Merci pour ce post, avec cet avis intéressant et très détaillé ! Je l'ai lu avec intérêt, même si je ne suis pas d'accord avec beaucoup de points. 😉
Je pense ne pas partager ton point de vue car j'ai connu Gankutsuou, le comte de Monte-Cristo dès sa sortie, il constituait vraiment une grosse claque technique avec ses graphismes hallucinants, son système de trames et sa 3D bien intégrée. Depuis, l'eau a coulé sous les ponts au niveau technique, mais l'univers est tel que finalement, Gankutsuou reste toujours le meilleur anime de Gonzo, et le système de trames n'a quasiment été réutilisé nulle part.
Autre point et le plus important selon moi : j'avais lu le roman et vu plusieurs adaptations étant gosse (même celle de Depardieu, voui voui <img src="style_emoticons//happy.gif” style=”vertical-align:middle” emoid=”^_^” border=”0″ alt=”happy.gif” />), aussi toute l'histoire n'avait d'entrée que peu de secret.
Ainsi, j'ai trouvé le choix d'adopter le point de vue d'Albert atypique et excellent, puisqu'il permet de porter un regard absolument nouveau et frais sur une intrigue parfaitement connue. Il est vrai, finalement, que le choix d'un héros jeune est assez classique pour un anime ; c'est pourtant une vision inédite que, peut-être (?), seul ce format et l'imagination japonaise pouvaient apporter.
Albert incarne à lui seul tout ce que le comte peut avoir en horreur puisqu'il est le fils qu'il n'a pas eu, le fruit de l'union de la désirée Mercédès avec son traître de cousin. La relation que développe l'anime entre Monte-Cristo et Albert est très intéressante, entre un rapport père/fils voire Monte-Cristo/Dantès, vieillesse désabusée et haineuse vs l'innocence de la jeunesse. Gankutsuou semble ainsi initier le jeune homme à la “saleté” adulte, il le salit d'ailleurs dès le début avec l'histoire des cartes et des condamnés. Pourtant, Albert garde une certaine pureté intacte malgré les épreuves, il parvient même à enfin s'avouer son amour pour Eugénie ; par lui émerge donc un message final d'espoir, à travers un récit globalement sombre.
L'histoire de Monte-Cristo ne se place jamais du point de vue des enfants, pourtant ils sont eux aussi des victimes de la vengeance du comte, ignorants du passé et de ce qui leur vaut un tel châtiment. Dans la vision inédite de Gankutsuou, on appréhende mieux ces personnages, et l'on voit d'un autre œil les effets collatéraux que peut avoir sa vengeance.
J'avais beaucoup apprécié Albert, sa fraîcheur et sa naïveté, ainsi que son histoire touchante avec Eugénie. Je te rejoins sur celle-ci d'ailleurs, elle est vraiment l'un des meilleurs personnages de l'anime, belle, dynamique et affirmée. Je me souviens de la séquence où elle donnait sa représentation de piano comme l'un des meilleurs moment de la série, avec un très beau plan où elle semblait se jeter dans son instrument.
J'avais aussi beaucoup aimé Haydée et son incroyable kimono, jeune fille d'apparence jolie et sensible qui pourtant cache une grande blessure et une vraie haine en elle (elle a bien plus d'épaisseur que la simple princesse déchue de Janina, récupérée comme témoin de procès).
Bien entendu, le comte est la grande vedette du show, tragique et machiavélique à souhait.
Le potentiel de Franz se révélait surtout lors du fameux épisode aux armures ; sa fin magnifique exprimait enfin le vrai caractère du personnage, et donnait aussi du grain à moudre aux fangirls avec son subtext shônen ai. <img src="style_emoticons//happy.gif” style=”vertical-align:middle” emoid=”^_^” border=”0″ alt=”happy.gif” />
Quant aux autres, n'est-ce pas facile de les trouver clichés aujourd'hui ? Ils m'avaient paru fidèles au roman, qui lui n'est plus tout jeune. Petit remarque au passage concernant le design : avec le recul, je me demande si Cavalcanti a influencé le physique de certains autres personnages aristocrates déviants comme le vicomte de Druitt dans Kuroshitsuji ou Vincent Nightray dans Pandora Hearts, ou s'il répondait déjà à un certain code esthétique commun (il faut se méfier de l'angélique blondeur !).
Enfin, j'avais adoré la transposition dans un monde futuriste, avec des planètes à la place des îles ou pays lointains, des vaisseaux spatiaux à la place des bateaux etc. Cela n'empêchait en rien la bonne compréhension de l'intrigue, c'était très fidèle tout en proposant quelque chose de nouveau et de visuellement hallucinant. Le combat en armure prend une telle dimension dramatique quand, au lieu d'un duel classique, ce sont ces mastodontes de fer qui s'entrechoquent ! (et quand, malheureusement, on sait que Franz est en train de mourir à l'intérieur !).
J'avais aussi beaucoup aimé l'idée de Dantès passant un pacte avec Gankutsuou dans la caverne. Dans le roman, Dantès connaît déjà une sorte de renaissance en sortant du château d'If (le cadavre jeté à la mer, la sortie de l'eau), puis, plus tard, une renaissance sociale en tant que Monte-Cristo. L'anime propose une autre analyse avec une mort et une renaissance dès la caverne, dès qu'il choisit de se consacrer entièrement à la vengeance et de nouer ce pacte avec le démon symbolique. On sait d'ores et déjà que son ancien lui n'existe plus, de même que son humanité ; on comprend mieux pourquoi il n'a malheureusement plus rien à dire à Mercédès, et pourquoi rien ne pourra l'attendrir, pas même les tentatives de dialogue assez pures d'Albert.
En bref, non seulement Gankutsuou est un anime esthétiquement stupéfiant (n'oublions pas son excellente OST), mais en plus l'univers rétro-futuriste singulier et le choix d'Albert comme personnage principal apportent une vision inédite de cette histoire passée dans le domaine du classique. Pour ma part, j'avais été absolument bluffée par cette série et mon dernier visionnage (le 4e ou le 5e, je crois) m'avait autant enthousiasmée qu'à sa découverte. 😃