Entretien avec Sol Kim, directeur du développement pour la France de NAVER WEBTOON

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Dans Animeland 231 avec Ghost in the Shell Stand Alone Complex_2045 en couverture, vous trouverez la première partie passionnante de cet entretien. Nous avions pensé à conserver quelques questions et réponses échangées avec Sol Kim pour vous les offrir au cœur de l’été…

Le Webtoon déferle sur le monde comme les plateformes de contenus musique et audiovisuels avant lui. Ce phénomène, initié en France par des pionniers comme Delitoon, bénéficie aujourd’hui de l’arrivée du géant coréen NAVER, le « Google » du pays du matin calme. Sol Kim, son expérimenté directeur du développement pour les États-Unis et désormais la France, répond avec précision à des questions essentielles en ces temps de changements des pratiques culturelles.

AnimeLand : Comme le manga longtemps avant lui, le Webtoon trouve son public dans des langues, cultures et pays très différents. Certains le mettent même en avant comme symbole du Soft Power coréen. Vous qui avez lancé Webtoon aux Etats-Unis et désormais pour la France, quel est votre regard sur ces constats ?

Sol Kim : C’est exact que ce qu’on appelle le « K-content », la création coréenne, n’a jamais reçu autant d’attention. BTS, Black Pink et les autres boys et girls bands font partie des pop stars mondiales et le film Parasite a reçu tous les honneurs, à Cannes et aux Oscars. Désormais, c’est au tour des webtoons coréens, les K-webtoons, de se faire remarquer tout autour du monde. Je crois qu’une des raisons à cela est notre expertise dans le développement des technologies en information. La Corée A une longue tradition dans la production de divertissements. Ces créations ont cependant été cantonnées au pays à cause de la barrière de la langue et des spécificités culturelles qui rendaient difficile et limitaient les exportations. Aujourd’hui, ces contenus peuvent être proposés aux consommateurs de manière beaucoup plus facile par le biais des grandes plateformes numériques et leur modèle économique que sont Youtube, Netflix, Spotify et donc Webtoon.

 

AL : Nous avons entendu une définition de Webtoon comme « le Youtube de la bande-dessinée ». Est-ce pertinent à vos yeux ?

SK : Oui, « le Youtube de la bande-dessinée » est juste mais s’applique surtout sur la partie créateur. Car Webtoon a une démarche éditoriale de soutien à la création originale qui le rapproche davantage d’un Netflix. En outre, nous avons développé des capacités de représentation et d’exploitation des propriétés intellectuelles, via des adaptations, des goodies, du merchandising, qui est un modèle qui rappelle Disney. Pour résumer, nous préférons désormais définir Webtoon comme… Webtoon en tant que tel car il est son propre modèle, il représente un nouveau schéma qui continue d’évoluer. On ne peut plus le réduire à un « le Quelque chose de la bande-dessinée ».

AL : les mangas numériques et les webtoons sont devenus des rivaux et servent de base aux séries originales devenues vitales pour les médias traditionnels tout autant que les plateformes de streaming. Dans la mesure où ces contenus numériques sont gratuits pour le lecteur, on peut dire qu’on assiste à une victoire de l’audience sur les succès dits commerciaux. Qu’en pensez-vous ?

Sk : Les contenus gratuits ne sont pas à proprement parler des contenus qui ne coûtent rien. Les services de streaming font payer un abonnement et les médias traditionnels vivent de la publicité. Nous travaillons au meilleur modèle susceptible de rémunérer les créateurs en fonction des différentes régions. Dans le cas particulier de Tower of God, la série est disponible via Crunchyroll et génère pour eux des revenus pour la France. C’est un modèle, et il y en a des différents suivant les régions et les acteurs. Je pense que les créateurs de contenus s’adapteront aux mouvements dans les médias dès lors que les revenus générés dans les nouveaux médias dépasseront ceux générés dans les médias traditionnels. Si cela arrive, ce sera dans tous les cas la volonté des lecteurs.

AL : Vous encouragez des jeunes artistes français : quels sont vos critères de sélection ? Pouvez-vous nous en dire plus sur les conditions de base proposée, sachant qu’elles ont évolué dans le temps ?

SK : Notre désir est de permettre à un maximum de créateurs de rendre accessible leurs œuvres très facilement à un maximum de lecteurs. Nous sommes ouverts à des sujets, des esthétiques, des approches narratives aussi variées que possible. Lorsque nous signons un contrat avec des auteurs, nous leur demandons de nous accorder les droits de publication numérique de leurs œuvres. Les contrats cependant peuvent varier suivant les séries et les auteurs. Webtoon crée un écosystème rémunérateur qui permet de commencer comme auteur de webtoon professionnel. Nous avons créé une plateforme de publication et de gestion des droits baptisée Canvas qui est active depuis début juin.

Propos recueillis et traduits par Sébastien Célimon pour Animeland 231, disponible dans toutes les meilleures librairies !

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Cami-Sama