Le Journal d’Annecy 2019 : Jour 1

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L’équipe d’AnimeLand est présente (en masse) au Festival d’Annecy ! Et comme chaque année, notre équipe vous propose son petit journal quotidien afin de vous tenir au courant de l’actualité du festival, mais aussi de poser – à chaud- un premier avis. On commence ce premier numéro avec le très attendu “nouveau Yuasa”, à savoir Ride your wave et la venue du premier invité de marque : la pluie.

Pa Ming sur messenger : Dans ma salle, les filles à côté de moi sont en train de parler d’AnimeLand !
Marichka : Ah ? Elle en disent quoi ? Du bien au moins ?
Pa Ming : Hum. Y’en a une qui demande si c’est un mag en anglais.
Marichka : Ah c’est tout ?
Pa Ming : Et elle ont décidés de pas le déchirer pour en faire des avions en papiers.
Marichka : C’est déjà ça. 

Ride your wave
Cette fois encore Maasaki Yuasa fait un sans faute avec sa nouvelle œuvre Ride your wave. D’après un scénario écrit par la brillante Reiko Yoshida (à qui ont devait déjà l’histoire de Lou et l’île aux sirènes), le film aborde avec justesse et émotion le thématique du deuil. On suit avec tendresse le parcours amoureux de Hinako, passionnée de surf, et de Minato, un jeune pompier… jusqu’à ce jour funeste où la vie de Minato est emportée par l’océan. Comment survivre quand la personne qu’on aime disparaît ? Hinako compte bien s’accrocher à son amour et ne pas le laisser partir, depuis qu’elle a découvert qu’elle pouvait communiquer avec lui grâce à l’eau. En plus de nous offrir une histoire poignante qui nous a fait verser notre quota de larme, le film est une merveille visuelle. Yuasa maîtrise parfaitement la notion de sakuga en animation, alternant économie et séquence en full anim’. Sans parler d’une direction artistique étincelante !

Atsushi Wada
Le cinéma d’Atsushi Wada est à milles lieux des robots géants et lycéennes aux grands yeux auxquels nous a habitué l’animation japonaise et aurait plus eu sa place dans l’émission De L’autre Côté de René Laloux. On reconnait tout de suite les court-métrages de cet artiste singulier, habités par des personnages rondouillards et des animaux étranges aux traits crayonnés faussement naïfs.  Et on admire à chaque fois leur remarquable gestion du rythme (avec un goût marqué pour les effets de répétition qui apporte une vraie musicalité) et du sound design, ainsi que leur surréalisme moins non-sensique qu’il n’y paraît. Si on s’interroge souvent devant les films de Wada, ils nous interrogent en effet en retour sur nos rapports sociétaux, nos rapports avec la nature, nos rapports avec nous-même et nos sens…

L’Extraordinaire voyage de Marona
La réalisatrice Anca Damian propose avec L’Extraordinaire voyage de Marona un ovni visuel de grande qualité ! Mêlant différentes techniques d’animation et ayant un univers graphique propre à chacune des trois parties du film, cette co-production française, belge et roumaine est un petit bijou d’originalité mais aussi d’empathie. En effet, l’intrigue, raconté à la première personne, nous dévoile la vie de Marona, une chienne qui se remémore ses souvenirs alors qu’elle est sur le point de perdre la vie. Cette fois encore, les larmes nous sont venues spontanément devant l’histoire de cet animal plein de vie et d’amour. On partage aisément la vision du film qui encourage à aimer comme il se doit les petites boules de poils, de plumes ou d’écailles qui partagent notre vie, comme des membres de la famille à part entière.

Aragne : Sign of Vermillon
On se rend très vite compte des limites techniques de ce projet “kickstarté” nous plongeant dans une ambiance entre l’austérité Texhnolyze et les trauma façon Monogatari. Le souci, c’est que le film allie avec horreur 2D et 3D (la modélisation des personnages est abominable), et ce malgré une photographie métallique froide du plus bel effet (surtout pour les plans de coupe). On regrette d’ailleurs que le réalisateur Saku Sakamoto ne se soit pas cantonner à livrer un métrage complètement en 3D (il occupé ce post sur Innocence). D’un côté, ce déséquilibre participe à l’inconfort du spectateur (la caméra tremble sans arrêt, le sound design est suffocant), et en ce sens l’expérience arrive à déranger, dans le bon comme le mauvais. Sur le fond, l’histoire navigue entre dystopie, thriller horrifique, niaiserie kitsch au possible et opacité narrative inutile. Quelque part c’est dommage, parce qu’au fond du tiroir il y avait matière à faire passer le message. Mais le film mérite le coup d’œil juste pour sa fin. Vraiment.

Modest Heroes
L’idée derrière ce petit omnibus de trois courts métrages, réalisés au sein du studio Ponoc par trois réalisateurs différents, est de s’attarder sur des héros du quotidien, sur l’héroïsme discret de tous les jours.
L’héritage de Ghibli est encore bien visible, tant dans la forme avec le chara design bien familier, que dans le fond avec les valeurs bienveillante et l’humanisme qui habite les histoires. Toutefois, on sent aussi la prise de distance et une volonté d’émancipation avec des parti-pris techniques novateurs et une certaine liberté créative laissée aux réalisateurs.
La séance s’est conclue par une mini-conférence où les dits-réalisateurs, en compagnie du producteur, ont pu s’exprimer. Ce fut également l’occasion pour eux d’annoncer la prochaine production du studio, un court métrage pour les JO de 2020 (qui sera peut être présenté à Annecy l’année prochaine si tout se passe bien ! ).

 

Hommage à l’animation japonaise – Court métrages nouvelle vague 
Cette sélection de courts-métrages expérimentaux s’avère assez inégale (on passe du pénible au sublime) mais à le mérite d’être particulièrement hétéroclite, tant dans les thématiques que dans les techniques. Mention spéciale pour notre part aux magnifiques jeux de lumières du clipesque et très Gondryesque Layers Act, à la surpuissance graphique de Ez3Kiell’oeil du cyclone“, à l’étrangeté grotesque mais fascinante de Unfamiliar Ones et à l’onirisme sombre et torturé de Ladybirds Requiem.

Playmobil
La cérémonie d’ouverture a été interrompue par les gilets jaunes parler de possibles restrictions budgétaires dans la culture. Puis la soirée a repris son cours avec un court-métrage inédit de Bugs Bunny et l’avant-première du film Playmobil. Attention! Il ne faut pas céder à la comparaison avec le film Lego. Ici, on est en présence d’un film familial estival comme Hollywood sait en faire depuis des décennies, de la fantasy et de l’aventure. Et pourtant, c’est bien On Animation! d’Aton Soumache (Le Petit Prince) qui est derrière ce grand spectacle. Les chansons ne sont pas mémorables, mais le film demeure très agréable.

White Snake
Après une première adaptation en anime du studio Toei en 1958, la célèbre légende chinoise du Serpent blanc est à nouveau adaptée en film animé, et à domicile cette fois. A noter que Warner Bros est coproducteur également, ce qui ne peut qu’être bénéfique pour une future distribution hors de Chine.
Les moyens sont en tout cas important et se voient à l’écran. On regrette juste que le style graphique des personnages soit un peu générique mais la direction artistique est globalement inspirée, avec une mention spéciale pour les magnifiques décors.
On devine parfois l’influence Disneyenne à certains détails mais le film s’en affranchit finalement avec un ton assez adulte. Et même si l’histoire ne manque pas de classicisme, difficile de rester insensible à son romantisme absolu et au souffle épique de ses combats.

On se retrouve demain pour la 2e journée !

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A propos de l'auteur

Bruno

Défendre les couleurs d'AnimeLand était un rêve. Il ne me reste plus qu'à rencontrer Hiroaki Samura et je pourrai partir tranquille.