On parle pas mal de BD américaine sur ce forum, mais exclusivement de titres mettant en scène les super-héros (comme les productions Mavel) ou éventuellement quelques adapatations de séries Tv ou de comics de SF. Et les autres titres alors, qui ne rentrent pas dans cette catégorie ? La BD américaine est d'une grande richesse, presque autant que le manga et elle mérite d'y figurer.
Perso j'ai découvert la BD américaine via le livre de Jacques Sadoul, Panorama de la bande-dessinée, et le dictionnaire encyclopédique d'Henri Fillipini, sorti en 1989. Tous deux ont pris de l'âge, mais pour ce qui est de référencer les titres sortis depuis les origines de la bande-dessinée jusqu'en 1976 puis 1989 pour le second, ils restent incontournables.
Pour ma part, je lis principalement des comics humoristiques : Calvin et Hobbes, Bébé Blues, Peanuts (LE grand classique) ou encore Garfield de temps à autre. Il m'est arrivé dernièrement d'acheter des adaptations de jeux-vidéo (Assassin's Creed – The Fall) ou celle de Cyborg 009 (absolument génial, avec un design bien meilleur que le dernier film en date, même si bon, l'oeuvre originale reste incontournable).
Mais j'ai surtout un esprit très curieux envers la BD américaine de l'avant-guerre, cette époque où cette forme graphique se détache peu à peu du dessin satirique pour prendre une direction plus personnelle. Il faudrait absolument que je me prenne un jour l'intégral de Little Nemo, les planches que j'ai eu l'occasion de voir restent magnifique, même 107 ans après (eh oui déjà !).
Il y a quelques temps, j'ai acheté dans un festival BD un album reprenant de nombreuses planches de ''Bicot et Suzy''.
Sous ce titre très franco-français se cache en fait une version tronquée des aventures de ''Winnie Winkle'', crée par le dessinateur Martin Branner. A l'origine, cette série qui conte les aventures sentimentales et ultra réalistes de la jeune Winnie est devenu une bande comique pour enfants lorsqu'elle fut éditée en France. En fait, aux Etats-Unis, lorsque la série paraissait dans les journaux, les histoires étaient publiées en noir et blanc durant la semaine et en couleur le dimanche. Martin Branner en a donc profité pour proposer les histoires de Winnie la semaine et le dimanche il mettait en scène le jeune frère de celle-ci, Perry, garnement d'une dizaine d'années qui accumule les tours pendables à l'encontre de sa famille et des voisins. Les éditeurs français proposèrent donc uniquement, à destination d'un jeune public, les aventures de Perry paraissant le dimanche et le rebaptisèrent Bicot (et Winnie devint Suzy). Winnie Winkle dans sa forme adulte ne fut jamais proposée (à ma connaissance) en France. Il faut dire qu'en 1920, année de création de la série, si le comic était déjà destiné à un public adulte, en France elle restait strictement réservée aux enfants. Il y eut bien Les Pieds Nicklés en 1908 qui sous des dehors de gentille série anarchiste s'adressait aux adultes de par sa satire de la classe politique française de la IIIe République. Mais cette série était publiée dans un journal pour enfants, donc ciblant officiellement le jeune public. Il faudra attendre les années 60 (40 ans de retard !) pour voir des BD pour adultes éditées en France, la production locale ayant été pendant longtemps la proie de la ''commission de censure et de protection pour la jeunesse''.
Heureusement, même si Bicot est une version tronquée au même titre que Nausicäa de la vallée du vent, les gags tournant autour du jeune Perry/Bicot ont suffisamment de charme pour nous divertir. A conseiller à tout amateur de BD américaine de l'Âge d'Or !