Effectivement Yupa, la présence de Pierre à Rome est sujette à caution, il est bien possible que si un certain Pierre s’est effectivement trouvé à Rome, il pouvait aussi s’agir d’un imposteur (qui n’aurait pas hésité à cette époque à se réclamer disciple du Christ, après tout ?). Surtout lorsqu’on sait que les fameux Quatre Évangiles ont été rédigés par des lettrés, ce que n’auraient pu être de simples pêcheurs (hormis peut-être Mathieu, qui percevait les impôts et avait donc une certaine éducation), et sans doute même par plusieurs auteurs.
Comme je l’ai promis à Xanatos, je vais parler un peu du manga ”Emma” dessiné par Kaoru Mori (auteure également de ”Bride’s Stories”) et prépublié dans le magazine seinen ”Comic Beam”. La série a eu droit à une adaptation animée en 2 saisons en 2006-2007, plutôt sympathique malgré un certain nombre de défauts (notamment une première saison qui traîne en longueur pendant que l’autre, sur le même nombre d’épisodes, tente d’adapter trop de tomes à la fois !). C’est un manga que j’avais découvert via Animeland à une époque, avant d’acheter le premier tome via sa réédition Ki-Oon (en 5 tomes) puis de compléter – enfin ! – l’an dernier avec les tomes suivants. Alors que j’avais juste lu le premier tome en entier et feuilleté rapidement les autres, je me suis décidée à relire la série en entier et cette relecture ne fut pas inutile, car j’ai vraiment découvert le potentiel de cette série.
L’histoire raconte l’amour que partagent William Jones, le fils aîné d’une famille de nouveaux riches, et la jeune Emma, une orpheline devenue femme de chambre pour l’ancienne gouvernante de William. Un amour sincère, mais impossible dans un environnement victorien où les classes sociales sont strictement séparées. Si Emma s’en rend compte très vite et préfère prendre ses distances, ce n’est pas le cas de William qui s’accroche à ses espoirs. Malgré les obstacles, parviendra-t-il à convaincre Emma et imposer sa décision auprès de sa famille réticente ?
Certes, en lisant ces quelques lignes, on a l’impression d’assister à une énième romance impossible entre deux classes sociales opposées. Pourtant, le déroulement de l’intrigue ne cherche pas à tomber dans la facilité. La principale raison en est l’importance accordée à la reconstitution historique : l’époque victorienne n’est pas un simple décor dans lequel évoluent nos deux amants, elle est un personnage à part entière. À chaque instant, elle semble intervenir pour rappeler combien cette relation n’a pas lieu d’être et les arguments avancés sont tout à fait en adéquation avec la mentalité victorienne des années 1896-1900. En effet, les personnages (fort nombreux, mais très attachants pour la plupart) ont des réactions et des pensées assez crédibles avec leur époque – du moins pour le manga, car l’anime se permet des digressions quelque peu farfelues. Le fameux ami indien de William par exemple, le prince Hakim, est davantage considéré par les Londoniens comme une curiosité exotique, rarement comme un jeune homme d’une grande beauté. La question du statut social notamment est sur le devant de la scène et n’est jamais étouffée sans difficultés (le jeune William va devoir faire quelques sacrifices avant d’obtenir la main d’Emma). On note d’ailleurs qu’entre-deux, l’auteure a pu se rendre en Angleterre pour faire des repérages et elle-même fait remarquer qu’elle a ainsi pu prendre conscience de la réalité des lieux.
Dans le domaine des mangas historiques, celui-ci me semble donc un incontournable que je recommande chaudement !