A vrai dire, l’émergence d’un tel courant dans la bd en france ne m’étonne pas. C’est aussi le cas aux USA ( j’ai pas d’exemples en tête mais on a bien des spécialistes des USA qui peuvent éclairer notre lanterne 😁 ), en Italie ( Wisper… ) et sûrement ailleurs ( ben en Corée tiens ! )
**********Les italiens sont très fort dans ce domaine. Les “expériences” les plus intéressantes dans ce style hybrides viennent de là-bas je trouve. Entre L’Anneau des 7 mondes ou encore Dafodil, ils ont réussis à intégrer aussi bien le mode de narration malgré une pagination réduite, que le style graphique qui parvient à être personnel en ayant la “japan touch” certes présente mais discrète…
On pourrait tout d’abord supposer que les éditeurs ont flairé un bon filon et tendent à favoriser ce genres de publications pour faire plus “mangasse” et doper les ventes de leur catalogue franco-belge, parce que ce qui fait mangasse c’est à la mode. Mais en même temps, il y a réellement de plus en plus d’auteurs influencés par le “style” manga. Alors si des éditeurs leur donnent leur chance, ben on va quand même pas faire la gueule hein !
*********Pour apporter de l’eau à ton moulin, je peux te citer un court extrait d’une interview du patron de Soleil, Mourad Boudjellal, pour le magazine Bodoï. Celui-ci à dit qu’un projet sur deux parvenant à Soleil était influencé par le manga !
Moi dans tout ça, ce qui m’intrigue, c’est que j’ai l’impression que de ce côté-ci du globe, on a surtout retenu du manga ses spécifités graphiques plutôt que narratives.
*********Cela dépends de l’auteur. Personnellement, dans mes histoires, j’essaie surtout de creuse rla psychologie de mes personnages comme le font souvent les mangaka.
Le chapitre qui suit n’engage que mon opinon, OK ?
Jusques dans les années 80, la psychologie des personnages n’étaient pas la priorité de nombreux auteurs. Certes ces personnages possédaient une personnalité forte et reconnaissable mais répondait plus à des shémas pré établis. Par exemple, si Tintin (qui est un GRAND classique !) est un jeune homme courageux et généreux, que sait-on réellement de lui ? Quels sont ces goûts, son passé, ses peurs, ses joies, etc ? C’est aussi quand même le seul reporter que l’on ne voit quasiment pas bosser durant tous ses albums. Ce détachement de la vie qutidienne à tendance à “déiffier” le hér de BD mais en même temps à l’éloigner de notre quotidien, de nos aspirations actuelles. Mais cela n’est pas un tord, Tinitin, comme d’autres héros de BD sont représentatifs d’une époque ou les préocupations du lectorat étaient autres. Aujourd’hui, on demande à un personnage de s’offir à nous. Même dans un manga aussi “basique” que Naruto que certains considèrent comme un descandant direct de Dragon Ball (aussi bien dans le fun que dans le succès), la psychologie des personnages est très creusée je trouve. On est loin des schémas simplistes des méchants pas beau contre les gentils propres sur eux. Tout cela réponds tout simplement à une évolution actuelle dans les goûts et le besoin de transmettre une émotion à travers un simple personnage de papier. C’est ce que je tente de refaire actuellement avec mes propres BD en creusant la psychologie de mes personnages à l’extrême (d’ailleur sle second tome du MIROIR DES ALICES sera une véritable analyse psychatrique de mes principaux personnages ^0^)…
Si les illustrations, les dessins font très “manga”, en revanche l’histoire ne me parait pas pouvoir être développée ou traitée comme dans un manga du simple fait du format franco-belge ( 48 ou 56 pages ).
*********Certains s’en tirent en augmentant le nombre de cases par planches. Grâce au grand format, il est possible de faire jusqu’à 15 cases par pages tout en restant un tant soit peu lisible.
Tiens, par exemple dans Quartier lointain, le passage de l’âge adulte à celui de l’adolescence du héros s’étale sur 10 pages, alors qu’en franco-belge, on dépasse rarement les 2 pages pour décrire une scène. A l’arrivée, je me demande s’il est réellement possible d’obtenir les mêmes effets en manga et en bd pour décrire une même scène.
*********Oui et non, en fait, l’auteur en France peut s’en tirer en suggérant plus l’action plutôt que de la montrer en détail comme dans un manga. La ou un mangaka fera détaillera point par point des déplacements d’adversaires dans un combat (par exemple), l’auteur franco belge ira plutôt dans une succession de clichées, d’instantanée d’une série d’action décisives. Il ira plus vers l’essentiel en jouant sur le pouvoir de l’imaginaire du lecteur pour combler les vides ou les plans manquant.
Perso, je trouve que cela marche très bien en BD, mais au cinéma, c’est une horreur ^0^
Je trouve cette contrainte absurde et aujourd’hui complètement dépassée ( c’est un vieil héritage de l’après guerre où il fallait faire des économies de papiers ).
**********L’en faut pour tous les goûts ^0^
Si Akira a tant impressionné dans le monde, c’est parce qu’Otomo a étalé ses planches apocalyptiques sur des dizaines de pages, avec des illustrations en double-pages. C’est surtout cet aspect-là du manga qui me plaît, la façon de raconter une histoire, la narration.
*********Oui c’est sur mais il faut prendre en compte un autre facteur non négligeable : les conditions de fabrication des BD et des mangas.
Quand tu as une BD qui se vend à des centaines de milliers d’exemplaires au Japon, tu peux te payer des assistants qui t’aideront à aller plus vite, à produire plus dans un temps restreint. Ce qui n’est pas le cas en France ou les auteurs dépassant les le million d’exemplaires vendus par album se compte sur une main.
Avec des dizaines de millions de lecteurs potentiels dans le seul Japon, on comprends mieux que la demande et l’offre soient liés au point de faire de la BD une industrie.
Nombre d’auteurs aimeraient faire du “roman graphique” mais pour de nombreuses raisons, ce n’est pas encor d’actualité. Alors on se ratrape sur le nombre de volumes, on réduit le nombre de cases, on bidouille et ma foi, certains s’en sortent avec les honneurs…
Les japonais ont introduit une notion cinématographique de la narration BD, alors qu’en France, nous faisions plus dans la succesion de belles illustrations. L’auteur donnait de l’ambiance par la couleur et non par la mise en scène. On mettait plus de textes pour expliquer certaines situations la ou un japonais aurait mis 10 pages pour le même résultat.
Je pense que c’est là encore une question de goûts et que surtout, chacuns se débrouille avec le format qu’on lui impose d’un point de vue géographique, culturel et économique.
Pourquoi quand il s’agit de SF ou de fantasy, les éditeurs garde cette vieille formule du 56 pages ? Pourquoi une Bd franco-belge qui fait plus de 80 pages serait forcément underground ( quoique Hugo Pratt et Les Cités Obscures, c’est vraiment pas ce que l’on peut appeler de l’underground ) ??? Bon sang, cela ne les gènent pourtant pas les éditeurs de publier des comics et des mangas grand format qui font des centaines de pages. Alors quoi ? Craignent-ils de faire exploser leur budget avec des volumes tout en couleurs de 80, 100 pages ou plus ? Glénat avait pourtant bien tenté l’expérience avec HK et Nomad.
******Quand HK 1 est sorti dans son format hybride manga, il s’en ai vendu près de 25 000 exemplaires sur plusieurs années. Alors que son prmier album en format pur frano belge en à fait 18 000… en quelques mois !
L’un des problèmes est que le lectorat franco belge et le lectorat manga se mélange encore assez peu. Et certains fans de HK n’ont découver tla série qu’à la sortie du quatrième album, c’est à dire 8 ans après le démarrage de la série ! Tout simplement parce que les 3 premiers albums en format hybrides étaient vendus dans les rayons mangas, et le 4ème, vendu rayon BD. Le placement du produit est aussi essentiel quoi…
Donc pour moi, ces bd-là, restent bel et bien du franco-belge au look japonisant ( ce qui à mes yeux n’a rien de scandaleux ^^ ). Pour se rapprocher de quelque chose de plus hybride, il faudrait ressortir des titres comme HK qui allaient vraiment dans le sens d’un rapprochement bd/manga.
******Oui mais la encore, tu veux l’hybride ou un style personnel affirmé. Et dans ce cas, pourra t’on encore parler de style hybride ?
Mais dans tous les cas, je suis pour une influence parfaitement digérée par l’auteur qui au final crée quelque chose de vraiment neuf. Cela doit être bien plus gratifiant pour un dessinateur d’être reconnu pour son style propre, et non pas parce que son style rappelle celui d’un autre ou de quelque chose d’autre.
Mais là j’enfonce les portes ouvertes. 😁
****Oui, mais cela ne ser aplus de la BD hybrid, mais de la BD franco belge, d’ou un certain paradoxe.
Bref, y’à encore du boulot… Mais c’est ça qui est intéressant non ? ^0^