Citation (arkhantos)
Désolé de dresser un tableau noir de la BD, mais je ne fais que reprendre l’argumentaire de J C Menu dans son essai, publié à l’association, dont je suis membre dans, un pamphlet salutaire, hélas à tirage confidentiel, Plattes -Bandes.
Connais pas ce bouquin. Je prend note! ^^
Bah en fait il est vrai que dans l’ensemble la Bd se porte moyennement bien ( j’euphémise… ). Maintenant, moi je me pose des questions. Pourquoi la sinistrose règne dans la Bd ? Pourquoi le jeune lectorat fonce sur les mangas, pour lequel il dépense des sommes faramineuses et souvent pour des séries plutôt moyennes ? Qu’est-ce qui manque à la Bd qui s’essaie à produire des oeuvres sophisitiquées pour pouvoir enfin se vendre correctement, toucher un public susceptible de s’y intéresser mais qui jusqu’à présent continu à la bouder ?
Je suis assez d’accord pour dire que dans l’ensemble, pour ce qui concerne en particulier la Bd mainstream, les scénarios ne sont enthousiasments. Et pourtant on voit des album sur lesquels pas moins de 4 à 5 bonhommes ont participé ! Est-ce la faute des éditeurs qui publient ce qu’après tout on leur propose, ou est-ce la faute des auteurs/scénaristes qui manquent tout simplement d’inspiration, de savoir-faire, par rapport à leur collègues étrangers ? pour moi le comble c’est de voir de plus en plus d’adaptations bd tirées de romans de SF comme “les guerriers du silence”, les romans de Vance, la compagnie des glaces, même Genefort qui a adapté une de ses nouvelles en Bd ( qui est pas mal en plus ! ). Et je ne parle pas des adaptations de Léa parker, des torchons scénarisés par des people comme Beigbeder et autres en mal de sources de revenus, des Bd comiques thématiques sur les blondes, les profs, les sportifs, les motards, les flics, etc…
Reste que les éditeurs alternatifs souffrent peut-être d’un positionnement maladroit en rayon ( souvent ces Bd se trouvent cantonnées dans des recoins sombres et humides des librairies, où seul le vaillant amateur qui a suffisament de patience pour les chercher mettra la main dessus, sans parler des Fnargh et autres, où leur exposition est quasi-inexistante. Dans un autre genre, le cas exemplaire de HK évoqué par Kara un peu plus haut dans le thread me laisse encore songeur ! ). Mais je ne suis pas sûr qu’un auteur publié chez un éditeur alternatif gagne moins qu’un auteur lambda publié chez Soleil ( où il ne touche qu’un maigre pourcentage sur des ventes très aléatoires. Faut bien l’avouer, rares sont les grands succès en Bd ).
Citation (arkhantos)
La BD franco belge est sclérosée par le format, les thèmes refaits à l’absurde.
Oui je suis parfaitement d’accord, c’est d’ailleurs exactement ce que j’ai dit un peu plus haut dans ce thread. ^_____^
La contrainte du format est une absurditée éditoriale. Mais après tout, elle n’est pas plus absurde que les contraintes imposées aux mangakas par leurs éditeurs, bien calibrées pour être publiées en feuilletons d’une dizaine de pages chaque semaine.
Pour ce qui concerne les thèmes, ben désolé mais on trouve quand même de tout en Bd, même parmi les plus récentes publications.
Citation (arkhantos)
Le festival d’Angoulème n’est qu’une sinistre farce, où l’on récompense perfois de vrais livres, pour faire bien, comme Persepolis, d’ailleurs sur la couverture du livre, l’association à fait mettre, meilleur livre, et non pas album… Angoulème et ses Alph’arts, comme tous les prix, n’est que l’occasion des servir la soupe aux maisons d’éditions du groupe Hachette (Glénat, Vent d’ouest, Soleil), ou de l’ex Vivendi (Albin michel, Dargaud). Qu’un “auteur”, comme Zep soit invité d’honneur pour son oeuvre est lamentable…
Qu’est-ce que le festival d’Angoulème ? C’est une foire de la Bd, un cirque médiatique qui à lui seul assure 70 p 100 de la couverture totale offerte à la Bd ! Tu dis que le festival est une sinistre farce qui sert la soupe aux éditeurs, mais rend-toi compte que pendant longtemps les éditeurs faisaient la gueule car ils jugeaient le festival trop élitiste ! Ainsi, il peut y avoir d’une année à l’autre un éditeur qui décide de bouder le festival, comme par exemple Dargaud en 2000. Quand on pense qu’il a fallu près de 30 ans pour récompenser des oeuvres véritablement ambitieuses… Kafkaïen non ?
Pour ma part j’ai toujours considéré le tout neuf intérêt du festival à l’égard des mangas comme relevant de la pure mauvaise foi. Le manga rapporte aux éditeurs, il faut bien lui consacré une place. Mais cette mauvaise foi se répercute jusque dans l’attribution des prix officiels décernés aux Japonais :
– 1er prix décerné à Taniguchi pour son scénario sur “quartier lointain”. Il n’y a pas de hasards : cette année-là, Schuiten est président du jury, il récompense un copain en toute simplicité ( c’est la petite bande, Boilet, Peeters, Schuiten, etc. de chez Casterman ).
– Prix de la meilleure série attribuée à 20th century boys : Ce tout nouveau prix a été créé sur mesure pour les mangas. Le faible nombre d’attributions de prix dans un festival qui se veut international pouvait être considéré comme un gros foutage de gueule. Surtout qu’il est difficile aujourd’hui d’ignorer la part qu’ocupe le manga chez maintenant. Allez hop!, on décerne ce tout nouveau prix pour la première fois à un manga qui a tout raflé au Japon. La prise de risque est assez minime…
– Meilleur dessin pour Taniguchi, le sommet des Dieux. Là encore, le dernier festival d’Angoulème a été d’une consensualité parfaitement effroyable ! La moitié des auteurs récompensés cette année avaient déjà remportés un prix quelques années plus tôt. Zep a-t-il voulu évité de faire des vagues, déjà que lui-même était très contesté ?
Perso, le titre de meilleure Bd SF décerné aux Utopiales pour Planètes a pour moi bien plus de valeur que les choix calculateurs des jurés du festival.
Mais bon, un festival d’Angoulème sans polémiques ne serait pas un festival d’Angoulème réussi ! ^^
Citation (arkhantos)
Tu parles de Sfar et de son succés, mérité pour les Vampires, Le chat du Rabbin, et Donjon qu’il publie avec Trondheim, mais leur collection Poisson Pilote, est une resistance à la médiocrité, tout en respectant le format franco-belge, ils démontent, surtout dans Donjon, les gimmicks de l’Heroic fantasy, Larcenet dans un Combat ordinaire fait de même.
Sfar est un vrai artiste, son oeuvre Pacsin, la vie imaginaire d’un impressioniste, est une merveille, mais publiée à l’association.
Navré, mais malgré les tirages, la BD est à l’agonie, le fric remplace la qualité, comme partout ailleurs dans l’édition.
Cordialement.
Moi je comparerais des collections comme par exemple “terres de légendes” chez Delcourt à des productions shonen. Elles touchent le même large public ado, celui qui lit le plus de Bd. Pour un public plus âgé, il y a d’autres collections, d’autres publications, ce n’est pas ce qui manque. En fait, ce qui manque, ce sont justement tous ces lecteurs de Bd quand ils étaient ado qui tournent petit à petit le dos en vieillissant. Ce qui réduit considérablement les potentiels lecteurs de maisons d’éditions comme L’Association.
Il y a aussi le fait que bien des préjugés restent dans la tête des gens sur la Bd. La bd alternative tente de combiner généralement et FOND, et FORME. ça fait beaucoup pour des non-initiés, qui ont besoin de repères familiers. Un public très littéraire pourrait être intéressé par des Bd comme celles que tu viens de citer, mais souvent il est rebuté par le style de l’auteur. Ce public là, on va surtout le trouver parmi le milieu étudiant, généralement plus facilement ouvert d’esprit, mais hélas bien souvent à court d’argent.
Je reste persuadé que l’incompréhension entre public mainstream et éditeurs alternatifs relève en grande partie d’un problème de communication. Il y a toujours un moment où l’amateur de Bd veut passer à autre chose, quelque chose de plus original, plus recherhé. C’est le fait qu’il ne se tourne pas naturellement vers les auteurs alternatifs qui pose des questions. Bien entendu, tout les amateurs de Sillage ne deviendront pas un jour des amateurs de Neaud ! ^^ Mais tout de même, il doit bien y avoir une fraction non négligeable susceptible de succomber aux charmes de l’underground, pourvu que pendant des années personne ne les ai braqués en leur rabâchant que ce qu’ils lisaient c’était de la grosse merde bien commerciale, qu’ils feraient mieux de lire untel ou untel parce que c’est le talent à l’état pur. En leur teant des discours comme ça, c’est évident que untel va être boudé par le plus grand nombre.
En plus, en étalant au grand jour lors d’un festival aussi médiatisé que celui d’Angoulème ses querelles internes, le milieu de la Bd ( au sens large ) ne cesse de faire fuir un grand public qui déjà juge la bd comme une sous-culture. Si la bd veut reconquérir les coeurs, qu’elle se montre plus joyeuse que donneuse de leçon, à l’égard de son propre public ! Plus j’y réfléchis, plus je pense que le succès du manga peut s’expliquer ainsi : le public, jeune, est enthousiaste parce que jusqu’ici, il n’y a eu personne dans son propre camp pour lui dire que ce qu’il lit n’en vaut pas la peine. Au contraire, ceux qui critiquent sont justement ceux qui ne lisent pas du manga. Il y a bien des voix discordantes, vantant seulement les qualités de la manga mais celles-ci touchent plus un lectorat bédéphile que mangaphile, ce dernier ignorant peut-être jusqu’à l’existence d’un tel débat.
Enfin, oui, comme partout, la bd souffre de la course au profit. Qu’aujourd’hui il y ait près d’une trentaine d’éditeurs se partageants le gâteau pour le manga, quand au départ ils n’étaient que 3, prouve à quel point certains ont les dents longues. Le cynisme est ainsi de mise quand d’un côté les plus gros éditeurs publient en masse du manga et de l’autre refusent de reconnaitre ce qu’ils doivent à ctte partie de leur production. Que serait donc Gléant sans le manga ? Rien. Glénat, à part Zep, ne possède AUCUN auteur, ni titre, susceptible de lui servir de locomotive parmi son catalague en franco-belge ( pas de Spirou, de XIII, de Sillage, de Lanfeust, etc… ).
Bon voilà, en fait nos points de vue se rejoignent beaucoup !
Alors un peu d’optimisme que diable ! ^__^
Même si tout cela est loin d’être rose…