#TBT : Meg la sorcière

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Révolutionnant le genre magical girl avec une bonne dose de contenu adulte, Meg la sorcière a bouleversé l’animation au Japon il y  a cinquante ans… pour, au contraire, passer totalement inaperçue en France.

Malgré sa poisse, la jeune Meg fait partie des candidates au trône du monde des sorcières. Pour cela, elle doit en apprendre plus sur l’univers des humains et la « vraie vie ». Elle se retrouve ainsi confiée aux soins de Mamine Kanzaki (Mami), qui a abandonné ses ambitions royales pour épouser un humain. Cette dernière modifie magiquement la mémoire de son mari et ses enfants Robi et Apo (Robin et Apolline) pour qu’ils pensent que Meg est la fille aînée de la famille. Durant son initiation, Meg doit affronter divers monstres, mais également d’autres concurrentes au trône. Parmi elles, sa plus grande rivale, Non, est hébergée par l’adversaire historique de Mamine, Kilia (Agnès) ! Les deux jeunes filles sont surveillées de près par Chô-san (Chu), un agent envoyé par la reine des sorcières pas très objectif : souhaitant garder Meg auprès de lui, il fait tout pour saboter ses efforts ! Une preuve de plus que le pire ennemi de Meg, c’est la noirceur de l’âme humaine…

Majokko Meg-chan s’inscrit dans la lignée des magical girls de Toei, cycle entamé en 1966 avec Sally la petite sorcière qui durera quinze ans sur TV Asahi pour se conclure avec Le monde magique de Lalabel. Mais, entretemps, un phénomène a chamboulé les petits écrans nippons : Cutie Honey ! Alors que la série de Gô Nagai se termine le 30 mars 1974, Meg la sorcière débute sa diffusion deux jours plus tard, le 1er avril 1974… en s’inspirant des mêmes codes. À commencer par une grivoiserie pas toujours judicieuse ! L’attitude perverse du vieux Chô-san envers l’héroïne à peine majeure est plus que problématique (il va jusqu’à l’hypnotiser afin qu’elle se déshabille entièrement devant lui). En cela, Meg la sorcière anticipe le fan-service qui pullulera peu après dans les séries animées. Elle influencera également de nombreuses séries, comme Sailor Moon, à travers le caractère impétueux et combatif de son héroïne.

Avec des épisodes dirigés par le réalisateur de Mazinger Z, Yûgo Serikawa, et le futur réalisateur de Dr Slump, Minoru Okazaki, un character design de Shingo Araki, et des musiques de Takeo Watanabe (qui recyclera certains thèmes dans Candy Candy !), on pourrait s’attendre à ce que Meg la sorcière ait cartonné en France. Pas du tout ! Est-ce en raison des thèmes (parfois trop) matures comme les violences domestiques, les adultères, la consommation de drogues ou le deuil ? Toujours est-il que TF1 gardera la série au placard plus de trois ans après son achat pour finalement n’en diffuser que 19 épisodes pendant les vacances de février 1992, soit presque vingt ans après sa production. Cette version française ne bénéficie même pas de l’aura qui entourera l’interprète du générique quelques mois plus tard, une certaine Hélène Rollès ! Malgré ses nombreux passages problématiques sur le fond comme sur la forme, impossibles à cautionner aujourd’hui, Meg la sorcière n’en reste pas moins un jalon important dans l’histoire des magical girls et de l’animation japonaise, qui rappelle, si besoin était, les différences de perception culturelle entre Orient et Occident.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon