Bon, de retour sur la banquise je vois arriver pleins de sujets intéressants (le fansub et l'”art” de la critique) mais je vais reposter ici (c’est cool, il fait plutôt bon et puis les discussions sont amusantes) surtout après avoir découvert -je le jure à l’insu de mon plein gré !- que j’avais une définition althussério-sartrienne du manichéisme…o_O.
Premièrement, Lord Yupa, je réagissais à tes propos sur les “gauchos” et les gens de droite, qui, s’ils étaient marrant à lire, me font penser un peu plus que ce qu’on appelle la position centriste est légitime mais que comme toute position (donc j’y inclus la mienne, je pense que chacun l’aura deviné de gauche :cow:) elle est loin, très loin, d’être dans une espèce d’impartialité ou de “désengagement passionnel” par laquelle celles et ceux qui la revendiquent (du moins celles et ceux avec qui j’ai pu en discuter), tentent de faire penser -comme tous les autres- qu’ils sont plus réalistes.
J’ai relu des posts de toi et Reii et je viens de tilter que ce qui revient souvent chez vous, c’est cette forme de méfiance envers l’engagement pour toi et la nécessité de garder à l’esprit que les choses sont complexes pour Reii. Dans les deux cas je suis entièrement d’accord, il n’y a aucun problème. Mais dans vos propos on a l’impression qu’il y a soit le radicalisme accompagné d’une forme d’illusion (de gauche ou de droite) ou le réalisme centriste, plus sensible à la “complexité”. Il est fort probable que je surinterprète la chose mais en relisant certains de vos posts (notamment ceux de Reii sur le “zapping” ou les tiens, Lord Yupa sur l’opposition à Sarkozy) c’est ce qui ressort assez nettement.
Je le répète une énième fois, en soit, je n’ai rien contre la position centriste (que je trouve plus raisonnable que les excès de gauche qui parfois, frôlent l’arrogance et le mépris envers les gens les plus dépossédés…) mais comme toute prise de position politique elle est relative c’est à dire en position par rapport à une autre prise de position elle même liée à une autre, dans un certain espace (espace qu’on pourrait très certainement construire pour en dégager des indications satistiques) . Ironiquement tu parlais de “tour d’ivoire centriste” dans ce topic , à je ne sais plus quelle page. C’est très certainement une blague et j’en tiens pas vraiment rigueur. Mais si je m’en tiens avec toutes les interviews (lues ou entendues) ou les discussions que j’ai pu avoir avec des “centristes”; il ressort très très souvent ce rejet d’un supposé dogmatisme (de gauche ou de droite) qui conduirait plus à l’innefficacité qu’autre chose. Donc le centrisme ferait-il dans le manichéisme ou la plate dichotomie à penser qu’il y a le réalisme centriste d’un côté et de l’autre du dogmatisme ou alors du radicalisme primaire ? Je vous pose la question à vous histoire d’avoir votre avis sur la question…
Deuxièmement, je me sens pas du tout affilié à ceux qui pensent qu’il y a un nécessaire devoir d’engagement envers les dominés, les défavorisés, les désaffiliés, les déshérités, appelez ça comme vous voulez. Il me semble, si je ne m’abuse, qu’on est encore libre de ses actions et que je ne vois pas pourquoi on devrait accuser les gens de ne pas agir. Moi-même si je donne de mon temps ou de mon argent ici et là pour “la bonne cause” qu’est-ce qui me permettrait de juger des gens sur leur non-engagement ? Rien.
Je pense plutôt que si on a tout à fait le droit de ne pas agir ou militer ou je ne sais quoi, il faut par contrer tirer les conséquences de cette décision , c’est à dire ne pas s’étonner des effets les plus pervers d’une forme de désengagement collective qui peut conduire à des formes de violences et d’incompréhensions maladives envers d’autres situations sociales. Un exemple tout con: on a tout à fait le droit de penser qu’il faille aller dans le plus sécuritaire pour contrer la délinquance ou l’incivilité mais il faut alors assumer le fait qu’on se donne à la disposition de moyens de contrôles ou de manipulation franchement douteux, déjà dénoncés par la science fiction (qui elle, est sans équivoque puisqu’elle ne voit dans le contrôle de la population qu’une forme de régression manifeste de la raison humaine.) Peut-on alors accepter des moyens de contrôles qui cherchent à punir, harceler ou humilier d’autres citoyens ? Oui mais il faut alors en assumer les conséquences, elles, largement imprévisibles.
Troisièmement, sur les régimes spéciaux. Avant de rentrer dans le jeu de la formalisation juridique du privilège, on peut déjà raisonner sur la propagande (oui le mot ne s’applique aucunement aux seuls régimes totalitaires) allègrement distribuée et réfléchir sur le fait que les cheminots soit des “nantis”, des “privilégiés”. Pour qu’un cheminot ou (un professeur et par extansion bon nombre de fonctionnaires) soit considéré comme un privilégié il y a là une erreur caractéristique de raisonnement que l’écrivain autrichien Robert Musil caractérise par le fait de confondre un cloporte avec un mille-pattes parce qu’on ne prend pas la peine de compter jusqu’à quatorze…
Il y a tout un tas de désinformation sur le sujet que ça en devient presque décourageant de se dire que quelque part il y a de bons chiffres… Il y a un papier très intéressant dans le monde diplo de ce mois-ci. Voici le rapport officiel contenant un passage sur les régimes spéciaux. Il est plus nuancé que les palabres de xavier bertrand, de sarkozy ou fillon.
http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-723.pdf
http://www.archive-host2.com/membres/up/14…mesSpeciaux.pdf
http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=3182
Bon j’ai d’autres trucs à dire mais j’ai plus le temps ! Je repasserais, notamment sur la définition de privilèges ou avantages…