Bon, je ne sais pas trop ou poster ça, mais cet article est super intéressant, sur la gué-guerre fansub/éditeurs :
La nouvelle a vite fait le tour. Samedi dernier une team de fansub, la Ame no Tsuki annonce que deux de ses membres vont se charger du simulcast de Dance in the Vampire Bund pour le compte de Dybex. Forcément, avec ce genre d’annonce, on a surtout deux réactions. Les félicitations d’un coté avec le travail des teams de fansub enfin reconnu, la levée de boucliers de l’autre avec – pour rependre l’expression – un “nivellement par le bas“.
Je ne m’attarderai pas sur les autres réactions de teams soit jalouses, soit conspuant les collabos, ils sont fidèles à eux même et reste profondément ancrés dans leur idiotie.
Tandis que le week-end passait et que tout le monde y allait de son interprétation optimiste ou pessimiste, les deux compères à la tête de la team Ame no Tsuki, AseRikoR et LuxuS ainsi qu’un membre de leur team essayaient tant bien que mal de communiquer et de s’expliquer face à une horde sauvage mélangeant entre autres quelques professionnels sérieux du milieu de la traduction à des blogueurs acharnés.
Difficile donc dans cette ambiance de démêler le vrai du faux, de bien interpréter des annonces parfois maladroites et surtout, d’avoir enfin la version de l’éditeur.
Après la mise en ligne d’une première vidéo sur le compte Dailymotion de Dybex ce week-end qui confirmait l’implication des deux jeunes gens au sein du processus de simulcast de la série, Dybex propose ce lundi une nouvelle vidéo de qualité supérieure avec enfin une annonce plutôt conséquente.
Mais plutôt que d’en recopier ici l’intégralité, je me permets de revenir sur certains points évoqués dans l’annonce qui me semblent importants.
Dybex continue ses simulcasts en proposant les épisodes rapidement après leur sortie à la tv japonaise. Jusque là, rien à redire et on aime carrément.
Ensuite, et c’est là que ça devient intéressant, Dybex veut tenter l’expérience en faisant correspondre ses simulcasts non pas aux contraintes techniques des dvd, mais aux “codes” du fansub (couleur, karaoké, longueur des textes…).
Et c’est là que ce n’est pas idiot et couillu car rappelons le, il y a grosso modo deux publics qui regardent les animés.
Tout d’abord, il y a celui qui achète les dvd et qui demande une bonne traduction, une police de caractères classique et une image de qualité.
Puis, il y a le public du fansub qui veut la retranscription exacte des dialogues (enfin qu’on lui fait croire car celle-ci reste surtout basé sur du sous-titres anglais), des couleurs et des polices funny qui arrachent les rétines, des karaoké en français, japonais et kanji avec une petite baballe qui donne le rythme comme en vrai, une image là aussi de qualité… pour certains…
Jusque là, pas grand chose de neuf. Ces publics sont diamétralement opposés.
Alors qu’avec FMA nous avions quelque chose de conforme aux contraintes DVD et qui donc, en simulcast, n’était pas totalement attirant pour les fans des codes du fansub, Dybex essaye ici de contenter les deux publics. D’une part le public fansub en exploitant les possibilités que lui offre le simulcast et s’affranchissant des contraintes techniques de sous-titrage qu’il s’était lui même imposé sur FMA. D’autre part en proposant plus tard en DVD une version refaite des sous titres qui correspondront aux contraintes techniques habituelles que l’on connait et qui satisfera les acheteurs de DVD. Et là, tout le monde est content… ou presque.
Le pari est osé et si l’on regarde tout cela d’un certain point de vue, ce n’est pas si bête.
Dybex fait du fansub… mais légalement.
Plutôt que de partir se battre contre des moulins à vent et faire comme toute ces multinationales qui ne voient qu’une réponse pénale à ce genre de pratique, ils décident d’aller s’implanter sur le terrain “ennemi” et de le comprendre afin de le satisfaire.
Pour cela, ils embauchent en connaissance de cause deux personnes issue d’une team de fansub pour faire ce qu’ils ont l’habitude de faire mais cette fois ci de manière légale. En payant les dites personnes et pour que tout cela ramène le public vers leur page Dailymotion. Nous avons donc en quelque sorte la team de fansub légale Dybex.
Reste la questions à 100 balles (100 francs pour les plus de 20 ans. 😛 ) : quid de la traduction qui est au centre de bon nombre de débats.
On le sait, la qualité des sous titres de fansub est – pour rester poli – à 90% médiocre. Une traduction approximative, souvent réalisée à partir d’un anglais lui même parfois approximatif.
Pour le cas présent, nos deux freelance de Dybex ont les versions studio en plus de l’audio. Bien entendu la version studio diffère parfois légèrement de la version enregistrée.
Ils ont donc ces deux supports pour traduire et ont admis ne pas être des experts en japonais. Ils ont des notions, s’aident de dictionnaires et autres traducteurs ainsi que de la version anglaise pour certains mots ou expressions.
Nous pouvons tout de même admettre – comparativement à d’autres teams – qu’étant sous contrat signifiant un travail propre et soigné, c’est un plaisir personnel qui les animent et qu’ils doivent ressentir une certaine fierté vis-à-vis de la confiance qui leur ait accordé, prouvant leur capacité à accomplir un tel travail. Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons que penser qu’ils font du mieux qu’ils le peuvent.
Ils ont également l’avantage d’être chapeautés par une personne de Dybex qui relit et reformule au besoin leurs phrases, donnant ainsi au final une qualité fansub supérieure à la moyenne.
Pour une série qui allait de tout de façon finir en fansub, autant préférer une version correcte et supervisée un minimum qu’une version amateur navrante. Inutile de se voiler la face, c’est bien ce qui se serait produit.
Alors oui je suis d’accord : nos deux gaillards ne sont pas de vrais pros reconnus dans le milieu capable de nous sortir une traduction d’excellente qualité.
Mais il faut bien se rappeler que les vrais pros dans le métier se font parfois rares voir ont disparu chez certains éditeurs de mangas ou d’animés. Certaines boites soit disant professionnelles nous fournissent un travail plus que médiocre voire bien pire, oublient des phrases ou sont incapables d’orthographier un nom propre en se trompant parfois carrément de nom. Et pourtant, c’est leur métier.
Je ne parlerai pas des traducteurs embauchés de façon obscure ou des pseudos traducteurs que l’on peut retrouver lors d’interviews et qui, pour certains, au mieux vous sortent un truc incompréhensible soit disant en français ou au pire, déforment une question toute simple et font donc répondre à coté de la plaque votre interlocuteur.
Finalement les deux petits bonshommes sont conspués parce qu’ils viennent du milieu fansub mais on oublie que des traductions qui ne sont pas d’excellente qualité pullulent dans nos bibliothèques et vidéothèques. Des ouvrages que l’on paie…
Je ne suis bien sûr pas pour un nivellement par le bas et ne suis pas le dernier à regretter que tout ne soit pas parfait.
J’encourage au mieux par le dialogue et mes achats les éditeurs qui nous livrent des produits de qualité. En tant que consommateur et média c’est le seul moyen dont je dispose. Et je continuerai ainsi car jusqu’à preuve du contraire, je ne peux pas prendre les décisions à leur place et c’est bien mon seul moyen pour leur faire prendre conscience que bien faire un boulot c’est autant gratifiant pour eux que bénéfique pour le consommateur.
C’est bien plus constructif que toutes les insanités qui pullulent sur internet.
Maintenant, il reste à savoir si pour le support DVD nous aurons le droit à quelque chose d’encore plus propre.
Pour répondre aux règles des dvd les sous titres seront forcément refaits par nos deux compères et bien sûr seront soumis à l’approbation de l’éditeur.
C’est là qu’est la grande inconnue. Que fera Dybex ? Un contrôle des sous titres par un traducteur professionnel ? Ou pas ?
Parce que bien entendu, si c’est le cas, il faudra certes payer le traducteur, mais de façon moindre car il ne fera pas tout de A à Z, forcément. Et là, spéculation de ma part, payer (surement) peu les petits jeunes et aussi un peu un professionnel pour la relecture est surement plus rentable qu’un pro dès le début qui en plus ne dispose pas des mêmes compétences techniques que ces deux jeunes sur le simulcast. Pour cela, il aurait fallu payer une autre personne de plus, les quelques loulous actuels de chez Dybex étant suffisamment surchargés niveau boulot.
Finalement le contrat de prestation revient bien moins cher pour des petits boulots par-ci par-là. Ce qui se comprend parfaitement quand les finances et le marché sont loin d’être au beau fixe.
Pour en revenir à cette histoire de simulcast façon Fansub, je me dis que par cette initiative c’est peut-être la piste à suivre pour sauver en partie le marché de l’animation en France.
Oui je sais, c’est gonflé de dire ça mais involontairement, Dybex donne quelques solutions.
Si à l’avenir les éditeurs japonais vendaient à moindre frais du simulcast aux éditeurs étrangers, que l’on faisait traduire à faible coût ces animés par des personnes (un minimum compétentes et contrôlées qualitativement) issues du fansub qui plairaient aux leecheurs et que les coûts étaient amortis en partie par la diffusion sur les plateformes Dalymotion et compagnie – elles-mêmes sponsorisées par des annonceurs (comme dans les B.A. où l’on voit obligatoirement la pub Bic avant le lancement de la vidéo) – on aurait là un moyen de pouvoir voir légalement tout les animés qui de toute de façon ne sont réservés qu’à un public restreint et qui n’ont aucune chance de sortir en dvd.
D’un autre coté après une adaptation aux contraintes du DVD on sortirait finalement en galettes les licences au réel potentiel commercial (comme FMA) dans ce marché où le support matériel diminue de plus en plus et qui, quoi qu’on fasse, ne concernera dans le futur qu’un marché spécialisé.
Ce moyen a au moins le mérite de constituer une offre gratuite et de rétribuer les auteurs. Alors bien sûr les éditeurs japonais devront brader leurs licences et ça ne se fera certes pas sans douleur mais entre un Kamichu qui ne sortira jamais du Japon et donc qui ne rapportera rien et une exploitation en simulcast qui rapportera un minimum, le choix pourrait s’avérer judicieux.
Je fais certes abstraction d’autres paramètres pour mon raisonnement qui est d’ailleurs imparfait, mais plutôt que de lutter contre quelque chose qui ne disparaitra pas, le mieux reste encore de réfléchir à pourquoi le fansub existe et quelles méthodes pourraient arriver à contenter le plus de monde possible en réduisant en grande partie la raison d’être du fansub. Reste à espérer que les studios nippons y réfléchiront à deux fois avant de mettre la clé sous la porte.