#TBT : Rookies

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Du baseball et des voyous. Avec ses ingrédients, Rookies avait tout pour plaire aux Japonais. Mais si ce manga a triomphé il y a vingt-cinq ans, c’est pour être allé au-delà des attentes du lectorat…

À une époque, le lycée Futakotamagawa était réputé pour son club de baseball. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, ledit club n’est fréquenté que par des racailles qui n’aiment rien tant que draguer les filles, fumer des clopes et jouer des phalanges. À tel point que, suite à une baston générale sur le terrain, il vient d’être dissous. Pourtant, quand Koichi Kawato, le nouveau professeur de japonais moderne débarque dans l’établissement, il est persuadé que, grâce au sport, il est possible de remettre dans le droit chemin ces jeunes délinquants. Sa conviction, son optimisme et sa foi en la nature humaine inébranlables finiront par reconnaître que le baseball est leur principale passion. Mais le chemin pour remporter le tournoi national interlycées est long et ardu, surtout quand les autres équipes sont mieux entraînées…

Quand Masanori Morita débute Rookies, il fait face à une pression monstrueuse. En effet, sa série précédente, Rokudenashi Blues (disponibles aux éditions Pika) a triomphé à travers le Japon durant les années 1990, au point d’écouler ses 42 volumes à plus de 60 millions d’exemplaires. Pour son retour, les lecteurs du Shônen Jump s’attendent donc à retrouver une histoire de racailles trouvant la rédemption via le sport. Certes, c’est ce que Rookies proposera, mais sous un angle différent, grâce à la personnalité de Koichi Kawato. Là où, auparavant, les jeunes étaient livrés à eux-mêmes, il trouvent dans cette figure adulte d’autorité quelqu’un sur qui se reposer, prêt à leur faire confiance. Morita met en exergue l’humanisme de son héros jusqu’à le faire pleurer quand il lit des passages bouleversants de littérature japonaise, sans pour autant lui ôter sa virilité. Cette démarche se ressent jusque dans le dessin du mangaka : son encrage toujours aussi détaillé, hérité de l’époque où il assistait Tetsuo Hara, se fait particulièrement lumineux sur Rookies.

Ce changement de direction ravit les Japonais. Dès la sortie du premier volume, le 4 juin 1998, la série est un succès de librairie. Malgré des soucis de santé qui forceront Morita à se mettre en pause à plusieurs reprises, les 24 tomes de Rookies se vendront à plus de 20 millions d’exemplaires jusqu’à sa fin en 2003. L’impact est tellement fort sur le public nippon que, cinq ans après la conclusion, en 2008, une adaptation en drama cartonne à l’audimat, les premier et dernier épisodes durant deux heures ! Un long métrage sort donc en salles l’an suivant, et caracole au sommet du box-office dès la première semaine. Étonnamment, la série aura du mal à s’imposer à l’international. Beaucoup y voient en effet des points communs avec GTO (un prof atypique recadrant des délinquants) alors que les personnages d’Onizuka et Kawato ne se ressemblent en rien ! Ainsi l’édition française parue chez Tonkam à partir de 2000 n’aura pas connu le succès. Le marché ayant évolué, il serait bon qu’un éditeur se penche à nouveau sur ce manga de la seconde chance !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon