Interview de Pierre Faviez, numéro 1 de la chaîne Mangas

Mangas existe depuis 1996/1998. Vous êtes le plus vieil acteur du marché. Quel est votre bilan ?
Pierre FAVIEZ : La chaîne, qui s’appelait AB Cartoons à ses débuts, est arrivée en 1996 via le satellite en numérique sur le bouquet AB Sat et elle est devenue Mangas en septembre 1998 dans un souci de meilleure identification face à une concurrence qui commençait à s’intensifier. Dès le début, la chaîne a bénéficié de l’important catalogue de droits audiovisuels d’AB Groupe en diffusant les succès de La Cinq et du Club Dorothée (au moment où les chaînes historiques hertziennes ne les proposaient plus).
Mangas opère un premier changement important en 2002 avec les arrivées sur son antenne de futures séries cultes (One Piece, Saiyuki…) et la multiplication des versions remasterisées intégrales d’anciens succès (Chevaliers du Zodiaque).
En 2009, c’est l’arrivée d’un nouvel habillage antenne, marquant la modernité de la chaîne qui se tourne alors vers la culture japonaise dans sa globalité (le catch japonais, les magazines de jeux vidéo, de jeunes animateurs et les divertissements japonais font leur entrée).
Depuis le 4 octobre 2013, Mangas est plus que jamais en phase avec l’actualité venue du Pays du Soleil-Levant : J+1 est le nouveau RDV dédié au simulcast avec les meilleures séries proposées au plus près de leur diffusion au Japon à J+1 (Nisekoi, Space Dandy, KILL LA KILL…). Bien qu’étant le plus ancien acteur du marché, Mangas s’est mis à l’heure d’Internet en se développement sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter…) où elle répond en direct aux téléspectateurs, et fait preuve de dynamisme avec d’autres projets d’envergure pour 2014. Le bilan est donc très positif tant au niveau des audiences que de l’image de qualité que Mangas a su acquérir au fil du temps.

Comment votre vision du marché a-t-elle évolué depuis vos débuts ?
P.F. Il est indispensable d’être en phase avec le marché qui est de plus en plus exigeant. Nous devons être réactifs par rapport aux attentes, voire être proactifs pour les deviner et les devancer. Tout va très vite maintenant ! C’est pour cette raison que nous proposons du simulcast.

Quel regard portez-vous sur vos concurrents et notamment la nouvelle chaine J-One ?
P.F. La concurrence est toujours une bonne chose au sens où elle crée une émulation et vous amène à régulièrement porter un nouveau regard sur ce que vous faites afin d’aller de l’avant et de proposer de nouveaux concepts. Dans l’univers des diffuseurs d’animation japonaise (Nolife, J-One, Game One, KZTV…), chacune des chaînes a le mérite de proposer des offres complémentaires. La force de Mangas est sans doute de pouvoir s’adresser à la fois aux nostalgiques qui ont grandi avec des programmes fédérateurs des années 70/80/90 (Nicky Larson, Goldorak, Cobra…), et aux fans de japanimation de la nouvelle génération qui sont plus jeunes et veulent de la nouveauté en priorité (avec le simulcast de J+1, par ex).

Quel regard portez-vous sur le Simulcast ?
P.F. Nous sommes fiers d’avoir été des pionniers en matière de simulcast à la télévision. Nous avons à cœur d’être au plus près de l’actualité : les jeunes aujourd’hui sont dans la simultanéité (les nouvelles séries animées qu’ils connaissent du Japon grâce à Internet, ils veulent les voir en quasi-simultané en France). Notre RDV J+1 répond vraiment à cette attente en termes de réactivité.

Cette année vous proposez plusieurs simulcast. Comment avez-vous fait vos choix ?
P.F. Pour connaître les attentes des fans de japanimation, il est très utile de se rendre dans les salons qui leur sont destinés (Japan Expo, Paris Manga…) où vous saurez très vite ce qu’il faut absolument dénicher, mais aussi surfer sur les forums de discussion dédiés et les réseaux sociaux. S’intéresser de très près également aux sorties manga papier chez nous est un bon baromètre des succès actuels dans le milieu de l’édition et à venir pour la télévision. Par exemple, nous savions que l’édition papier de Nisekoi fonctionnait bien en France (un très bon retour de la part des lecteurs). Quand nous avons appris que le Japon s’apprêtait à adapter ce titre en animation, nous avons immédiatement fait le nécessaire pour en acquérir les droits de diffusion pour Mangas dans J+1.

Comment s’inscrit Mangas dans cette stratégie de simulcast ?
P.F. Avec J+1, c’est la promesse d’être au plus proche entre la diffusion d’un animé au Japon et en France sur Mangas. Nous avons installé un RDV quotidien avec une programmation claire et facilement identifiable : les épisodes du Lundi Mardi Jeudi Vendredi à 21h sont rediffusés environ 2 heures plus tard à 23h20 et en bloc de rattrapage samedi, dimanche et mercredi. Nous avons parié sur le simulcast, et les dernières audiences de J+1, qui sont excellentes, tendent à prouver que notre stratégie est payante.

Quels sont vos meilleurs programmes ? ceux qui rencontrent le meilleur succès et pourquoi d’après vous ?
P.F. Les programmes qui rencontrent le plus de succès sur la saison 2013-2014 sont autant des séries récentes (Fullmetal Alchemist Brotherhood, Code Geass, Beelzebub…) que des mangas cultes nostalgiques (grâce à l’énorme succès de Goldorak, Mangas a réalisé ses meilleures audiences, toutes séries confondues). Le simulcast, proposé depuis le 4 octobre 2013 sur Mangas, a su trouver son public, et l’arrivée de nouvelles séries fortes consolidera sans doute les audiences du nouveau RDV J+1 (Coppelion et Beyond the Boundary ont ouvert la voie du simulcast sur la chaîne et les premiers résultats ont démontré un très bon démarrage). Nous faisons en sorte de proposer les meilleures licences tournées vers l’aventure, l’action et le fantastique au sens où, outre leurs qualités intrinsèques, elles ont déjà une notoriété auprès du public que nous visons (essentiellement les 15-34 ans). A partir de là, nous sommes à peu près sûrs qu’elles rencontreront le succès sur notre antenne.

Avez-vous des séries transgénérationnelles ? lesquelles et pourquoi d’après vous ?
P.F. Goldorak est caractéristique de ce profil de séries dites « transgénérationnelles ». Absente des écrans français depuis 1997, son retour en grande pompe sur Mangas en 2013 (mais aussi en DVD chez AB Vidéo) était très attendu des fans de la première époque (celle de Récré A2) mais aussi de la deuxième époque (celle du Club Dorothée) : en effet, Goldorak a été diffusé régulièrement en France de 1978 à 1997, soit 2 générations d’enfants ! Aujourd’hui, les parents qui regardent la série sur Mangas, le font aussi avec leurs enfants (de nombreux témoignages sur les réseaux sociaux de Mangas en attestent) ! Les Chevaliers du Zodiaque, une licence qui a su se développer au fil du temps avec de nombreuses déclinaisons (la série classique, la saga Hadès, The Lost Canvas sont régulièrement diffusés sur Mangas), réussit également ce tour de force ! C’est également le cas du personnage Albator – Le corsaire de l’espace dont Mangas a été partenaire de la sortie du film au cinéma, qui est un succès confirmé, et qui a su réunir plusieurs générations. Outre les raisons venant d’être invoquées, ces séries continuent sans doute d’être plébiscitées d’une génération à l’autre grâce aussi à leur qualité de réalisation et les thèmes intemporels mis en avant : ceux de la justice et du bien mais aussi l’idée d’une quête initiatique…

Pour l’avenir, vers quel genre de programmes et projets souhaitez-vous tendre ?
P.F. 2014 va être une année importante placée sous le signe de l’évolution et de la diversification, notamment un nouvel habillage antenne pour Mangas, l’arrivée de la J-Pop dans un prochain RDV musical régulier ainsi que de nouveaux concepts sur les jeux vidéo… Côté programmes, nous allons renforcer notre offre simulcast et continuer à proposer le meilleur de la japanimation.