Comme je l’ai dit plus haut il y a fort longtemps, il y en avait déjà, et davantage encore aujourd’hui !
Justement je viens de lire une BD très influencée par le monde du manga et de l’animé :
CYBORGS 01 / Ronin
L’auteur est J. L. Istin, aidé par Dim-D, et édité par Soleil, qui publie nombre de mangas. C’est une saga qui prévoit 5 volumes format BD française, une anticipation et récit d’action pêchue. Comme la plupart du temps, l’anticipation est de date assez imprécise, et guère éloignée dans le futur, car la situer trop loin fait perdre pied aux auteurs : qui peut se représenter un 24ème siècle ? et y faire croire ??
Comme la plupart du temps aussi, ce futur proche est dystopique. Le monde a connu une effroyable “guerre des silos”. Ceux-ci étaient des puits aux parois habitées, protégés par de vastes couvercles d’un désert glacé extérieur, résultat de l’effondrement écologique. L’un de ces silos, tombé au pouvoir d’un mouvement néo-nazi, a tenté (en vain) de conquérir tous les autres. Finalement une immense cité cosmopolite, Europa, occupe la surface, sous un dôme protecteur. Dans un couple japonais naît une petite fille, Yuko Matsumoto, vive et souriante, mais sans bras. Les parents sont prêts à l’euthanasier, ce qui est légal, quand l’oncle, Akira, décide de l’adopter. C’est un combattant de très haut niveau, vétéran de la guerre et entraîneur de la milice armée du Président, Markus C. Tudor ; élu d’abord démocratiquement, il s’est ensuite arrogé les pleins pouvoirs à vie (on pense à quelques exemples actuels…). Ses lois impitoyables éliminent toute opposition à l’aide de sa milice, les Trakeurs. Yuko est entraînée par son oncle Akira à tous les arts martiaux, et à vaincre toute discrimination par l’effort acharné. Lorsque Tudor décide de supprimer tous les handicapés physiques et mentaux (bonjour Adolf !), Akira donne sa démission. Or son talent est si précieux au dictateur qu’il lance contre lui ses Trakeurs, et une prime. Lui et Yuko, qui n’a encore que 16 ans, fuient donc et combattent dans la gigantesque ville. Faute de moyens Akira n’a pu offrir à Yuko que des prothèses de bras bas de gamme, et elle combat donc à coups de pied et de genoux ; s’ajoutent ensuite les gangs de la zone de non-droit. La ville est très japonisée par l’écriture des enseignes (conforme à la langue), par les fenêtres en papier cloisonné (fusuma), par la nourriture (riz et saké), enfin par le “casque” noir de la chevelure de Yuko. L’univers urbain évoque celui du film ” Blade Runner” et l’ambiance celle des blockbusters d’action américains, car ça castagne à plein tube ! C’est le discours intérieur de Yuko qui commente les péripéties et sa propre évolution, en langage familier, parfois vulgaire. La couverture de l’album est un clin d’oeil direct en plongée à la scène d’ouverture de “Stand Alone Complex”. On pense souvent à “Ghost in the Shell”, à Battle Angel Alita”, car Yuko va évoluer dans un team de filles cyborgs dans la suite. C’est bien sûr la mort d’Akira qui fait d’elle au final un Ronin, un samouraï sans maître.
Le dessin est impressionnant, virtuose, parfois vertigineux !