Bon la décision des compatriotes étant prise, il va falloir voir ce que va réellement pouvoir faire Hollande.
J'ai trouvé cet article intéressant Je suis très sceptique par rapport à cette "victoire" qui, compte tenu des circonstances n'est pas si éclatante. Hollande est là grace à un certain anti-sarkozysme (justifié), la chute mythologique et anthologique de DSK, une campagne de presse globalement favorable à son égard et bien entendu, une crise économique comme on en voit rarement dans l'histoire.
Ceci étant dit, je ne lui accorde qu'un très très mince bénéfice du doute. Yupa la relance par les salaires si elle est souhaitable, reste malheureusement la pire des solutions si on ne lui adosse pas un redéploiement massif de l'industrie française (car toute puissance économique a besoin d'une industrie.) sur des secteurs prometteurs. La recherche & développement doit être une priorité majeure. La hausse des salaires dans un contexte libre-échangiste intra et extra-européen ne peut qu'aggraver LE problème de la zone euro, à savoir le déséquilibre des balances de paiements. Des hausses de salaires pour consommer quoi ? Plus précisément, la structure actuelle de la division internationale du travail qui a encouragé dans les pays développés une industrie financière qui a fait miroité une croissance et une prospérité overdosée d'endettement ne peut donner comme débouché à la hausse des salaires qu'un renforcement de ce problème des balances de paiement car les "ateliers" du monde sont la Chine et l'Inde Et comme le rappelle Bub, si la hausse des prix des matières premières ou des loyers suit son rythme actuel, la hausse des salaires ne servira pas à grand chose. Voilà pourquoi le smic à 1700 euros sans un minimum de protectionisme se sert à rien. Parce que si la France devient un consommateur de produits sans exporter elle meme ça devient problématique…
Quant à la renégociation du traité budgétaire, il est illusoire d'attendre quoi que ce soit. Le cadre du volet "croissance" qu'attendent Draghi ou Merkel a été annoncé, précisé, répété : il s'agit de réformes structurelles du marché du travail, pas d'une relance type keynésienne. Autrement dit les fameuses réformes schroeder des années 2000 qui ont amené l'Allemagne a etre un responsable important du problème de balance des paiements. Ce n'est ni un économiste gauchiste ou extrémiste en tout bord qui le dit, c'est l'OIT elle meme. Maintenant la question est la suivante : que veux exactement l'Allemagne ? Si ses voisins adoptent sa stratégie c'est un jeu à somme nulle. Personne peut exporter et avoir une demande interne faible, en même temps. Au bout d'un moment les exportations baissent par simple contraction des débouchés. Or c'est le marché unique européen qui est le principal lieu du commerce européen. Bref entre mère la rigueur la position de ce pays sur l'euro est très funambuliste. Il semble plutot probable que tout soit fait pour que les pays du Sud partent d'eux-memes mais en même temps les dégats sur les banques serait tel qu'à part avoir laissé du temps aux banques de se délester d'actifs mauvais je ne vois pas la cohérence de l'ensemble.
Maintenant, il est également satisfaisant de voir un quiquennat médiocre s'arrêter. L'atmosphère est puante depuis trop longtemps. L'ambiguité provocatrice sans cesse alimentée par Guéant, Hortefeux, Sarkozy sur l'immigration, la délinquance, la religion musulmane n'est plus tolérable depuis le débat sur l'identité nationale. Que cela soit conçu comme un problème cela reste largement acceptable mais là on a atteint les tréfonds de l'outrance et de la vulgarité. Discours de Dakar, Grenoble, les phrases calculées pour faire le buzz, la recherche constante de la ligne jaune pour garder sous la coupe les électeurs du FN, en plus de ne pas avoir marché est devenue très, très,très usante. Je n'ai pas voté au second tour mais j'accepte aisément l'anti-sarkozysme primaire pour le coup. Pas un motif suffisant personnellement mais je conçois aisément qu'on ne pouvait pas continuer ainsi.
Pour ma part je pense que la croisée des chemins est là, zone euro ou pas zone euro, telle sera la décision. Hors le "mal" est identifié en Grèce, en Islande, en Espagne et peut-être bientôt en Irlande: on sauve les banques et pas autre chose. On ne peut pas parler d'Europe fédérale ou de "peuple" européen avec un tel niveau de dissensions. Trop d'atteintes à la souveraineté des différentes populations. Il y aura un retour du bâton sévère. Il faut attendre et ce qui se passe en Grèce en est une illustration : le rubicon a été franchi.