“En venant de Plouézec, le dernier obstacle naturel à passer, pour parvenir au site de l’abbaye de Beauport, sera la Pointe de Kérarzic. Si la marée est basse, vous pourrez découvrir au large les immenses étendues de sable où se développe une des activités qui font la renommée de la région : l’ostréiculture. Bien plus loin, en direction du Nord, vous apercevrez l’île Saint-Riom, où s’installa une communauté monastique dès 1184.
Les conditions de vie pénibles d’un rocher battu par les vents les poussèrent à revenir sur le continent et c’est ainsi que l’abbaye de Beauport vit le jour.
Sur le territoire du hameau de Kerity, ancienne paroisse indépendante fusionnée en 1961 avec Paimpol, ce bel édifice domine encore de sa masse imposante une lande sauvage où se mêlent herbus et bosquets, en un écrin de verdure bordé par les bois.
Construit en bord de mer à partir de 1202 sur ordre d’Alain de Penthièvre, son importance ira en croissant par l’adjonction de plusieurs bâtiments jusqu’au 17ème siècle.
Le monastère sera occupé par les prémontrés jusqu’en 1790. Jusque là, ils auront développé un domaine de près de 70 hectares formant une communauté qui pouvait presque se suffire à elle-même. Les terres cultivables comportaient des vergers à pommes et à figuiers, un potager mais aussi une roseraie et un jardin à la française. Ceint de digues le protégeant des assauts des marées, il était entouré de prés salés, où paissait le bétail, et d’un étang permettant de piéger le poisson.
L’architecture de type normand confère à l’ensemble une certaine austérité. Paraissant vouloir tempérer cette rudesse, une influence gothique marquée bénéficie à l’église abbatiale.
Transformée en squelette de pierre à ciel ouvert ses formes élancées semblent presque fragiles par endroits, apportant une certaine légèreté à l’édifice.
La Salle au Duc bordée d’ogives et la Salle Capitulaire prolongée d’une abside polygonale, divisée en deux nefs par un alignement de colonnes sont, avec le réfectoire et l’église, les éléments les plus imposants d’un édifice religieux qui vit son rayonnement disparaître au 19ème siècle.
Le cloître édifié au 15ème siècle complète cet ensemble protégé par d’épaisses murailles. La Révolution transforma les lieux en … fabrique de poudre à canon et ils serviront successivement d’étables, de mairie puis, enfin, de classes pour l’école de Kérity.
Les bâtiments seront rachetés en 1845 par un comte slave, Poninski, qui privatisa ainsi un lieu de culte qui, depuis longtemps déjà, avait perdu son âme …
C’est en 1862 qu’il sera classé Monument Historique et, presque réduit à l’état de ruine, il sera racheté par le Conservatoire du Littoral en 1992. Ce sera alors le début d’une certaine résurrection, certains bâtiments étant restaurés et d’autres consolidés afin de ne pas disparaître définitivement.
Aux abords immédiats, on découvre un étang et des digues de pierre, vestiges de l’ancien port, qui démontrent que les occupants de la communauté puisaient l’essentiel de leur subsistance dans une mer alors prodigue de ses fruits. Ils allaient même au delà de Kerity pour installer des pêcheries et l’on aperçoit encore les vestiges de l’une de celle-ci à Tréveneuc.
L’abbaye de Beauport fut un centre économique parmi les plus importants de la région jusqu’au 15ème siècle. Elle était une étape importante du pélerinage vers Saint Jacques de Compostelle.
Kerity fut également un centre économique important jusqu’en 1920 : c’est le site de Poulafret qui abritait les chantiers navals construisant les trois mâts et goëlettes destinés à la Grande Pêche. Un moulin à marée, toujours visible, y fut également exploité jusqu’en 1923.
source : docarmor.free.fr
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