Vous avez peut-être vu les images de ces bretons foutant le feu à un portique installé sur la nationale pour la mise en place de la fameuse éco-taxe élaborée lors du Grenelle de l'environnement en 2009.
Loin de moi l'envie de débattre du bien fondé ou non de cette énième taxe, j'ai plutôt envie de relayer une vieille info complètement (volontairement ?) oubliée sur ce sujet : le pactole du business de la gestion de la mesure du traffic visé par cette taxe.
Pour rappel, cette taxe vise une catégorie de poids lourds du transport routier, au motif de la pollution générée par le commerce de ces marchandises aux quatre coins de France.
En somme, la taxe représente environ 15cts par kilomètre parcouru par ces gros camions, hors autoroutes (déjà payantes et surtaxées).
Ainsi, les camions de transports de plus de 3.5 t que vous croisez sur les nationales sont directement visés.
Mais comment donc mesurer les kilomètres franchis par les routiers ? En installant dans les véhicules des appareils qui mesureront la distance parcourue par GPS. Les camions seront contrôlés par des portiques lors de leur déplacement sur les routes, qui vérifieront automatiquement (scans, etc.) que le dit camion est équipé du boîtier et enregistré sur la base de donnée. Le portique prend en photo le camion, sa plaque, etc…
C'est un de ces portiques qui a pris cher ces derniers jours en Bretagne.
Ce n'est pas l'Etat qui a mis au point ces bidules, mais un acteur externe, dans le cadre d'un appel d'offre.
Autrement dit, une part de l'éco-taxe partira directement dans les poches d'un consortium, Ecomouv, dans le cadre du marché public.
Cet article datant de 2011, précise :
Avec des recettes de 240 millions d'euros annuels, l'investissement devrait pourvoir être comblé en deux ans et demi. Or, la concession qu'a signée le consortium avec l'Etat courant sur onze années et demi, c'est la promesse d'un produit d'un peu plus de deux milliards qui se profile pour les associés du consortium, c'est à dire la société italienne gestionnaire d'autoroutes Autostrade, le groupe Thales, la SNCF, l'entreprise Steria (systèmes informatiques) et l'opérateur de téléphonie SFR.
Le portail du consortium écomouv'
Pour résumer, il s'agit d'une rente de situation.
Un beau pactole prévu d'environ 240 millions d'euros sur des recettes estimées à 1,24 milliard d'euros par an. Soit 20% environ. Pas mal non ?
Et surtout, un contrôle d'une partie du traffic routier confié au privé.
Au point où on en est, puisque le consortium disposera des données des distances parcourues, il disposera logiquement du laps de temps parcouru aussi, et donc de la vitesse moyenne du véhicule.
Y a-t-il un journaliste courageux qui pourra nous dire si ces appareils serviront aussi à faire de la délation sur les excès de vitesse, de temps de repos obligatoires, etc ? Le tout bien sûr sans habilitation juridique officielle ?
J'y vois là une faille dans les fonctions régaliennes de l'Etat.
Et après tout, pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?
Aujourd'hui les gros camions qui font pouêt pouêt… Et demain ?
Big Brother is Watching You ! Et tout ça au nom de la sauvegarde de l'environnement ! C'est-y pas beau ?