Il semble que ce topic n’existait pas, et Bub n’a pas eu le loisir de continuer son “Maison Ikkoku pas à pas”, ce qui est très dommage (moi j’ai lu beaucoup du manga, mais sans posséder l’intégrale).
Bien évidemment il s’agit quand même de marquer le coup de la commémoration des 40 ans de carrière de la grande Rumiko Takahashi !
En son hommage, j’ai acheté le Rumic World 1 or W, épais volume de 9 histoires courtes publié au Japon en 1995, et en 2016 chez Delcourt.
Que dire, sinon que c’est d’un talent éblouissant graphiquement et scénaristiquement ?
Le plus stupéfiant est que la mangaka ne s’intéresse, au fond, qu’à des duos sentimentaux, mais qu’elle parvient à chaque récit à surprendre le lecteur : car elle ne montre jamais de Roméo et Juliette empêchés de convoler en justes noces par les obstacles d’une société “arriérée”, non. Le jeune homme et/ou la jeune fille vivent une existence aussi peu entravée que la nôtre, mais une sorte de malédiction légère ou malchance oriente leur destin. Il s’agit volontiers d’un fantôme féminin – conformément à la tradition des “yurei” -, jeune ou vieille créature qui à cause d’un voeu inaccompli “ne trouve pas le repos”.
De plus le thème du sentiment concerne aussi bien les relations entre jeunes et vieux, entre élèves et maîtres, etc., avec une constante finesse psychologique.
Autre originalité, le thème du changement de genre, présent dans 3 histoires sur 9. Au Japon ce n’est pas renversant, mais notons que c’est tabou dans la BD d’Occident ou d’ailleurs, et que Ranma 1/2 montre assez l’intérêt de Rumiko pour ce sujet. Elle varie les contextes, on le sent, avec plaisir, décrivant à sa façon un séjour-cure d’amaigrissement, le milieu du base-ball, du rugby, du kendo, le théâtre Takarazuka, les quartiers louches de Tokyo, ou encore parodiant un débat médiatisé entre la comique spiritualité d’un Bouddha et un garçon matérialiste des patates !
Enfin, elle sait dessiner des jeunes filles d’une grâce remarquable. Ainsi que de séduisants jeunes hommes, certes, mais d’une beauté plus androgyne que virile.
Quelle est votre oeuvre préférée de Rumiko Takahashi ?
Et en dehors d’un trait encore un peu maladroit dans les débuts de “Lamu” (Urusei Yatsura), lui voyez-vous des faiblesses ?
Rumiko for ever !
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Cette chère Rumiko mérite amplement les honneurs du festival d’Angoulême.
Je surprendrai personne en disant que mon oeuvre préférée est Maison Ikkoku mais elle en a tellement fait que sortir un titre du lot n’est pas évident.
Quel paradoxe tout de même que la mangaka soit si peu connue et populaire en dehors du japon excepté pour les générations qui l’ont decouverte via les adaptations de lamu ranma et maison ikkoku dans les années 80.
Il me semble que inu yasha a bien cartonné aussi par chez nous à l’époque.
Je trouve dommage aussi que l’on retienne d’elle principalement le caractère loufoque et romantique de ses titres les plus connus.
Elle est à mes yeux surtout une experte en fantastique bien trop méconnue.
Sa série des mermaids est une perle d’horreur soft.Une chance que delcourt ait publié le recueil 1 or W car ce type d’initiative est très risqué malgré la célébrité de Takahashi.
J’espère reprendre mon maison ikkoku pas à pas c’est un exercice qui m’amusait beaucoup et qui en plus révélait à quel point cette oeuvre démontrait le talent complet de cette mangaka.
Je trouve dommage aussi que l’on retienne d’elle principalement le caractère loufoque et romantique de ses titres les plus connus.
Elle est à mes yeux surtout une experte en fantastique bien trop méconnue.
Sa série des mermaids est une perle d’horreur soft.Bien d’accord, Bub !
Il semble qu’aux USA on ait mieux et tôt remarqué ce talent dans le genre fantastique, et grâce à cela j’ai un volume de 300 pages de la saga Mermaid’s Scar publié en anglais par Viz Graphic Novel en 1995. C’est l’épopée d’un jeune homme, Yuta, et d’une jeune fille, Mana, qui meurent et renaissent toujours au même âge à travers le temps, ayant mangé de la chair de sirène. Mais selon un hasard incontrôlable, au lieu de rendre immortel consommer de la sirène peut mener à une mort atroce, ou changer un humain en monstre fou et sanguinaire. De plus, Yuta et Mana éprouvent une immense lassitude et n’aspirent en fait qu’à une vie normale. Kaze en France en a sorti l’adaptation animée partielle (1 DVD contenant 2 OAV), Mermaid Forest / Le Bois des Sirèes.
Viz Select Comics dès 1992 a sorti Ranma 1/2 en brochures, hélas colorisées au goût abominablement saturé des Américains (je ne supporte pas). Toutefois la même maison un peu plus tard a respecté le N&B dans The Return of Lum, et dans The Laughing Target.
Ce dernier mérite quelques mots, n’ayant pas (je crois) été publié en France, et je trouve de plus que c’est un petit chef-d’oeuvre de l’horreur façon Rumiko Takahashi. Depuis toute enfant, la jeune Azusa dispose d’abominables et pullulants cloportes qui surgissent, tuent et dévorent intégralement à sa volonté les “ennemis” de celle-ci, d’où quelques mystérieux décès/disparitions dans sa famille… Le plus inquiétant chez Azusa est sa fixation mentale dans une névrose possessive et jalouse envers son cousin Yuzuru qui, enfants du primaire tous deux, lui a été promis en mariage par accord familial. Considérant cela comme un pacte de fer, Azusa vers 17 ans tue tout ceux qui font obstacle à son but. Et pour elle comme pour tous les assassins psychopathes “c’est de leur faute”. Pratiquant l’archerie japonaise traditionnelle (Kyûdô) en compagnie d’une gentille petite amie, c’est dans le dojo que finalement Yuzuru sera obligé de défendre à coups de flèches la vie de son amie et la sienne contre les créatures d’Azusa, ne pouvant éviter de la tuer. Il adoucit l’agonie de celle-ci en lui assurant qu’il ne la hait pas, et qu’elle a été manipulée en tous ses crimes par les abominables petits monstres en tous ses crimes. Or c’est l’inverse, le lecteur le sait bien. Elle a des excuses : son premier meurtre vers 10 ou 11 ans est d’avoir tué à coups de grosses pierres un garçon plus grand qui tentait de la violer. Elle tuera sa mère quand celle-ci essaiera d’étrangler le “démon” qu’est sa fille… Bref, on est loin de la rigolade. Le grand talent narratif de Rumiko T. est de pénétrer parfaitement les raisonnements névrotiques d’Azusa qui se considère comme parfaitement justifiée à chaque étape du récit. “Le fou est celui qui a tout perdu sauf la raison” (Nietzsche).
Mais c’est aussi la maîtrise psychologique de notre auteure qui nous fait éclater de rire si souvent dans Lamu : c’est “si bien vu !!”.On a aussi eu Mermaid’s en France à peu près à la même époque, prépublié dans Kaméha puis en format cartonné. Mais je ne sais plus si c’était Scar ou Forest… en tout cas, ça n’atteignait pas les 300 pages, enfin, je crois…
Mais pareil, j’adore ses récits d’horreur, et si Inu Yasha était un chouïa plus léger sur l’horreur, il était pas avare en folklore japonais non plus, comme pour Urusei Yatsura, en moins comique.Sinon, je crois bien en avoir parlé ici (sur le topic attitré je crois), mais il y a des mois de ça j’ai pu mettre la main sur les huit premiers volumes de Maison Ikkoku, sur les dix que compte l’oeuvre, et c’est un vrai plaisir de lecture ! Je vais pas me répéter sur la qualité d’écriture, mais c’est un des traits qui me font adorer Takahashi, bien plus que son dessin (j’aime bien le style, mais il n’évolue pas des masses depuis qu’elle s’est trouvée, je trouve). Encore aujourd’hui ses plus vieilles histoires sont encore des leçons de narration, et elles n’ont rien à envier aux nouvelles générations. Personnages profondément humains, situations de quiproquo qui ne durent jamais dix ans, évolutions des situation / relations logiques et fluides, humour qui touche toujours juste, situations effrayantes, de tout ce que j’ai lu de l’auteur, j’ai jamais rien eu à en redire, simplement parce que c’est bien écrit et pas cliché. Bien sûr qu’elle mérite mille fois d’être reconnue. ^^
Je redécouvre d’ailleurs Ranma 1/2 grâce à la nouvelle trad de Glénat (pour la première je ne suis jamais allé plus loin que le premier volume, traduit depuis la version américaine), une série que j’aimais suivre de temps à autre dans le Club Dorothée, mais même si j’accrochais plus que pour Juliette je t’aime à l’époque, je ne la suivais pas non plus assidûment. Cela dit, Shampoo, voilà quoi… Pareil que pour Lamu quelques années avant, un de mes premières amours animées, j’avoue. -_-
Bref, la seule chose que je reprocherais à Rumiko Takahashi, c’est sa stabilité graphique, mais bon, il est clair qu’elle est à l’aise avec ça, et moi, tant qu’elle sait raconter des histoires comme personne, je lui dis “change rien, c’est parfait ! ” 😀"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The DrumheadBien vu, Feanor ! Quelle virtuose de la narration !
Quant au charme de Shampoo, il ne se démontre pas, il s’admire comme une évidence. Car le dessin de Rumiko, certes peu évolutif désormais, est d’une grâce confondante. J’ai un grand dessin d’Akane à la plage en maillot de bain à motif de pastèque, eh bien Botticelli en casserait ses pinceaux…Si je dis pas de bêtises il me semble qu’en France glenat n’a traduit que mermaid forest.
J’espère toujours voir un jour le reste…J’ai failli me lancer dans la nouvelle édition de ranma mais mon budget me l’interdit. Entre le sens original, le format un poil plus grand, les cases non retouchées par des graphistes americains qui portaient des gants de boxe, une traduction fidèle, j’envie ceux qui vont découvrir ce chef d’oeuvre dans cette belle version.
Remontage de topic pour signaler la publication en français du début de la nouvelle saga de Rumiko :Mao. Il s’agit d’une lycéenne d’aujourd’hui qui découvre par hasard une shotengai(rue couverte emplie de boutiques et typique du Japon) dont l’autre extrémité débouche sur l’époque Edo et un autre monde fantastique. Un peu trop proche d’Inu Yasha ? Faut voir, ça commence à peine.
Au temps pour moi, j’ai acheté le tome 1 de Mao et l’héroïne Nanoka est une collégienne, laquelle débouche par ses allées et venues dans la shotengai non sur l’époque Edo mais sur l’ère Taisho, en mai 1923. Autant dire que le terrifiant incendie dont elle eut la vision à 7 ans est évidemment celui de septembre 1923, consécutif au tremblement de terre de Tokyo/Yokohama, tous les lecteurs japonais le devinent.
La narration, en jouant déjà sur cet “effet d’attente”, se montre très bien menée, comme toujours avec Rumiko Takahashi, Feanor tu adoreras donc. Le fantastique s’installe à la fois très progressivement (étrange servante du grand-père, étrange “smoothie”, cette boisson infecte) et brutalement. En fait un constant inattendu règne dans le monde de Mao, et pourtant la cohérence semble aussi parfaite que complexe. Nanoka est, sans en avoir conscience et c’est logique, d’un mental d’acier, et les pouvoirs surprenants qu’elle montre, tel celui de son sang, sont plus subtils que dans les trouze banals shônen avec monstres à dézinguer par les héros à coups de schmilblicks magiques.
Mao est un “Onmyôji”, et peut-être Takahashi a t-elle pensé au manga du même titre situé vers l’an mille par Reiko Okano et Baku Yumemakura (que Delcourt a malheureusement arrêté au volume 7). Il est typique des bellâtres plutôt androgynes aimés de notre mangaka, cela fait mignard mais a le mérite de gommer l’atmosphère équivoque qui pourrait émaner d’un adulte trop viril en relation avec une collégienne, d’ailleurs il est en fait sans âge.
Nanoka, aux cheveux courts, est elle aussi assez androgyne malgré un peu de poitrine ; une jeune femme de l’ère Taisho remarque en voyant sa jupette ultra-courte d’uniforme : “ça alors ! on voit drôlement bien vos cuisses !” (à noter que des associations familiales et féministes ont imposé au Japon le rallongement des jupes des collégiennes et lycéennes, mais Takahashi n’en tient pas compte).
Le petit garçon Otoya serviteur de Mao est un personnage amusant, et d’origine surprenante !
L’inattendu est constant dans ce manga, et aussi les clins d’oeil historicistes des costumes et décors Taisho (comme les enseignes en katakana de droite à gauche, et la haute tour à étages des années 1920). Je vais de suite me procurer le tome 2 !Tiens, par je ne sais quel miracle, j’ai réussi à me connecter. Je ne suis pas sûr que ça va durer mais bon, autant en profiter pour poster un peu.
Je n’ai pas lu le tome entier et, a priori, ne compte pas le faire avant de savoir où la série nous emmène. Je n’ai pas envie d’un énième clone qui va faire du sur-place pendant des dizaines de tomes. Mais j’ai lu le premier chapitre dans un magazine gratuit sorti par Glénat et j’ai trouvé le côté mystérieux du titre intéressant et tentant. La fille a plus de personnalité que Sakura dans Rinne (ce qui n’est pas bien difficile) ; le garçon est en revanche très classique. C’est davantage la situation dans laquelle les deux personnages sont qui est intéressante.Je n’ai lu ni Rinne ni Inu Yasha, Cyril, mais n’en ayant pas reçu des avis enthousiasmés je pense comprendre un peu d’hésitation de ta part sur Mao. Pourtant le tome 2 que je viens de lire tient les promesses du 1 : fantastique, mystères, inattendu, personnages remarquables comme la jeune prophétesse blanche qui rappelle Yuki, la “Dame des Neiges” de Lamau ; et que dire des abominables puces !! Humour avec les gentils yokaï aux tronches inénarrables qui viennent se faire soigner par Mao…
Ce tome s’achève au moment fatidique du 1er septembre 1923 à 11h 58, où éclata le grand “Tremblement de terre du Kanto” et où justement Nanoka vient de revenir encore une fois de son 2019…
Rumiko Takahashi lie son récit aux plus célèbres légendes du Japon, comme celle du poisson-chat géant qui sous-tend l’archipel, et celle du démon qui vers l’an mille s’empara d’une porte du Palais Impérial de Nara. Pour l’anecdote, à quelque distance à l’Ouest du Nara actuel (la ville s’est déplacée au fil des siècles), on est en train de reconstituer le Palais. J’y suis allé l’été dernier, il s’y trouve un quadrilatère de galeries modernes incluant un remarquable musée interactif, restaurant, souvenir-shop, etc., et une porte du 8e siècle reconstituée : serait-ce celle attaquée par le démon ?Je n’ai lu ni Rinne ni Inu Yasha, Cyril, mais n’en ayant pas reçu des avis enthousiasmés je pense comprendre un peu d’hésitation de ta part sur Mao.
Inu Yasha j’avais lu les 8 premiers tomes du manga que ma soeur possède. J’avais trouvé la série inégale, certains excellents volumes en côtoyaient d’autres très moyens.
Cependant, j’ai vu ensuite la série animée qui m’a donné la sensation de sublimer l’oeuvre originale, grâce à la réalisation technique splendide des studios Sunrise (beau design, animation très fluide, talent des seiyuu) et l’arrivée de Sango la belle Kunoichi et Miroku le moine un peu pervers ont su dynamiter le groupe composé de Inu Sasha, Kagome et Shippo.
A présent, j’aime beaucoup cette oeuvre car elle nous donne un bel aperçu de la richesse du folklore et de la mythologie Japonaise (même si c’était déjà le cas avec Urusei Yatsura/Lamu dans un registre bien plus burlesque). De plus, la relation amoureuse de Inu Yasha et Kagome évolue vraiment au fil de la série: Kagome reconnait ouvertement dans un très bel épisode son amour pour Inu Yasha, et ce dernier se montre au fil du temps plus gentil et attentionnée envers la jeune fille alors qu’il lui criait beaucoup plus dessus au début de la série…
Au sujet de Mao tes critiques me donnent vraiment envie de me plonger dans ce titre mon cher Yupa ! 😀
Après, je comprends aussi les réticences de Cyril au sujet de cette série (même si ce qu’il en a lu lui a plu) ne voulant pas d’une oeuvre fleuve faisant du surplace.
PS: désolé si je me suis raréfié depuis quelques jours sur le forum, j’ai eu quelques problèmes de connexion, et, depuis ma reprise du boulot, j’ai un peu moins de temps libre. Mais je serai bientôt en week end et je tâcherai d’être bien plus présent sur la banquise à ce moment là. 😉
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