J’ai eu la chance d’aller voir ce film hier soir, et ben mes aïeux… Je n’irai pas jusqu’à cautionner le fait que CamilleMoon ait créé deux topics pour l’occasion, mais je peux par contre aisément comprendre son enthousiasme ! En effet ce sont bel & bien 1h42 d’une jouissance rare que l’on vit pendant la séance.
Allez, un petit synopsis pour le fun. On a là, donc, deux filles, comme le laisse sous entendre le titre. La première, Momoko, est fan de la période Rococo (tendance de mode consistant à se comporter comme la « France du XVIIIe siècle » vue par les japs : froufrous, frivolités, broderies, mais aussi dans le comportement : vivre heureux & purement égoïstement, le plaisir pour soi autorisant tout, même de trahir son prochain). La seconde, Ichiko, fait partie des Pony Tails (et n’en est pas chef, où alors j’ai rien compris), une bande de (7) loubardes chevauchant des scooters. Rien de devait les faire rencontrer, sinon la soif de thune de Momoko (ça coûte cher, les robes brodées style Marie Antoinette) qui revend le vieux stock de contrefaçons que son père (escroc) cachait au fond du grenier. Ça tombe bien, puisque Ichiko a besoin d’une veste « classe » pour aller à un mariage. Malgré le comportement ours de Momoko, et les coups de boule de Ichiko, ces petites ne se quitteront plus jamais.
Pour moi c’est un succès à pas mal de niveaux : dans la forme tout d’abord, puisque la mise en scène fait parties de celles bien dynamiques à souhait, avec enchaînements maîtrisés à la seconde près de ralentis, de zoom brusques, de plans larges & étroits, et de posings plus classes les uns que les autres. On ne s’em*erde pas une seconde. Même la poupée vivante qu’est Momoko n’est jamais réellement ridicule, car très attachante. Pareil pour Ichiko. En fait le truc marrant dans ce film, c’est le coté « et vas-y que je te rentre dans le lard » qu’elle que soit la scène. La passion du futile de l’une, ainsi que le look motard de l’autre ; la vie de merde des parents, ainsi que le don de la mamie à chopper des libellules, la (méga) banane (digne du base-balleur dans Excel Saga) du gars au Pachinko, ainsi que les manières de Baby, rien, rien mais rien n’est crédible 10 secondes dans ce film. Et c’est là où on pense « anime » tout de suite : tout est exagéré au possible. Seulement le voir en vrai, ça donne un plus super rigolo. Ajoutez à cela un jeu d’acteur digne des fameux seiyu les plus doués, et vous comprendrez.
La musique est également bien présente, je viens seulement d’apprendre le nom de son responsable. Yoko KANNO… Fichtre. Et une réussite de plus à son actif. Notons quand même, en plus de quelques musiques classiques bien placées, la présence de plusieurs chansons françaises bien kitches pour les passages à Barbie Land, mais dont les nom ne sont aucunement mentionnés dans le générique. NdJ si ça te dit de nous cultiver… (non y avait pas « V’là du boudin » :-p).
Concernant les scènes animées, oubliez l’anime cliché. On est presque plus proche d’un Teen Titans ou même d’un clip de Gorillaz dans le dessin & le montage (à 200 à l’heure) qu’autre chose. Les visages sont ceux de zombies (mais décrivent des humains normaux), tout en ayant des voix de filles toutes hi hi. Le contraste est hilarant (oui parce que sans les voix hein, on ne saurait jamais que ce sont des filles, dessinées à l’écran).
Le jeu d’acteur, même si exagéré, reste de haut niveau (mention spéciale à Mini-Momoko). Les mimiques des gens sont très réussies, les dialogues dynamiques. Certaines scènes sont complètement surréalistes, et donne ce coté « rêve » qui fait passer la réalité de contrainte à plaisir.
Dans le fond également on peut trouver un intérêt à ce drôle d’OVNI. Je vais paraître con aux yeux de certains mais je comparerais volontiers ce film à Mimi O Sumaseba de Ghibli. Ben oui car je trouve que dans les deux, on nous propose une photographie intéressante de la jeunesse japonaise à l’heure actuelle. Là où dans l’œuvre animée les héros se posent des questions sur eux même, sur les choix à donner à leurs vies etc, ici on explore un autre aspect : la solitude. On nous fait bien comprendre qu’être seul au Japon, c’est malheureusement très facile, ce qui force la victime à fuir, pour se plonger dans un monde complètement à coté de la « société » dite normale (adulte,quoi). On ne cherche plus autrui, on se cherche soi même avec ses illusions de bonheur, qui peut prendre à partir de là n’importe quelle forme. Ainsi donc l’aspect premièrement loufoque de la Kawai-attitude pour certains, ou de la vie de Yanki ratée pour d’autres, prend une autre dimension. On peut après élargir le débat aux si décriés Otaku, au sens vrai du terme (jeux vidéo, anime, armes militaires, cerf volant ou Playmobil qu’en sais je). Un soupçon de (h)ijime est même évoqué rapidement (mais certainement) dans le métrage.
Si vraiment on devait chercher des poux à ce film, on pointerait bien sur du doigt le scenar’, qui misant sur l’opposition des contrastes joue dans un terrain maintes fois éprouvé. Mais. La fin arrive tout de même à surprendre (bravo !) et soyons clairs : ce film est là pour divertir, et il le fait haut la main. Il y plane constamment une ombre de déjà vu, mais ô grand Dieu jamais d’ennui. Pas le temps pour ça.
Ce que je reprocherais aussi non pas au film mais à sa campagne promotionnelle, c’est le coté estampille « manga » à outrance, qui est vraiment soulant à la longue. On nous balance ce mot à la gueule, comme on attire un chien-chien avec un bout de steack, et ça c’est vraiment lourd à force. Je suis désolé mais on peut très bien apprécier ce film en étant « normal », suffit d’avoir un peu d’humour quoi… Pas difficile (quoique, pour certains…). Concernant le titre qui fait jaser quelques Pingouins, j’ajouterais que le terme KamiKaze, même si marketing à fond, reste quand même justifié au final du film. Ouf.
Citation (Ausine)
En ce qui concerne les autres traductions de titres japonais, il faut dire que le fossé existant entre les façons occidentales de nommer les films et celles utilisées au japon est énorme. Si on respectait toujours le titre original, on serait souvent réduits à appeler des oeuvres “les aventures de ci” , “la revanche de ça”… les japonais optant fréquemment par un titre des plus terre à terre et pas très punchy…
Permets moi ici de completer Ausine. (Au fait bonjour, ça faisait un bail (comme d’hab me diras tu)). Ta réduction des titres japs est à mon avis trop courte. En effet j’ai toujours remarqué certes qu’ils pouvaient être terre à terre au possible (« Le-Retour-Du-Fils-De-Godzilla-A-Tokyo ») mais tu oublies une chose : la longueur du titre, qui selon la police que tu utilises peut dépasser facilement les 3 lignes, ainsi que souvent leur coté poétique presque artificiel tellement ils en font (ce qui pourrait donner un truc du style : « Le-Retour-Du-Fils-De-Godzilla-Attaque-La-Ville-Sous-Le-Ciel-Etoilé-De-Cet-Eté-Mysterieux-Et-Souriant-De-Notre-Fragile-Jeunesse-Insouciante »)
Bref. Ce film est un total divertissement qui s’assume parfaitement comme tel. On peut même parler d’un Amélie Poulain version Sushi & Rock N’Roll, tant la manière de filmer, la manière de raconter aussi (« toi seule peut le faire »), l’intégration des effets spéciaux (qui savent rester discrets & ne sont JAMAIS envahissants) & le fort attachement éprouvés pour les gamines nous donnent un sourire aux lèvres persistant à notre sortie de la salle. Elles sont rares les fois où je me dis en me levant « ben vivement le DVD » (la dernière fois c’était L’Effet Papillon) : c’était le cas ici.
Bref. Un fussoir en puissance.
Edité par Kaiser Panda le 16-06-2006 à 00:33