#TBT : Steamboy

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Il aura fallu attendre quinze ans après Akira pour que Katsuhiro Ôtomo réalise à nouveau un long métrage animé. Une patience qui a porté ses fruits : vingt ans après sa sortie, Steamboy est un classique de l’animation japonaise.

Et si l’Europe, au 19e siècle, avait fait des progrès considérables sur l’énergie générée par la vapeur ? C’est dans cet univers alternatif que se déroule Steamboy. Plus précisément dans l’Angleterre victorienne où Lloyd Steam et son fils Edward, surnommé Eddy, ingénieurs en machines à vapeur, mettent la main sur une eau venue d’Islande qui pourrait fournir une source infinie d’énergie pour leurs inventions. Une expérience en Russie permet la conception d’une sphère d’énergie mais à quel prix : Lloyd et Eddy semblent disparus à jamais ! Trois ans plus tard, cette steamball parvient à James Ray Steam, petit-fils de Lloyd et fils d’Eddy, adolescent qui vit à Manchester. Mais l’objet attire les convoitises de la fondation O’Hara, qui finançait les travaux de ses aïeuls. Durant sa cavalcade pour leur échapper, Ray rencontrera à l’Exposition universelle de Londres la fille du dirigeant, Scarlett O’Hara, découvrira la vérité sur cette fondation, mais également le sort qu’ont réellement connu son père et son grand-père

Après l’aventure Akira en 1988, Katushiro Ôtomo explore de nouvelles pistes dans l’univers audiovisuel. Il se tourne ainsi vers la prise de vues réelles, entouré de deux autres pointures également issues de l’animation. La scénariste Keiko Obumoto (Cowboy Bebop) signe, à partir d’une idée de Satoshi Kon (Perfect Blue, Paprika), le script de la comédie horrifique World Apartment Horror. Il met ensuite Kon sur le devant de la scène avec l’omnibus Memories en 1995, dont il signe le troisième volet, stupéfiant plan-séquence à l’esthétique occidentale. C’est à cette même période qu’Ôtomo développe le concept de Steamboy, qu’il envisage de prime abord de développer en trois OAV de 40 minutes. Le projet part à toute allure : dès juillet 1994, un mois après l’avoir annoncé, Ôtomo dessine le storyboard du premier épisode. Mais, le rythme se ralentit peu à peu face au défi technique que représente Steamboy.

De série d’OAV, le projet devient long métrage au budget pharaonique : 2,4 milliards de yens, soit le film d’animation le plus cher de l’histoire du Japon. Steamboy dépasse le record jusqu’ici détenu par Metropolis, également scénarisé par Ôtomo ! Car, outre le budget, la production explose également les délais : il faudra dix ans pour finaliser les 126 minutes du film qui sort dans les salles nippones le 17 juillet 2004. La raison ? Le nombre de plans numériques, 440, hallucinant pour l’époque, nécessite des ordinateurs surpuissants… et un temps de calcul particulièrement long. Visuellement, le résultat est à la hauteur des moyens mis en place, notamment la scène des débris de verre lors de la destruction du Crystal Palace. En revanche, beaucoup tiquent sur le scénario, qui souffre du changement de format OAV-film. Malgré un succès en demi-teinte (il finit 18e au box-office nippon et peine à l’international suite à une mauvaise distribution), Steamboy s’impose au fil des années comme un classique, ne serait-ce que pour sa technique qui a peu vieilli. Un rattrapage idéal pour l’été ?

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon