Beaucoup, beaucoup de choses à dire sur cette série ! je n'en ai pas encore vu la fin ( freedom 7 ), mais bon, il y a déjà de quoi dire.
Commençons par l'histoire. Elle se déroule sur la Lune, dans un dôme – Eden – où s'est abritée l'humanité suite à la dévastation de la Terre il y a plusieurs siècles. Une sorte d'autorité ferme régie le quotidien des habitants du dôme, allant de leur sécurité à leur destin ( c'est elle qui décide qui fera quoi dans la société à l'aune de leurs 15 ans, un peu comme dans futurama ). Il y aurait plusieurs dômes éparpillés sur la face cachée de la Lune.
C'est dans ce contexte un peu morne, entre sécurité et ennuie, que vivotent nos héros. Ils ont mis la main sur une vieille carcasse de moto-aéroglisseur et veulent la retaper pour en faire une bête de course. Nos amis jeunes au sang chaud finiront par déraper au cours d'une sortie et seront contraints à effectuer des travaux d'intérêt public, hors du dôme. C'est à ce moment-là que le héros, Takeru, tombera sur une météorite qui explose en éjectant de drôles d'objets, et une photo avec une jolie dessus. Il fera la cherchera partout sur la Lune, en vain. Si elle n'est ici, d'où vient-elle alors ? Et c'est le début d'une grande aventure qui apportera son lot de révélations sur Eden et la Terre.
Autant le dire tout de suite, c'est très grand public. Les intrigues sont simples, les héros "purs", bref, nous sommes à mille lieues d'Akira. Bon, ça se laisse regarder hein, mais les allergiques aux bons sentiments, à l'amour du prochain, et aux hippies risquent de rapidement passer leur chemin.
En fait, si on en restait là, on pourrait dire que cette série a fait beaucoup de bruit pour rien, tant tout paraît tiré par les cheveux à certains moments ( je vais y revenir ). C'est du Otomo light, mais ne méjugeons pas trop vite.
Techniquement, le cell-shading c'est… ça… c'est pas mal mais on dirait que les personnages sont comme montés sur des ressorts mous, comme si la gravité n'exerçait sur eux qu'un effet minime, comme s'ils tous défonçés au cannabis tant leur animation paraît comme "ralentie" par quelque étrange phénomène imperceptible. Mais bon, c'est un moindre mal, le reste étant bluffant mes enfants.
Primo, les décors à la Otomo sont de la partie ! Vive les gros bâtiments compliqués ultra-détaillés, avec leurs câbles électriques, leurs tuyaux d'aérations, leurs panneaux métalliques, des vrais décors qui ont fait les beaux jours d'Akira et qui ont largement inspiré l'ambiance d'Half-life ! Du grand art ! Perso je mettrai un bémol sur l'aspect de la surface de la Lune, trop caillouteux et pas assez poussiéreux. Le ton de gris n'est le bon non plus, la surface de la Lune en général fait penser à de la craie gris-clair réduite en poussière et éclairée par une ampoule surpuissante, avec des nuances d'ombres et de lumières très vives et violentes. Là l'effet est tout autre, dommage vraiment ( des panoramas de la surface lunaire, ici, ici ou là )! Mais bon, on leur pardonne car c'est très délicat à rendre comme effet, et puis la version anime de Planètes n'a pas fait mieux, loin de là.
Sinon les méchas sont réussis aussi.
On passe à la vitesse supérieure :
Pourquoi ce titre freedom ? Je n'ai pas encore vu la fin, mais l'anime est fourré de tas de références à la conquête spatiale américaine : le personne d'"Alan", un petit vieux aux faux airs d'Alan Shepard, premier américain dans l'espace et commandant d'Apollo 14.
Shepard, décédé aujourd'hui, était un astronaute au tempérament instable, qui colle bien à l'esprit des héros type Otomo : un rebelle, un pionnier. C'est lui qui a pressé la NASA d'envoyer au plus vite un astronaute sur orbite, c'est lui qui a baptisé la première capsule américaine Freedom 7, c'est lui qui, après une longue mise en quarantaine de dix ans, s'est remis au niveau des jeunes prétendants d'apollo et a décroché la mission apollo 14, la plus délicate d'entre toutes car de sa réussite dépendait toute la suite des autres missions, suite à l'échec d'apollo 13. Et c'est sur son entêtement qu'a reposé toute la mission apollo 14, une galère de bout en bout, jusqu'à alunissage ! Un épisode très peu connu de la saga apollo, mais ô combien épique, à côté, apollo 11 passe pour une croisière ! Shepard est le gars qui a fait du golf sur la Lune, pour l'anecdote. bref, une "figure" incontournable.
Tout le long de la série on voit des clins d'oeil à apollo, mercury. "Retrouver l'esprit des pionniers" comme le dit takeru dans le 6ème épisode. C'est dans cet optique seule que je regarde cette série. Une sorte de gros hommage otomesque à la conquête spatiale. Cap Canaveral, la fusée Saturn V, on revisite tous les grands mythes de cette histoire récente.
Après, comme on dit, c'est du dessin animé ! Voir les habitants de floride remettre sur pied une Saturn avec des bouts de ficelle en seulement 3 ans, c'est n'im-por-te-quoi. Mais bon, on le savait, c'est du très grand public, pas de la SF ambitieuse. U_U
En somme, cette série m'a fait un peu penser à une sorte de remake de conan fils du futur à la sauce otomo : d'un côté une société ultra-technologique présentée comme le seul oasis pour l'humanité, de l'autre une terre qui revient à la vie avec des habitants qui vivent dans une sorte d'utopie écolo ( remember l'Edenia de Miyazaki ).
Le scénario est un peu fichu pareil : Conan/takeru quitte son île/dôme après avoir découvert l'existence d'une fille venue d'ailleurs et fuit une armée/police qui veut maintenir son pouvoir. Après avoir passé quelque moment de paix sur Edenia/la Terre, notre héros retourne affronter ses adversaires pour révéler aux populations opprimées qu'un "autre monde est possible" ^^ Et c'est la pureté des sentiments de nos jeunes héros qui sauveront le monde !
Du pareil au même quoi.
Bon, si vous êtes amateurs de SF vaguement écolo à la conan fils du futur, non-violente et optimiste, Freedom est fait pour vous.
edit : ah oui, j'ai oublié de parler des Cup Noodles. Le sponsor ou producteur de la série je sais plus. Franchement, pour une série de commande, ça passe quand même relativement bien, ça pourrait être plus lourd, mais bon, bref. Des Cup Noodles, j'en ai vu des quantités dans Sex & The City, et ça ne m'a pas empêché de suivre les délires de Samantha.