La BD de Luke Pearson d’où est tirée l’excellente série animée Netflix est disponible en français, en albums Casterman. J’aime tellement que j’ai décidé de collecter ces albums, dont je compte reparler dès que je les aurai, et lus.
Hilda, fillette de 9 ou 10 ans , vit avec sa mère dans une petite ville portuaire, très nordique d’allure, cerclée de murailles à cause des trolls alentour assez inquiétants. De pierre le jour, ils s’animent la nuit. Or Hilda, bien qu’affectueuse et sans conflit avec sa mère, est d’un tempérament aventureux, et ses idées nobles l’embarquent parfois dans de bien étranges tribulations, accompagnée de son petit renne, Brindille, ou d’un cérémonieux et gentil lilliputien à chapeau pointu. En narratologie, les petites filles servent mieux la pureté d’intentions que les petits garçons, à la forfanterie et à l’esprit de compétition jalouse encouragés par l’éducation encore très ringarde – mais tel n’est pas le cas d’un des deux proches amis d’Hilda, du genre timoré. L’autre est une immigrée complice et admirative. On sent l’auteur adepte du contrepied envers beaucoup de clichés usés.D’énigmatiques et extraordinaires entités peuplent ce monde : un peu comme les yokaï japonais, elles semblent sans vraie méchanceté, et pourtant il peut en cuire indirectement aux humains de les côtoyer. Univers typique du rêve à la frange du cauchemar sans y tomber, le monde de ce que Freud appelait “l’inquiétante étrangeté”. Quelle imagination chez Luke Pearson ! Une BD à plusieurs niveaux de lecture, de l’école de Lewis Caroll !