L’événement est de taille : Mamoru Oshii vient de livrer ses techniques de création dans une masterclass de cinq heures. L’occasion pour nous de refaire le point sur la carrière du réalisateur.
Il ne faut jamais sous-estimer l’impact que peut avoir un enseignant ! Influencé par la cinéphilie et l’esprit critique d’un de ses professeurs, Mamoru Oshii se passionne pour le cinéma européen durant ses études. À 26 ans, en 1977, tout frais diplômé, il intègre Tatsunoko Productions où il fait ses armes en tant que story-boardeur, notamment sur Time Bokan. Trois ans plus tard, il suit son mentor au studio Pierrot, ce qui lui permettra d’enfin franchir le cap de la réalisation en adaptant pour le petit écran Urusei Yatsura en 1981. Le succès de la franchise lui ouvre les portes du cinéma avec un premier long métrage, Only You en 1983, et un second l’an suivant, Beautiful Dreamer. Oshii s’éloigne alors du matériau originel, quitte à froisser sa créatrice Rumiko Takahashi, pour proposer son propre style où les scènes contemplatives prennent le dessus sur l’action débridée.
Il persiste et signe avec deux autres œuvres sortant des canons de l’animation des eighties. Dallos, en 1983, devient historiquement le premier anime « direct to video » nippon (OAV), tandis que L’œuf de l’ange, en 1985, désarçonne le public par la lenteur de son rythme et les designs de Yoshitaka Amano, qu’Oshii avait rencontré chez Tatsunoko. C’est un autre ami de cette période, Kazunori Itô, qui l’invite à rejoindre un collectif de créateurs, Headgear, aux côtés de Yutaka Izubuchi, Masami Yûki et Akemi Takada. Ensemble, ils créent l’univers de Patlabor, dont Oshii réalise les OAV et les longs métrages (en 1989 et 1993), tout en se frottant pour la première fois à un film en prise de vues réelles, l’expérimental Akai megane (1987) suivi de Kerberos Panzer Cops (1991). La consécration arrive en 1995, avec Ghost in the shell, qui remporte un succès mondial ! C’est presque trop pour Oshii qui prend une pause de cinq ans avant de revenir à la réalisation avec le film live Avalon (2001) puis la suite de Ghost in the shell, Innocence (2004).
Désormais atout majeur de Production I.G, le réalisateur alterne entre longs métrages animés (The sky crawlers, 2008) et en prise de vues réelles (Assault Girls en 2009, The last druid : Garm wars, son premier film en anglais en 2014). Il décline même sur ce support l’univers de Patlabor avec une série déstabilisante, comme à son habitude. Après le léger Vlad Love, dont l’atmosphère colorée tranche avec son univers, Oshii revient à des thèmes plus matures en scénarisant The fire hunter, (actuellement sur Crunchyroll), et vient d’annoncer un nouveau projet de long métrage, Chimera. À 70 ans, le réalisateur prolonge donc une filmographie impressionnante… qu’il décortique dans une masterclass disponible sur le site de VOD Narô. Découpée en vingt vidéos pour une durée totale supérieure à cinq heures, elle est proposée avec des sous-titres anglais pour 75 $. Un prix finalement pas si élevé tant les occasions de décortiquer le processus créatif des artistes nippons sont rares !
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