Les manga culturels

20 sujets de 181 à 200 (sur un total de 379)

Posté dans : Manga & BD

  • Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #498769

    En effet chère Veggie, et je crois avoir vu ce documentaire réhabilitant en grande partie Néron. Le formidable livre des historiens François Zosso et Christian Zingg “Les Empereurs romains” (2003) m’avait déjà permis de mettre en doute bien des choses.
    Le volume 6 est meilleur que le 5, non seulement parce qu’on retrouve Néron et de magnifiques décors de Rome (bravo à l’assistant Tori Miki !) mais parce que ce dernier comme tu le remarques est très bien campé : les dernières années de son règne l’ont mis au bord de la névrose, mais il n’était pas un cinglé psychopathe et sadique. Il est prouvé que l’incendie de Rome était accidentel. Notre mangaka en revanche suggère là un crime du comploteur Tigellin, qui aurait su impliquer dans l’immobilier les Juifs de Rome afin de les piéger. Là-dessus la fiction n’est pas malhabile, mais l’historien ne peut pas la suivre. D’abord, nous sommes en 62, or avant la révolte de la Judée en 66, puis son écrasement par Titus après la chute de Néron, la diaspora des Juifs n’est pas significative. Il est un peu dérangeant que Mari Yamazaki mentionne chez eux “le talent et l’ingéniosité qu’ils savent déployer dès qu’il s’agit de s’enrichir”, même si c’est dans la bouche de Tigellin. Quant à ce “talent” supposé, c’est l’Eglise du Moyen-Age qui les y a contraint, en interdisant à tous ses fidèles les métiers “diaboliques” de prêteurs et changeurs, ainsi que tous les autres métiers aux Juifs, bien obligés pour vivre d’assumer ce rôle, puis de créer le secteur bancaire, enfin de subir en retour une réputation de cupidité “raciale” !
    Enfin, en 62, judaïsme et christianisme ne sont pas distincts, pas avant les environs de 80, et rien ne prouve la présence de Pierre à Rome.
    Mais bon, ce ne sont que des anachronismes catholiques encore très répandus dans la documentation, et celle de Mari Yamazaki puisqu’elle y vit est sans doute issue d’Italie, voire vaticane…
    Pas grave ! Vespasien en planteur de choux, c’est un peu gros, mais il est vrai qu’il était homme rustique, né dans un village, et maniait beaucoup l’humour, tout en étant gouverneur d’Afrique en 62.
    La postface, dialogue entre la mangaka et son assistant dessinateur d’arrières-plans, reste passionnante et drôle !

    Veggie11
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Veggie11 le #498995

    Effectivement Yupa, la présence de Pierre à Rome est sujette à caution, il est bien possible que si un certain Pierre s’est effectivement trouvé à Rome, il pouvait aussi s’agir d’un imposteur (qui n’aurait pas hésité à cette époque à se réclamer disciple du Christ, après tout ?). Surtout lorsqu’on sait que les fameux Quatre Évangiles ont été rédigés par des lettrés, ce que n’auraient pu être de simples pêcheurs (hormis peut-être Mathieu, qui percevait les impôts et avait donc une certaine éducation), et sans doute même par plusieurs auteurs.

    Comme je l’ai promis à Xanatos, je vais parler un peu du manga ”Emma” dessiné par Kaoru Mori (auteure également de ”Bride’s Stories”) et prépublié dans le magazine seinen ”Comic Beam”. La série a eu droit à une adaptation animée en 2 saisons en 2006-2007, plutôt sympathique malgré un certain nombre de défauts (notamment une première saison qui traîne en longueur pendant que l’autre, sur le même nombre d’épisodes, tente d’adapter trop de tomes à la fois !). C’est un manga que j’avais découvert via Animeland à une époque, avant d’acheter le premier tome via sa réédition Ki-Oon (en 5 tomes) puis de compléter – enfin ! – l’an dernier avec les tomes suivants. Alors que j’avais juste lu le premier tome en entier et feuilleté rapidement les autres, je me suis décidée à relire la série en entier et cette relecture ne fut pas inutile, car j’ai vraiment découvert le potentiel de cette série.

    L’histoire raconte l’amour que partagent William Jones, le fils aîné d’une famille de nouveaux riches, et la jeune Emma, une orpheline devenue femme de chambre pour l’ancienne gouvernante de William. Un amour sincère, mais impossible dans un environnement victorien où les classes sociales sont strictement séparées. Si Emma s’en rend compte très vite et préfère prendre ses distances, ce n’est pas le cas de William qui s’accroche à ses espoirs. Malgré les obstacles, parviendra-t-il à convaincre Emma et imposer sa décision auprès de sa famille réticente ?

    Certes, en lisant ces quelques lignes, on a l’impression d’assister à une énième romance impossible entre deux classes sociales opposées. Pourtant, le déroulement de l’intrigue ne cherche pas à tomber dans la facilité. La principale raison en est l’importance accordée à la reconstitution historique : l’époque victorienne n’est pas un simple décor dans lequel évoluent nos deux amants, elle est un personnage à part entière. À chaque instant, elle semble intervenir pour rappeler combien cette relation n’a pas lieu d’être et les arguments avancés sont tout à fait en adéquation avec la mentalité victorienne des années 1896-1900. En effet, les personnages (fort nombreux, mais très attachants pour la plupart) ont des réactions et des pensées assez crédibles avec leur époque – du moins pour le manga, car l’anime se permet des digressions quelque peu farfelues. Le fameux ami indien de William par exemple, le prince Hakim, est davantage considéré par les Londoniens comme une curiosité exotique, rarement comme un jeune homme d’une grande beauté. La question du statut social notamment est sur le devant de la scène et n’est jamais étouffée sans difficultés (le jeune William va devoir faire quelques sacrifices avant d’obtenir la main d’Emma). On note d’ailleurs qu’entre-deux, l’auteure a pu se rendre en Angleterre pour faire des repérages et elle-même fait remarquer qu’elle a ainsi pu prendre conscience de la réalité des lieux.

    Dans le domaine des mangas historiques, celui-ci me semble donc un incontournable que je recommande chaudement !

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #499091

    On n’est pas des foules sur la rubrique “Manga et BD”, du coup j’ai presque scrupule à y revenir (“Encore luiiii ?!”), mais je dois avouer que c’est en ce moment le domaine qui m’intéresse le plus, aucune série animée ne retenant mon attention, et les longs métrages animés se montrant évidemment assez rares…

    Emma vu de loin me semblait en effet une histoire-cliché pour midinettes, mais puisque tu en corriges l’impression Veggie, et qu’on peut te faire confiance, j’y viendrai peut-être. Et je connais une personne à qui cela devrait plaire, je lui en parlerai.

    Issak, tome 2 :
    Je viens de le lire et suis un peu déçu à vrai dire.
    D’une part les personnages manquent de profondeur, avec des héros super beaux et nobles, dont bien sûr Issak, et des méchants laids, lâches, cruels ; ajoutons que la gamine Zetta déjà clairement amoureuse d’Issak pourrait rendre le climat un peu douteux (pas autant que le déplorable “Divçi Valka”). Les prostituées dont elle détourne Issak semblent habillées fin 18ème siècle et ne ressemblent en rien aux ribaudes à soldats qui peuplent les tableaux hollandais des années 1610 / 1640. D’autre part il y a en effet divers anachronismes qui m’écorchent l’oeil. Par exemple, le prince espagnol (bien entendu lâche, gourmand et efféminé) étudie une carte de l’Empire où sont tracées les frontières de celui d’Autriche… après le Congrès de Vienne de 1815 !
    Un samouraï dans la Guerre de Trente Ans, c’est déjà difficile à avaler, mais un deuxième également un as du mousquet, lequel a une portée de fusil d’assaut modèle 2015, ça fait un peu trop… La narration finalement est exagérément théâtrale.
    Je ne pense pas continuer la série, on ne peut pas tout acheter.

    Veggie11
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Veggie11 le #499229

    Dans ce cas j’encourage cette personnage à découvrir ”Emma” si ce style d’histoire peut lui plaire, même si cette histoire d’amour est au centre de l’intrigue, elle est traité avec beaucoup de finesse et de réflexion. Je regrette d’autant plus que la série animée (réalisée dans deux studios différents) ait pas mal affadi les personnages principaux (en particulier la jeune Emma, réduite à une héroïne ne sachant jamais se décider alors qu’elle se montrait si active dans l’œuvre originale).

     

    Actuellement, Kana est en train de sortir un manga intitulé ”Moriarty” qui raconterait la jeunesse du Némésis de ce bon vieux Sherlock Holmes. N’ayant pas encore vu d’avis sur cette nouveauté (le manga est toujours en cours au Japon), je vais tenter l’expérience à mon retour d’Italie, en espérant que la qualité sera au rendez-vous !

     

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #499393

    Reine d’Egypte me paraissait une heureuse idée au début, mais je dois bien déchanter.
    Comme je l’ai dit c’était dès l’abord une erreur historique que de présenter Touthmès II comme un macho oppresseur et violeur de Shepsout, un foudre de guerre, alors que l’Histoire nous donne un portrait opposé de ce souffreteux souverain ne régnant que 3 ans, déjà sous la férule de sa soeur et épouse. Puis, contrairement au manga, le petit Touthmès III n’était en réalité que le neveu de Shepsout et nullement son fils, car né de la seconde femme de Touthmès II. Les prêtres d’Amon sont fourbes, laids, ricanant et comploteurs à un point caricatural, et seraient mieux à leur place après le règne menaçant pour eux d’Akhenaton, un siècle plus tard. Enfin rien n’atteste des relations d’amour entre la reine-pharaon et son “premier ministre” Senmout (ou Senenmout), mais notre auteure ne peut s’empêcher de nous servir entre eux des baisers hollywoodiens. Rien ne nous est montré dans ce manga des nombreux rites et costumes masculins pratiqués par la vraie Hatshepsout : seul le premier volume nous montre le “garçon manqué” qu’elle était à coup sûr, ensuite on glisse vers le shôjo un peu larmoyant bien classique ou le péplum américain 1950 joué par quelque Elizabeth Taylor…
    Perso j’arrête là, il me faut de la place pour Arte, Pline, Golden Kamui, Isabella Bird

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #499907

    Justement, Isabella Bird tome 4 est dans nos bacs et je viens de l’acheter.
    La mangaka n’est point une experte en anatomie et Ito sur la couv’ a un avant-bras droit nettement trop long. Dommage, espérons que le récit compensera ce petit défaut.

    Veggie11
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Veggie11 le #499927

    Pour Isabella Bird, je trouve que les dessins ont fait un gros bond en avant dans le tome 4, du moins pour le flashback sur Itô (ce n’est pas lui qui est représenté sur la couverture, mais un botaniste anglais qui aura une grande importance dans ce tome). C’est impressionnant, je ne sais pas si c’est le design assez particulier du fameux botaniste ou les trames qui donnent cette impression, mais ce fut un réel plaisir de les comparer au premier tome qui était encore assez maladroit niveau graphisme. Le scénario devient passionnant et met en place une intrigue qui apparemment nous occupera pour pas mal de temps. Je trouve aussi qu’Isabella est moins présentée comme débordant d’enthousiasme dans ce tome, elle se rend compte de la réalité du Japon moderne et de son regard vis-à-vis des étrangers.

     

    Sinon, très belle découverte avec ”Sous le ciel de Tokyo”, manga historique en 2 tomes signé par un auteur spécialiste de l’Histoire de l’aviation japonaise durant la 2e guerre mondiale. Impeccablement documenté, le titre met en scène un jeune couple dont le mari est aviateur et qui revient à la maison après avoir été muté à un nouveau poste militaire.

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #500077

    Pas encore repéré “Sous le ciel de Tokyo” à Paris.

    Lu Isabella Bird, tome 4.
    Entièrement d’accord avec ton analyse, bien qu’en couv’ on hésite entre Ito et Monsieur Maries. La personnalité d’Isabella s’approfondit en effet. Elle arrive à Yamagata, puis repart vers Akita, où j’ai assisté en 2014 au festival des lanternes portées sur de hauts mâts. Ensuite elle gagnera Aomori, où j’ai vu le grand défilé Nebuto des figures de papier. Le manga nous les montrera j’espère !
    De nombreux détails de vie quotidienne du Japon profond de 1878 sont habilement amenés, notamment les “bokka”, les porteuses ambulantes, dont une qui, passionnée d’écriture, devient une amie de passage pour Isabella. Le fait est que la classe pauvre pouvait depuis plusieurs siècles se faire éduquer gratuitement par les écoles bouddhistes (terakoya), et c’est ce que montre la case du haut de la page 88. Quoi de plus émouvant que le dévouement admiratif total de la jeune O-yu envers Isabella, et sa farouche détermination à apprendre l’écriture ?
    Comme tu le soulignes avec justesse Veggie, notre auteure s’est bien améliorée en dessin (sauf page 100, 3ème case, le bras gauche d’Ito !).
    Et la tension qu’apportent les exigences du jeune et féroce M. Maries crée un dilemme dont on se demande comment Ito va sortir.
    Un très bon volume !

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #500162

    Pour les gens qui s’intéressent à Issak :
    J’ai oublié de le signaler à l’avance mais ce soir même 1er septembre la chaîne Arte diffuse une émission sur l’ambassade japonaise de 1613 au pape et au roi d’Espagne dont j’ai déjà parlé.
    Je l’enregistre, et je pense que ce sera disponible en replay.

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #500650

    Le Maître des Livres 15 vient de paraître en français.

    Arte 8 est paru aussi, et je viens de l’acheter : en parlerai un peu plus tard, dès que lu.

    Xanatos
    Participant
    • Offline
      • Grand maitre
      • ★★★★★
    Xanatos le #500652

    Arte 8 est ENFIN sorti ?

    Ah quelle joie ! 😀

    Parmi les rares séries actuelles de manga que je suis, Arte est ma préférée et notre artiste peintre favorite me manquait beaucoup !

    De plus ce huitième volume a connu beaucoup de retard, il devait initialement sortir en Juillet.

    Merci de la bonne nouvelle, je vais m’empresser de le commander et j’ai hâte de le lire ! 😀

     

    Veggie11
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Veggie11 le #500654

    Vraiment je trouve que 2017-2018 sont 2 années exceptionnelles en sorties manga de grande qualité, moi qui il y a 2 ans encore investissait beaucoup dans les anime, j’ai quasiment laissé de côté ce secteur pour revenir au manga. J’en suis à 8-10 sorties bimensuelles désormais (sans compter ceux qui sortent tous les 6 mois) et je tente aussi de promotionner ces titres (d’où mon sujet sur Ken’en qui n’a pas reçu de réponse) pour encourager davantage de lecteur ^^

    Xanatos
    Participant
    • Offline
      • Grand maitre
      • ★★★★★
    Xanatos le #500707

    Le retour de Arte

    Arte tome 8

    Attention petits spoilers

    Le séjour de Arte à Venise touche à sa fin… Elle va bientôt retourner à Florence sa ville natale, mais avant son départ, elle ne manque pas de dire au revoir à la petite Caterina à laquelle elle s’est beaucoup attaché, et cette dernière va précieusement conserver le superbe portrait que notre artiste peintre lui a fait.

    Le retour de notre héroïne à Florence est très remarqué: beaucoup de gens sont heureux de la revoir. Leo son maître est bien sûr content, bien qu’il laisse peu le transparaître et notre chère Arte se réjouit de continuer à travailler à ses côtés.

    Néanmoins, Leo a remarqué que de plus en plus de personnes passent des commandes de toiles directement à Arte et non à lui. Aucunement offusqué ou jaloux, il constate que son élève a acquis de plus en plus de reconnaissance.

    Mais ce n’est pas le cas de tout le monde, l’un de ses clients bien qu’appréciant les portraits de la jeune fille, estime qu’elle serait incapable de réaliser des peintures religieuses, soit disant parce que “les femmes ne sont pas assez savantes”, ce qui ne sera pas sans énerver notre jeune artiste ulcérée par la muflerie de ce goujat.

     

    Leo s’interroge aussi sur l’avenir de la carrière de sa protégée: ne serait il pas plus judicieux et épanouissant pour elle qu’elle aille travailler dans un atelier plus prestigieux que le sien ? Et ne serait il pas ébranlé par la tristesse si il devait à nouveau se séparer d’elle ?

     

    Toutefois, l’un de mes passages favoris de ce volume, c’est un des clients de Arte qui implore celle ci de faire un portrait gommant les imperfections physiques de sa fille Conceta. Cette peinture est en effet déterminante pour convaincre une riche famille que leur fils aîné épouse sa fille. Cette dernière présente ses excuses à notre peintre à cause de son physique qu’elle considère comme disgracieux. Arte ne pense absolument pas cela, elle la considère comme très belle et veut mettre en valeur ses atouts.

    C’est l’une des raisons qui me font tant adorer notre héroïne: non seulement c’est une jeune femme passionnée, déterminée, dotée d’une forte personnalité…

    Mais elle sait également éprouver de l’empathie, de la compassion envers les autres, son énergie positive et sa bonne humeur communicative met le coeur des autres en joie et elle est très chaleureuse. Elle est tout simplement formidable.

    Le volume ne se conclue sur aucun cliffhanger ou suspense, toutefois, on est impatients de continuer à suivre la vie de Arte…

    En bref, encore un excellent tome, captivant de bout en bout, la série se renouvelant bien et ne s’essouffle pas du tout.

    Le trait de Kei Ohkubo s’est encore amélioré, les décors de Florence sont sublimes et Arte devient de plus en plus belle. Elle a d’ailleurs laissé pousser ses cheveux et sa nouvelle coiffure lui va à ravir !

    Rendez vous donc au volume 9 ! 😉

     

    Arte souriante

     

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #500793

    Tout à fait du même avis, ami Xan’, Arte 8 continue sur son excellence !

    Kei Ohkubo parvient à nous camper une héroïne adorable par son allant, son charme, mais aussi par son empathie avec les autres, et ceux-ci le lui rendent bien. Par exemple dans sa volonté de répondre au désir d’instruction de la petite couturière timide et analphabète Dacia, et dans l’immense impatience de cette dernière de revoir Arte, partie depuis 6 mois.
    De plus Arte quoique noble a une vraie relation d’amitié avec la courtisane Veronica, n’éprouvant aucun préjugé puritain, pas plus que social. A l’image d’une “Oiran” japonaise, Veronica est d’une grande culture et prête à Arte “L’Eloge de la Folie” d’Erasme. Car à l’époque tout le monde considère que la “grande” peinture conférant la gloire à un artiste, ce sont les vastes oeuvres religieuses ou mythologiques, or Arte n’est qu’une excellente portraitiste, et comme femme considérée comme “trop peu savante” pour s’y attaquer. A vrai dire Rubens ou Van Dyck avaient bien compris que concrètement ce qui rapportait le plus aux peintres était le portrait d’aristocrates, et non les prestigieuses commandes des papes, des rois et évêques : ceux-ci avaient cent “obligations urgentes” pour ne pas payer et trop de pouvoir pour être mis en demeure de le faire par des autorités quelconques… On espère qu’Arte ne va pas tomber dans le panneau. Jusque là on avait un peu de mal à situer son époque exacte, mais un des personnages précise que Raphaël vient de mourir (1520) ainsi que Leonard de Vinci (1519), donc Arte est née vers 1500. Quelques rares peintres femmes existaient-elles déjà ? Sans doute mais l’histoire n’a retenu que les cas un peu plus tardifs de Sofonisba Anguissola, Judith Leyster, et bien sûr Arte(misia) Gentileschi, laquelle née en 1597 et décédée en 1651 ne peut être notre héroïne. Elle pourrait bientôt en revanche rencontrer Michel-Ange à Florence ou à Rome, artiste homosexuel qui ne se lavait jamais et laissait tomber ses vêtements en lambeaux avant de les changer, selon les préceptes de santé de son père ; comme il a vécu jusqu’à 90 ans, et au 16e siècle plein de germes et de médecins nuls, vous savez maintenant ce que valent les ridicules leçons de nos hygiénistes. A noter que Sofonisba Anguissola (1535 / 1625) a vécu également 90 ans, mais on ne sait pas si elle évitait de se laver et portait ses vêtements jusqu’à ce qu’ils se détériorent… 🙂
    Le volume tourne habilement autour d’un dilemme pour Arte : sa réputation devient grande mais se trouve freinée par le pauvre atelier de Leo qui la patronne. Va t-elle devoir quitter Leo ?
    L’histoire de Concetta, comme tu le signales Xanatos, est superbe et sert magnifiquement à illustrer la chaleur humaine d’Arte et son talent qui transcende toute tricherie. Elle est très vraie aussi : Ohkubo nous explique fort bien le système de la dot à l’époque (et jusqu’au début 20e siècle dans les élites !) : sans droit au travail, une épouse est pour un homme une charge, une bouche à nourrir, à moins d’être dans le petit peuple car les femmes y travaillaient autant que les hommes. Pour convaincre un jeune gentilhomme de s’en encombrer alors qu’il pouvait impunément coucher avec tous les jupons de passage, il fallait donc aux parents de la fille offrir un magot avec, et d’autant plus gros que la fille était moche, ou peu apte à produire des enfants. Or Concetta manque de séduction, et Arte est mise en demeure de tricher pour l’embellir ! Un équilibrage existait car pour la fille la dot était sienne et lui fournissait assurance en cas de veuvage ou de répudiation (un autre volume d’Arte montre ce cas de figure). Aujourd’hui encore ce système est la norme dans de vastes zones de la planète, et le plus souvent en ne laissant aucun droit à l’épouse : la dot devient propriété du mari et de son clan familial dès le mariage et quoi qu’il arrive. Même,… non je m’arrête avant d’être accusé d'”incitation à la haine raciale”. On vit une époque très peu franche en réalité.
    Bref, encore un très bon volume d'”Arte”, bourré de renseignements sur la vie à la Renaissance!

    Xanatos
    Participant
    • Offline
      • Grand maitre
      • ★★★★★
    Xanatos le #500883

    C’est toujours un plaisir de lire tes critiques enthousiastes et tes proses érudites mon cher Yupa, d’autant plus qu’elles sont également très instructives et informatives ! 😀

    Oui tu as raison de le signaler, les décès de Léonard de Vinci et de Raphaël sont évoqués dans ce volume, donc, l’action doit se dérouler en 1520 ou 1521.

    Il est intéressant de savoir qu’il était plus rentable pour les artistes peintres de la Renaissance de réaliser des portraits et non des peintures religieuses, qui, en dépit de leur aura prestigieuse, ne rapportent pas tant que cela aux peintres les réalisant.

    J’espère aussi que Arte rencontrera le grand Michel Ange et qu’elle pourra aussi découvrir son oeuvre majeure, l’extraordinaire chapelle Sixtine. 🙂

    J’ignorais en revanche qu’il avait une hygiène aussi discutable ce qui ne l’a pas empêché de vivre une très longue vie !

    Cela me rappelle Winston Churchill qui était un grand amateur de cigares qu’il fumait régulièrement et qui a pourtant vécu jusqu’à l’âge honorable de 95 ans !

    Pour ce qui est de Arte, j’ai appris que le tome 9 est paru il y a quelques mois au Japon. Je suppose qu’il ne sortira pas avant l’année prochaine. L’attente est longue entre chaque volume, néanmoins, le jeu en vaut la chandelle tant ce manga est exceptionnel et merveilleux. 🙂

    J’aime beaucoup aussi les fins de volumes où Kei Ohkubo nous parle de ses sources d’inspiration ainsi que des lieux qu’elle a visité, c’est à la fois ludique et informatif. 🙂

     

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #500931

    Vraiment je trouve que 2017-2018 sont 2 années exceptionnelles en sorties manga de grande qualité, moi qui il y a 2 ans encore investissait beaucoup dans les anime, j’ai quasiment laissé de côté ce secteur pour revenir au manga. J’en suis à 8-10 sorties bimensuelles désormais (sans compter ceux qui sortent tous les 6 mois) et je tente aussi de promotionner ces titres (d’où mon sujet sur Ken’en qui n’a pas reçu de réponse) pour encourager davantage de lecteur ^^

    Je suis bien d’accord, Veggie, et voilà bien longtemps que je n’ai plus fait l’achat d’une série animée, qu’elle soit japonaise ou autre d’ailleurs. Mutants, zombies, monstres “protecteurs” de petites filles, morts-vivants, humanoïdes à super-pouvoirs, toute cette démonologie de bazar implicitement régressive n’apporte rien à un cerveau très ordinairement rationnel et progressiste, et n’a plus rien du charme décadent et victorien de “Black Butler” pour ne citer qu’un exemple.
    A peine aperçu fugitivement en France le premier volume de Ken’en, donc je ne puis en parler, désolé.

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #500936

    Cela me rappelle Winston Churchill qui était un grand amateur de cigares qu’il fumait régulièrement et qui a pourtant vécu jusqu’à l’âge honorable de 95 ans !

    J’aime beaucoup aussi les fins de volumes où Kei Ohkubo nous parle de ses sources d’inspiration ainsi que des lieux qu’elle a visité, c’est à la fois ludique et informatif. ?

    Oui, moi aussi j’adore les fins de volumes de très nombreux mangas, où l’auteur(e) se raconte dans un “making of”. Apparemment l’idée n’a pas encore été adoptée par les Occidentaux, ou très exceptionnellement.

    Concernant Winston Churchill, on le prétendait aussi gros buveur de whisky, mais c’est une légende (c’est Humphrey Bogart qui l’était), Winston buvait systématiquement au lunch et au dinner… du champagne bien français. Quant au cigare c’est bien moins malsain que la cigarette, dont le PAPIER tapisse les poumons de goudron. Quand Winston eut 82 ans, un journaliste lui demanda : “Vous êtes encore dynamique et en pleine forme à votre âge ! Quel est votre secret ?” et Winston répondit : “No sport !” 🙂

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #500937

    Komikku vient de sortir un manga historique assez original :
    Marion.
    C’est l’histoire d’une toute jeune fille, une orpheline qui mène une bande de petits voleurs de marchés à Montmartre au début de 1940 ! Bien sûr l’ombre de l’occupation allemande menace déjà. Une troupe de music-hall cherche désespérément une “Jeanne d’Arc” pour une pièce et le jeune régisseur tente de convaincre Marion, qui chante divinement, mais deux ans plus tôt elle a failli être livrée à la prostitution de mineure et se méfie de tous les hommes comme de la peste…
    Le manga n’aura que deux volumes, ce qui me surprend un peu vu la durée de l’occupation allemande ! Bien dessiné et documenté, avec une héroïne attachante. A découvrir !
    Le titre en japonais est bien surprenant aussi : “Gohyaku nen me no Marion”, soit “L’oeil de 500 ans de Marion”. Allusion à Jeanne d’Arc, probablement…

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #501027

    Le Maître des Livres numéro 15 ! C’est le volume final, et ce fut une belle performance. On est content de retrouver tous nos sympathiques personnages, avec un mariage (attendu) à la clé !
    Bon d’accord, l’auteur nous rend les aléas de la survie de “La Rose Trémière” un peu obscurs de part la complexe situation juridico-légale nipponne, mais bon, au total ce fut une bien agréable visite des coulisses d’une bibliothèque pour enfants, et d’un point de vue universel !
    Dans une page annexe l’auteur nous livre la liste de tous les “livres pour enfants” qu’il a exploités : plus de 40 titres !
    Un grand bravo pour ce manga !

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #503572

    Isabella Bird, tome 5 en français.

    C’est un volume particulièrement intéressant, car un assez long flashback nous y éclaire sur le passé d’Isabella et sur ce qui la pousse en avant malgré, ou plutôt à cause de son état physique fragile. Il est assez probable que l’information soit authentique (j’ai oublié de chercher si nous disposons en français des récits de voyages d’Isabella Bird).
    Du coup les étrangetés du Japon passent ici un peu au second plan, mis à part le pullulement des insectes qui persécutent notre courageuse exploratrice.
    A ce propos j’ai été frappé, dans mes nombreux séjours japonais, par cette prolifération d’insectes en été, dont beaucoup hélas piquent et mordent : araignées, moustiques, punaises de tatami, guêpes… Outre la chaleur écrasante, cela faisait de cette saison la moins agréable pour des vacances là-bas, et de loin. A ma grande surprise, à mon dernier séjour (été 2016), tous les insectes semblaient éradiqués !! Sauf heureusement les innocentes et très bruyantes cigales.
    La fin de ce volume relance le problème causé par le cruel Monsieur Maries, dont le look de bellâtre de shôjo ébouriffé à coups de laque est si peu conforme à l’époque ; on peut en dire autant du bel Ito, mais bon, si notre auteure les préfère comme ça, passons….

20 sujets de 181 à 200 (sur un total de 379)

Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.

Members Currently Active: 2
DD69, Bruno
Membres en ligne pendant les dernières 24 heures : 6
DD69, Bruno, Josephine Lemercier, dekamaster2, Lord-Yupa, Xanatos
Keymaster | Moderator | Participant | Spectator | Blocked
Additional Forum Statistics
Threads: 10, Posts: 168, Members: 48
Welcome to our newest member, 234
Most users ever online was 8 on 6 June 2016 17 h 13 min