Ne retrouvant pas de topic idéal pour parler du film Hercule que je viens de voir, et estimant sans grand intérêt d'en limiter un à ce titre seul, je crée celui-ci qui me semble élargir le sujet.
Je l'inaugure donc avec HERCULE, film de 1997 par Ron Clements et John Musker.
Le film n'a pas très bonne réputation chez nous autres, amateurs d'animation, et je n'avais jamais été tenté de le voir.
Mais voilà que mardi 29 septembre la chaîne Disney nous le met en prime time, et devant l'avalanche de séries à crimes sordides sur les autres chaînes, je me suis dit : “Tiens ! faisons-nous une idée !”
Faut dire que sur le papier, l'idée semble excellente : la mythologie héracléenne fournit un grand héros et tout un canevas de ses spectaculaires aventures (à condition de censurer sa fin tragique, et aussi ses amours gays avec le bel Hylas son neveu, seuls les Japs osent le yaoi / BL 😂 !).
Mais Hylas, pardon hélas, on ne la retrouve plus du tout, la mythologie ! ou à peine. A la trappe, les fameux 12 travaux imposés par le lâche Eurysthée, et à part un vilain centaure et une hydre à plusieurs têtes, on ne reconnaît que le bébé qui étouffe deux “serpents” – lesquels n'en sont même pas – et la problématique du demi-humain / demi-dieu, voilà tout.
De plus dans le film, au lieu de naître demi-dieu (en effet, Zeus en prenant l'apparence d'Amphitryon, le mari de la belle humaine Alcmène, a réussi l'exploit de cocufier et le mari et l'épouse, or c'est de là que naît Hercule) notre héros naît divin sur l'Olympe, à la joie de Zeus et de sa légitime la déesse Héra. Pas d'adultère dans un Disney. Bon, mais que faire ?
Eh bien, on dira qu'Hercule perd son statut de dieu suite à un kidnapping par deux “démons” (envoyés par le jaloux Hadès que ça amuse) qui lui font boire une potion magique le rendant simple humain, oh my god 😢 !
Recueilli par un vieux couple, il reste quand même, ouf on a eu chaud, d'une force absolument colossale. Mais comme c'est un crétin fini, ça entraîne des catastrophes. Dans la légende, Hercule en effet provoque des drames, mais ils sont dus à des accès de colère brutale et meurtrière : personnifiant la Force pour les Grecs, il en assume par conséquent la fréquente cruauté aveugle. Il est tantôt bon, tantôt féroce car ne maîtrisant pas sa puissance. Le film nous en fait un Lagaffe imbécile, attirant peu l'identification des spectateurs (y compris les imbéciles puisqu'ils ignorent l'être).
Hadès est un copié-collé de Satan, servi par des démons, et contamine le mythe païen d'une grosse dose de christianisme (ceci dit un des exploits d'Hercule fut bien un combat où il blessa Hadès en personne).
Passons sur l'intrigue sentimentale absolument absente du mythe…
Bref, je pense que le peu de réputation du film, techniquement réussi, vient d'une trahison complète envers une légende célèbre, envers un “patrimoine immatériel de l'humanité” pour parler le jargon moderne.