Citation (Reiichido)
Ah, finalement, tu as raison, je m’incline. Un exemple ne fait pas une généralité, mais deux si.
Non, mais faut être cohérent: si on reproche à Sarkozy de justifier des lois par de l’anecdotique, il faut se retenir de le faire dans les autres cas….Un fou qui tue des infirmières ne justifie pas de juger les fous, une agression par des gitans ne justifie pas de légiférer sur les gitans, pareil sur les chiens dangereux, sur les jeunes des cités, etc…
D’autre part, de manière plus centrale, je ne vois pas comment tu peux critiquer le libéralisme 1) En arguant d’un point bien particulier, la finance, qui est loin de réunir tout les suffrages même parmi les économistes libéraux ! 2) En citant des exemples de gens ayant commis des actes illégaux. Je ne crois pas qu’on remette en cause un système en arguant de ce que les gens peuvent potentiellement faire en bravant les lois ! Après, ce n’est qu’une question d’organisation, et pas de principe.
Pour caricaturer à l’extrême, pour moi c’est comme si tu arguais de l’inanité des lois collectives en prenant comme exemple le code de la route, en disant que des conducteurs passant au rouge tuent quotidiennement des milliers de personnes.
Je ne nie pas que ces dernières années, il y a bien eu quelques affaires graves et légales ayant pour centre des banques. Seulement, à quelques exceptions prés ces affaires ont été suivies par de nouvelles lois ou procédures. Nul doute qu’après l’affaire de la Société Générale, on va voir fleurir les procédures de contrôle, et que la crise des subprimes incitera les banques à être plus méfiantes ! Et au pire…le Royaume-Uni a montré la voie !!
Edité par Reiichido le 20-02-2008 à 21:57
Sur la forme, je suis à peu près d’accord avec toi. En effet c’est pas par des “accidents” qu’on doit condamner un “système”. Mais ce point de vue suppose que ce sont les exceptions qui confirme la règle. Parce qu’il y aurait deux ou trois fièvres boursières spéculatives, cela garantirait qu’en soit, le système est viable ? C’est une lecture qui peut être légitime…Mais bon, je la trouve quelque peu “naïve”. Cela veut dire qu’au fond, sur une période de très longue durée, les choses tendraient “naturellement” à s’améliorer. Un coup d’oeil à l’histoire du commerce ou à l’histoire de la bourse montrent quand même énormément d’invariants…Il y a (selon moi), actuellement, des analogies très fortes entre l’interlope flibustier de jadis et la dérive financière de maintenant qui parcourt le monde pour faire du profit n’importe comment. On te parle d ‘ OPA , d’OPE, d’OPRE ou je ne sais quoi comme si ce n’avait de pas de conséquences directes sur la vie quotidienne des gens et qu’au fond, le prix à payer en terme de licenciements n’est pas si élevé que ça. Ne dit-on pas d’ailleurs qu’il y a une guerre économique ?
Qu’ils fassent du profit n’est pas le plus condamnable. A chacun sa libido on pourrait dire. Mais on embarque des gens dans des choses dont ils ne maîtrisent même pas le vocabulaire et le fonctionnement.
Et sur les dérives financières, cela fait combien de crises ou de mini krach qu’on nous présente comme exceptionnels mais ne remettant pas en cause le “marché” ? 1929, 1987, 1998, et je passe l’éclatement de bulles spéculatives ici et là … (bulle internet, bulle immobilière).
[A oui, il semble que l’amnésie journalistique a déjà relégué l’épisode Argentin de 2001, en partie produit par une privatisation massive dans les années 70-80 (conseillée par qui ? l’Ecole de Chicago) ayant entraîné, lors de la crise, une fuite massive des capitaux étrangers]
Que les imbéciles qui s’amusent à blablater à longueur de temps à la radio, à la télé ou dans la presse écrite s’égosillent à parler d’imperfections me semble franchement fallacieux. Moraliser le capitalisme financier ? C’était le voeux de notre président (qui a en plus, comme une canaille de niveau professoral, a le culot de mettre ça sur le dos de mai 68) et j’aimerais bien voir comment il va s’y prendre. J’ai déjà entendu plus d’une dizaine de fois ces propos : “désormais les banques vont améliorer leur patati, patata”. Et à chaque fois c’est la même chose : des crises économiques ou des récessions mais qui, bizarrement, font toujours payer à ceux qui n’y ont d’influence que très indirectementt (toi, moi, les banquisards qui ne boursicotent pas) par leur activité professionnelle. Il n’y a que très peu de différences entre la financiarisation des trente premières années du siècle dernier et celle d’aujourd’hui. Dans la justification de ce type d’économie, les relais de la communication et ses conséquences c’est sensiblement la même chose.
Alors qu’on ait une “sainte patience” qui fasse penser que finalement la marche du monde va vers plus de progrès (c’est exactement ce que pensait une forme d’historiographie qui voyait le monde aller progressivement vers la gauche) n’est pas en soit condamnable. Mais c’est décharger bien trop facilement celles et ceux qui font n’importe quoi parfois dans le dos, souvent au nez et à la barbe des gens exclus de la partie. Qu’il y ait des gens comme toi, moi ou d’autres sur la banquise qui s’intéressent à la Bourse ne devrait pas faire ommettre que l’immense majorité des personnes n’y comprennent rien (et j’ai beau lire à ce sujet il y a pas mal de choses qui m’échappent) et c’est aussi le cas pour ceux qui y travaillent. Un pote qui veut devenir assistant trader ne réfléchit pas trop à l’économie mais à l’économie qu’on lui a appris à la fac…Ce qui lui fait dire, entre autre (et comme une bonne partie des économistes) qu’aujourd’hui l’homme, en produisant de la marchandise
à grand volume s’est éloigné de sa condition primitive et qu’il est gouverné par son utilitarisme. Or, c’est totalement faux. Une partie de l’anthropologie économique l’a très bien montré. Bref, tout ça c’est une histoire de choix. Et si on reste dans ce choix-là, pour quand arrive la prochaine crise qui sera justifiée et sauvée par J-M Sylvestre ?
Encore une fois il y a une certaine forme de réalisme dans ce que tu dis. Mais je te soupçonne tout de même (encore une fois !) d’ignorer à quel point l’équilibre entre ceux qui ont le pouvoir de déterminer la marche des choses et ceux qui la subissent est grandement déséquilibré. Ce ne sont pas des victoires ici et là qui changent la donnent. Là, justement, ce sont des exceptions qui confirment la règle.
Edité par Owa le 22-02-2008 à 09:37