il s’est exactement passé ?
– Très simplement, tu t’es retrouvé coincé dans une probabilité.
– Mais encore ?
– L’Univers ayant une durée finie donc, théoriquement, il n’y a qu’un nombre fini de futurs possibles qui pourront se réaliser. Or, lors du passage de la V.2 à la V.3 toutes les probabilités ont pu se voir vérifiées, car le temps s’est réduit à un point infinitésimal et a pris une dimension infinie. Donc tout, absolument tout, est devenu possible et l’univers a pris – entre autre – la forme plate et blanche sur laquelle tu t’es retrouvé. Ce qui veut aussi dire que tu t’es retrouvé hors du temps.
– Ok…
– En déchirant le voile grâce à ton sabre, tu as créé une déchirure dans l’Univers lui-même et tout a été réinitialisé, à l’exception donc de cette dimension perdue. Appelons-la forum test.
– C’est naze comme nom, ça m’étonne de moi. Pourquoi ?
– Eh bien c’est lié à un protocole expérimental signé aux débuts de l’Univers, c’est d’ailleurs de là que je discute avec moi-même.
– La V.1 ? Mais Bubba Fett n’existait pas en ce temps là !
– Peu importe, car en créant cette brèche, tu as AUSSI foutu un beau bordel dans la trame de l’Univers.
– Ben… en tant que Seigneur Sith, je suis quand même un peu l’apôtre du Chaos hein…
– Certes, mais le chaos risque de bientôt virer au néant si nous ne prenons pas des mesures rapidement. Nous DEVONS retrouver cette faille que tu as créée et la boucher. Nous DEVONS rejoindre nos compagnons Sith sur le chemin de la victoire contre les Jedis. Nous DEVONS reconquérir nos territoires. Le forum test demeure quelque part dans les trames de cet univers, figé dans une dimension pour l’heure inaccessible, mais nous autres Sith pouvons l’arracher de ses limbes. Il ne tient qu’à nous d’agir. Je te laisse, j’ai usé de beaucoup d’énergie pour traverser toutes ces dimensions et me mettre en relation avec toi. N’oublie jamais sur quoi fut fondé notre ordre, n’oublie pas la Banquise Wars. Et n’oublie pas la fille en bikini. »
Quelle nouvelle extraordinaire. Notre existence en était donc réduite à subsister via une dimension fantôme proprement inaccessible, ce forum test aujourd’hui disparu. Comment y retourner, comment reconstituer notre Ordre ? C’était pour moi le début d’une nouvelle quête, la plus difficile peut-être de toute. Mais un Sith se bat, toujours, encore, et encore. Je tirai mon sabre une dernière fois, le brandissait en direction de la place où aurait dû se trouver notre prestigieux dojo et jurais que jamais je n’aurais de repos avant l’anéantissement complet de cette racaille Jedi et la résurrection de l’ordre Sith jusqu’aux recoins les plus reculés de cet Univers.
Je rangeai mon sabre, me drapai dans ma cape noire, et marchai plus décidé que jamais vers l’horizon lointain de notre implacable victoire sur les Jedis.
Ces palpitations que j’avais vues dans les tréfonds des ténèbres étaient le signe que notre combat ne mourrait jamais.