Citation (Lord Yupa)
Owa, réellement, quelqu’un de cultivé comme toi, tu prends tout ce machin comme argent comptant ??!
Edité par Lord Yupa le 19-06-2007 à 23:14
Ha ha ha ! Merci pour le compliment. Mais figure toi que je n’ai JAMAIS lu une seule page de la rubrique internationale de ce site. A part les petites news et les liens qu’ils donnent je pavanne pas sur ce site. Je n’ai pas été aussi loin que toi pour débusquer l’éventuelle tromperie, mais pour l’actu internationale je m’en tiens au courrier international, au monde diplo et les autres journaux. Mais il est très probable (comme beaucoup de sites “alternatifs”, Indymedia par exemple) qu’il y ait des dérives mais ça ne m’empêche d’aller y piocher de temps en temps. De plus le sujet du proche-orient étant très particulier, je fais parti de celles et ceux qui préfèrent en apprendre et se taire dans un premier temps. Il y a eu, ne serait-ce que sur ce sujet, beaucoup trop de “corruption linguistique” pour se laisser berner par le premier site qui vient.
Concernant acrimed et ASI, voici ce que dit le collectif : http://www.acrimed.org/article2648.html et http://www.acrimed.org/article2649.html
Je suis sur la même longeur d’onde que Darthantos et Babamanga concernant ASI. Mais là où Reii a raison c’est que ce travail aussi incomplet soit-il, n’allait pas de soi et ne va toujours pas de soi pour les spectateurs dont je me risquerais pas à dire s’ils sont une majorité ou une minorité (je balancerais pour la première hypothèse tout de même 😪). Je ne m’offusque pas de cette disparition dans le sens où elle n’a rien de surprenant. Toutefois je crois pas que la seule explication de l’audience ou des pressions politiques soit suffisante. Ce qu’il faudrait regarder c’est comment depuis des années , le microcosme journalistique parisien n’a eu cesse de se protéger de la critique, de la dénier et la récupérer. Et en ce sens les dix dernières années sont un bon créneau historique. Il est encore difficile de se remémorer à quel point Serge Halimi et Pierre Bourdieu, qui ont sorti leurs livres aux éditions “Raisons d’Agir” respectivement en 1997 et 1996 ont été traités de tous les noms d’oiseau alors qu’ils ne faisaient que mettre en lumière des faits difficilements contestables.
Que voit-on depuis l’an dernier ? Des journalistes s’ ” inquiéter” des relations de Sarkozy avec les médias et leurs patrons. On a ensuite droit aux sempiternelles fausses questions sur les sondages (depuis dimanche tout le monde dit qu’ils se sont trompés) qui serait faussés et fausseraient le débat. Bayrou, dénonce les connivences médiatico-politiques et les journalistes en parlent. Et alors ?
Cet univers là a un ensemble de propriétés qui lui permettent de se parler à lui-même sans que rien ne change. La configuration et les interdépendances sont telles qu’ils s’imposent tous des sujets, qu’ils se lisent et s’écoutent les uns les autres et que par idéologie professionnelle, ils se donnent des allures d’auto-critique. . Le médiateur ou ASI sont certes des émissions louables et je doute pas vraiment de la bonne volonté de ceux qui y participent. Mais c’est un jeu fermé sur lui-même, qui se critique avec les moyens qui sont les siens. Souci d’audimat, nécessité d’avoir des bons clients etc. L’émission “Piques et polémiques” était un splendide exemple. Des journalistes et des personnalités médiatiques étaient invitées à parler de temps en temps sur les dérives de la presse. Du bavardage et des banalités.
Si l’on prend l’exemple des sondages : l’effet de croyance dans les sondages est tellement puissant que vous pouvez avoir dans un même journal (Le Parisien) une “une” disant ” les sondages faussent-ils les élections ?” et voir que la réponse à cette question est en partie étayée par un…sondage. Pire, le lendemain vous voyez titré “sondage exclusif, bayrou se rapproche de Royal”. Demander par un sondage si les sondages se trompent c’est juste légitimer l’opération de sondage. Donc ça sert à rien.
Prenons l’exemple de sarkozy : dire qu’il a plein de liens et de connivences est juste mais d’un total conformisme à l’échelle d’un journal. Je pense évidemment à “Marianne “et l'”Express”. Où sont les questions sur le rapprochement entre monde médiatique et monde politique, l’interdépence puissante qui s’est lentement établie ? J’essairai de poster un récapitulatif de ce que j’ai pu lire sur la non-diffusion de la vidéo de Sarkozy au G8.
Les journalistes ont un pouvoir et une liberté (mais il faudrait être un tout petit peu naïf pour oublier qu’ils les subissent aussi. Le pouvoir et la liberté d’expression sont repérables voire mesurables en tant qu” état de la configuration de leur monde professionnel) vis-à-vis du monde politique qui sont réduits et bien souvent assimilable à de petits épiphénomènes, comme interroger un homme politique sur un sondage parce qu’il est “révélateur” de quelque chose, ou alors imposer des sujets comme l’identité nationale. On pourrait trouver pleins d’exemples d’interactions sur les plateaux télé pour saisir de quel côté la balance penche. Les soirées électorales sont un mauvais moment pour ceux qui perdent (“reconnaissez que c’est un désavouement fort et un geste significatif des français”).
Tout ça pour dire que les journalistes ne peuvent pas tout se permettre parce que les scoops des “off”, les plateux guest stars (à mon humble avis on en sait encore trop peu sur la compétition qui s’instaurelorsqu’ils s’agit d’avoir une interview exclusive du premier ministre), les interviews, qui sont la nourriture du journal, ne peuvent s’obtenir que par une certaine complicité ou plutôt un respect de certaines règles tacites, qui vont de soi.
J’aurais donc tendance à penser que l’importance accordée à une émission comme ASI est un indice qui permet de se faire une idée pas tant sur la capacité qu’à cet univers de se critiquer mais plutôt de son degré de fermeture et d’exigence et de toutes les conséquences qui en découlent dans la pratique du journalisme, faisant vivre le métier comme particulièrement contraignant et difficile aussi bien pour les producteurs que pour ceux qui se positionnent en observateurs ou en critiques et qui ne peuvent que déplorer une atteinte au trop peu d’espace réservé à ce type de réflexions.
Mais tout est en place pour que la critique soit vilipendée et ensuite récupérée. Il faut garder à l’esprit ceci: Pourquoi Bayrou se met-il tout d’un coup à taper sur les médias dominants mais ne se fait pas exclure du jeu par eux ? Ne serait-ce que sur cet exemple on se donne les moyens de voir que la critique de la télévision à la télévision est limitée et obéit à autre chose. Il faut à mon avis s’intéresser à comment est traitée la politique. Et ce que j’ai mentionné plus haut sont des petits faits qui pourraient attester de comment se pratique le journalisme par rapport au politique et que ce rapport détermine par avance toute critique qui le mettrait en place. Le court-circuitage de la critique il est à trouver ici.
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Edité par Owa le 20-06-2007 à 02:50
Edité par Owa le 20-06-2007 à 02:51