DOROHEDORO ! rien que de rugir cela bien fort dans une manga-shop japonaise fait sursauter tout le monde ! hélas, à Kobé j'ai raté de peu une séance de dédicaces de la géniale auteure Q. Hayashida, 😢 🙄 .
Card Captor Sakura je connais mal. Une Magical Girl, minette à jupette peu frileuse des gambettes comme je l'ai déjà dit, créature narcissique venue des marges de cahier des Clamp pendant leurs cours de Maths, doit réunir des cartes tombées du ciel 😂 ; offrant ainsi aux éditeurs l'occasion de dealer avec des fabricants-distributeurs de goodies en carton à forte valeur ajoutée, juteux marché visant les minettes en jupette etc.
Tandis que Dorohedoro, ça c'est une oeuvre adulte ! mais qu'est-ce ?
Le titre est une onomatopée évoquant un gargouillis de caniveau ou d'égout. Beurk.
Mais en fait, malgré bonne quantité de scènes-chocs, de découpages humains type sashimi et de pleins baquets de sang, on n'est pas du tout ici dans l'horreur à chaque page et sans logique pour crétins boutonneux équipés de la moitié d'un neurone. Non. Nous sommes juste en Enfer, excusez du peu. Le vrai Enfer, avec pour élite dominante, lointaine, ironique et laxiste car amusée par les crimes, de véritables Diables hyper-classe avec pieds de bouc velus, cornes, ailes de chauve-souris, yeux de braises, et aussi une vilaine longue langue pendante jusqu'aux clavicules.
Cet Enfer est une sorte de planète différente, s'il y en avait une normale dans Dorohedoro. Elle a sa géographie, ses modes de vie, ses structures, essentiellement magiques mais d'une magie qui ne nous est en rien familière.
Une classe élevée (mais soumise aux Diables) les Mages, vit dans un univers de cités et bourgades : c'est l'empire de “En”, leur dirigeant. Ces Mages ont des connaissances démonologiques, des sciences magiques, et aussi des “pouvoirs” très variés (d'agression en général, mais pas que) issus de la fumée noire qu'ils peuvent projeter à 2 ou 3 mètres avec leur index ou cracher avec la bouche. Ils se livrent à des expériences à la Dr. Mengele sur les humains relativement ordinaires de “Hole”, un monde parallèle au leur, une immense, sombre, sale, glauque, sordide cité de rebut ; en conséquence, beaucoup des déclassés de Hole ont été transformés ou charcutés assez monstrueusement par les Mages. En effet ceux-ci peuvent à tout moment déboucher dans Hole en y ouvrant des portes en l'air, des vraies portes à chambranle et poignée, ou en revenir par le même moyen.
Sans trop spoiler, un petit résumé de début s'impose (de toute façon c'est un univers d'une telle richesse d'imagination qu'on ne pourrait raconter les 14 volumes sortis en français):
Nous suivons les deux héros. L'un est Caïman, un très baraqué humain à tête d'iguane mystérieusement insensible à la fumée des Mages. Son amie – sans lien sexuel – est une superbe jeune femme, Nikaido, que vous voyez plus haut. Avec son masque, car partout dans ce monde-là il est de bon ton de porter un masque, toutefois ces masques sont tous plus repoussants les uns que les autres. On suppose une sorte de mode du trash bien glauque.
Nikaido tient un petit boui-boui où elle sert des gyôza très appréciés de Caïman, mais elle est aussi une experte en kick-boxing et close-combat ; ce qui lui permet d'assister Caïman dans sa chasse impitoyable aux Mages.
Quand il en trouve un, il lui plante les crocs (qu'il a balèzes 😉 ) dans le haut du front et le menton ; l'autre voit alors surgir du fond de la gorge du lézard une face humaine, et qui dit “Ce n'est pas lui” ; alors Caïman arrache le Mage de sa gueule et exige de savoir ce qui lui a été dit ; puis il l'achève, pas méchamment, non, mais un peu irrité par l'éternelle réponse.
C'est que Caïman, amnésique et très mécontent de sa tête, veut retrouver le Mage qu'il suppose l'auteur se sa transformation.
Mais voilà que le maître des Mages, En, qui a à peu près la très inquiétante tête de Jack Nicholson dans “Shining”, surtout avec son masque – bouche-rictus affreuse – commence à s'en inquiéter. Ce tyran a une armée de serviteurs en son palais, où il cultive les champignons. Il ne mange que cela, et en crachant sa fumée noire il peut créer bien des choses, voire des “êtres” à partir de ces végétaux, ou inversement changer des humains en amas de champignons.
Ses deux exécuteurs des basses oeuvres sont Shin, colosse dont le masque est un organe-coeur sanglant et l'arme un petit marteau, et la non moins athlétique Noï, cogneuse dont la fumée noire guérit toute blessure. L'un et l'autre sous leur masque terrifiant sont fort beaux, l'air très cool.
C'est un monde où ni bien ni mal n'existe d'ailleurs, d'autant qu'on le verra le vrai duel n'est pas celui qu'on pense d'abord.
Et que de personnages inouïs, évoluant dans un immense tableau à la Jérôme Bosch !
Chôta à masque d'oiseau, sorte de body-buildé au torse nu amoureux de En ; le diable As, qui a un masque de groin de cochon, gentil protecteur de Nikaido depuis l'enfance de celle-ci ; Ebisu, mignonne gamine au masque d'effroyable tête de mort ; les Yeux-en-Croix, dont je reparlerai ; le professeur Kasukabe, qui rajeunit lentement au lieu de vieillir, secondé par son fidèle Johnson, un cafard géant plus grand qu'un humain ; tout ce petit monde impliqué dans un récit qui semble parfaitement cohérent !
Tout cela n'est encore rien, rien, et vous ne sauriez imaginer même le dixième de ce qu'a imaginé la très extraordinaire Q. Hayashida !!
'Tain, et je l'ai ratée à Kobé ! 😡