(Pardon pour les accents inappropriés, clavier qwerty donc correcteur automatique de Word)
Nicolas.
Non, c’est moi qui suis désolé. Tu as pris pour de l’humour ce qui était – a ce moment la – plutôt du ressort de la condescendance. Les questions que je posais n’étaient pas des questions de pure forme, je voulais te montrer en quoi mon propos était différent de la caricature que tu en donnais. Je pensais que tu avais lu rapidement mon post et donc raté les limites que je donnais a ma critique.
Mais en fait, tu avais bien compris. C’est juste que le fossé idéologique qui nous sépare est plus grand que ce que je pensais. Je vais donc exposer clairement mon point de vue, et contrairement à ce que tu crois je ne suis pas le moins du monde gêné de le faire. Mais alors vraiment pas.
Pour être clair, ma position est la suivante : je considère comme au mieux inutile et au pire nuisible la notion de sacrifice pour sa patrie (et pour sa religion), qui plus est quand elle institutionnalisée. Si au lieu de la lettre d’un résistant mort pour des questions politiques on avait fait lire la lettre de Jules Saliège, qui certes n’est pas mort mais a risqué sa vie pour des questions purement morales, j’aurais dit pourquoi pas (Bien que ce soit limite du point de vue de la laïcité, c’est une belle leçon d’œcuménisme)
Le premier argument que j’ai est pratique, mais conceptuellement un peu faible. Ma critique du sacrifice pour la patrie dépasse le cadre étriqué des limites hexagonales. Si tu peux donc me dire que sans sacrifice, je serais sans doute nazi, je peux donc également te répondre que si les Allemands n’avaient pas été prêt a mourir pour leur patrie, il n’y aurait tout simplement pas eu de guerre. Le sacrifice pour la patrie n’est pas le seul apanage des vainqueurs ni des agressés ! Il est à part égale présent chez les vaincus et les agresseurs (D’où ma question sur le régime de Vichy). Et, a moins que je ne me trompe sur la nature humaine, quand on n’est pas patriotique au point de risquer sa vie, on a aussi moins de chances de considérer « l’étranger » comme un déchet a éliminer.
Deuxième argument. Comme je l’ai précisé dans les contours de ma critique, si je conchie le sacrifice pour la patrie j’admet bien volontiers le sacrifice pour sauver la vie d’autres personnes. En particulier, tout ceux qui sont mort pour avoir caché des juifs ont toute mon estime et ma gratitude.
Mais je ne me fais pas trop d’illusions. Comme tu le sais sûrement mieux que moi, la plupart des soldats américains qui ont débarqué en France ignoraient tout des camps d’extermination (une partie de l’ex-excellente émission de Tadei avait été consacrée a ce point) Et de même, l’image d’une France résistante se battant uniquement pour mettre fin a la barbarie eugénique Nazie a été amplifiée bien a propos a la fin de la guerre, quand on a découvert l’ampleur des massacres de population. L’imagerie anti-juive était déjà bien développe en France avant l’invasion germanique.
La ou je veux en venir, c’est que pour moi, la convergence des intérêts patriotiques et moraux en cette seule occasion relève plutôt du hasard heureux que de la règle.
Il suffit de regarder l’Histoire pour constater que de tout temps, les Hommes se sont sacrifiés pour leur patrie ou leur religion, et rarement pour sauver la vie de groupes de personnes (Combien de personnes se sont levées pour aller sauver des gens au Rwanda ? Au Soudan ? En Macedoine ? En Albanie ? En Serbie ?)
Cela dit, si je viens d’expliquer pourquoi la deuxième guerre mondiale est un cas un peu a part a cause de son cadre moral, il me reste à expliquer pourquoi une annexion politique « classique » ne me gênerait pas. Si l’on met de coté tout ce que le nazisme comportait d’eugénisme et de xénophobie, si l’Allemagne avait envahie la France, et alors ? A la place du cassoulet, du vin, et de Johnny Hallyday, ce serait des saucisses, de la bière, et Tokio Hotel (Et encore c’est vite dit, je suppose qu’on aurait gardé 90 pour cent de nos spécificités régionales) Et ça ne me gênerait pas puisque je serais Allemand. C’est peut-être dommage de notre point de vue, mais cela justifierait-il que l’on sacrifie sa vie pour éviter cela ? La réponse est complexe, et mérite en tout cas mieux qu’un embrigadement institutionnalisé.
Troisième argument, jouer avec la notion de sacrifice pour la patrie en ce moment, c’est un peu jouer avec le feu. Le problème du monde actuellement est plutôt d’éviter que trop de gens ne se battent inconsidérément pour la première cause venue. Si on commence à élever sur un piédestal tout ceux qui sont morts pour leur patrie, que peut-on dire a l’ETA ? Aux Corses ? Aux milices Irakiennes ? Aux palestiniens comme aux Israéliens ? Aux Russes comme aux Tchétchènes ?
Edité par Reiichido le 27-10-2007 à 02:53