Interview auteurs de Red Earth

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AnimeLand : Qu’est ce que Red Earth ?

Shong et Walhan : C’est une histoire de science-fiction, entre space-opéra et anticipation. L’histoire se passe sur Mars, en pleine période de terraformation car la Terre est devenue invivable à cause de la pollution et de la guerre. Ce qui est important, le point clef, c’est que sur Mars se trouvent les dernières traces de la race humaine, la Terre est morte à cause de la folie des hommes, et comme disent les suprahumains pour justifier leur contrôle sur la population: “Ne les laissons pas assassiner notre monde comme ils l’ont fait à la Terre”. Un véhicule se fait voler, et l’héroïne, Talie, est en charge de le retrouver. Tous les suprahumains ont un nom de 5 lettres, en fait c’est presque plus un code qu’un nom. Ce qui nous permet de faire ressortir le côté artificiel de cette race.

AL : Vous êtes d’emblée parti du principe d’un personnage féminin ?

Walhan : De deux personnages féminins, en fait. Ce premier tome explique comment, justement, elles vont se rencontrer, et comment elles vont s’opposer avant d’être amenées à agir ensemble. Le fait de deux personnages féminins est calculé dans l’histoire. Pour être précis, la première est une humaine, l’autre une supra-humaine. Les supra-humains sont une race créée pour contrôler ceux qui gèrent la navigation entre les deux planètes. Ce sont des sur-humains, mais qui sont une sorte d’intelligence artificielle sans être des ordinateurs, plus raisonnée qu’émotive. Dans la chaîne de l’évolution, c’est une race supérieure, mais créée de toutes pièces. Cette race par ailleurs ne peut pas se reproduire sans les humains, et ceux-ci ont besoin de cette race pour contrôler les machines qui terraforment Mars. En fait, les suprahumains ont étés conçus pour contrôler les biopuces. Celles ci étaient nécessaires au voyage vers Mars, mais il n’y aura pas, dans Red Earth, de voyages spatiaux, de bataille dans les étoiles, etc… Actuellement, les biopuces servent à contrôler l’ordinateur qui dirige tout les systèmes de survie et la terraformation sur Mars. D’où la nécessité pour les humains de faire confiance aux suprahumains.

AL : Un scénario qui repose sur beaucoup de faits d’actualité comme l’attention que porte la NASA sur Mars, ou le clonage. Ces idées vous sont venues de manière innée ?

W. : Oui, sans pour autant qu’il y ait de revendication ou autre par rapport à ces thèmes. C’est le cadre de l’histoire, mais pas l’histoire elle-même.

AL : Le scénario est-il développé jusqu’à la fin ?

W. : Oui, les 12 volumes sont déjà scénarisés. En fait c’est organisé en 3 cycles de 4 volumes chacun. Le 1er cycle raconte l’histoire des deux héroïnes, on suit leur évolution jusqu’à un certain point, où le monde lui-même va changer de visage. Le second cycle débute quelques années après la fin du premier sur un autre problème déjà introduit dans le 1er cycle. 20 ans après ce second cycle, intervient le 3e, qui reprend un peu tout ce que l’on aura vu, et clos la saga. Là il y aura une fin définitive et nous n’avons pas prévu de suite. Bien sûr, toutes les questions soulevées trouveront leurs réponses.

AL : Immédiatement, on a envie de vous demander si vous vous êtes inspiré de la trilogie de Robinson (Mars la rouge, Mars la bleue et Mars la verte)?

w. : Non, on nous l’a beaucoup conseillé. Peut-être y-a-t-il des rapports, mais a priori cela n’a rien à voir avec notre histoire. On s’est vraiment concentré sur le parcours des personnages.

AL : C’est votre première oeuvre. Entre dessiner dans des fanzines et essayer de vivre de ses histoires, il y a un monde. Comment cela s’est- il passé pour vous ?

S. : En fait, moi, je faisais un fanzine, qui s’appelait Sho, et j’étais à Angoulême et c’est là que j’ai rencontré Alex (Créateur des éditions Végétal Manga promises à un avenir certain – NDR). Il m’a immédiatement proposé de lui présenter un projet. Donc je suis allé voir WALHAN.

W. : Moi j’avais beaucoup de scénarios que je gardais sous le coude et donc on a commencé à travailler sur des ébauches et on s’est lancé autour d’un concept plutôt manga, avec un environnement politique instable, des combats, des jolies filles et une base scénaristique originale.

AL : Comment vous partagez vous le travail ? Il y a définitivement une partition scénariste / dessinateur ?

S. : On s’occupe chacun de sa partie, mais on discute beaucoup au niveau du scénario, c’est plutôt chacun apporte ses idées, on en discute et on mélange. WALHAN est quand même plutôt le garant de l’univers, c’est lui qui va dire si une réaction de personnage ou un événement est crédible dans l’univers ou pas.

AL : Dans la capacité d’écriture, notamment à cette échelle, le jeu de rôle est quelque chose de fondamental pour toi ?
W. :
Oui. L’exemple parfait c’est que je joue beaucoup à Gurps, qui est un système de jeu, mais sans univers, et moi j’aime justement créer des univers dans lesquels je vais imaginer mes histoires. Il faut être cohérent, penser à tout. Même dans mon métier (game designer) je devais déjà gérer pleins de choses différentes.

AL : Dès que l’on tourne quelques pages de Red Earth, on relève un certain nombre de clins d’oeil, Star Wars, Jin-Roh

S. : Evidemment, surtout dans le dessin, on a des sources d’inspiration. Mais cela permet aussi de poser une ambiance. S’il y a un garde qui ressemble à un Panzer Cop de Jin Roh, c’est que cela nous permet aussi de faire bien sentir le côté “chien de garde” du personnage. Ces références sont un peu comme des outils qui nous permettent de plonger le lecteur dans une atmosphère particulière. Les influences après elles sont là ; et c’est logique, on appartient à sa génération.

AL : Vous êtes plutôt happy end ou pas ?

W. : Non, pas trop.

AL : Au niveau du dessin, tu véhicules très précisément des influences croisées entre comics et manga ?

S. : Oui, mais c’est aussi une recherche. C’est un état qui me permet de pratiquer avant de trouver définitivement mon trait, mais je suis d’accord pour dire qu’il y a des influences croisées à ce niveau. Cela aussi c’est un fait de génération. Pareil pour la narration, on est sur quelque chose de plus asiatique car c’est plus parlant pour nous, et plus abordable. Mais pour les combats, on travaille beaucoup à partir de photos de combats d’arts martiaux que l’on prend nous-même.

AL : Comment va se présenter, pratiquement, Red Earth ?

W. : Ce sera un format style Ikkyu (entre poche et semi-format, NDLR) de 150 pages environ par volume sur un ensemble de 12 tomes en noir et blanc tramé.

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