Repost de mon avis sur la suite de la série avant que le forum ne l’efface ; j’y ai ajouté mon avis sur l’épisode 8 et quelques réflexions, avec ça ça devrait passer.
Quand on aborde l’épisode 5, on se sent en terrain connu : un mariage royal à forte portée politique ! On s’attend à une histoire classique de mariage non consenti mais non, l’anime veut nous parler d’autre chose et on n’y perd pas du tout au change ! L’épisode fait preuve d’une très grande sensibilité quand il aborde les doutes de la princesse Charlotte à l’approche d’une union qu’elle a pourtant souhaitée mais qui signifie aussi rompre d’autres liens. La scène où Charlotte prend la main d’Alberta est vraiment poignante parce qu’elle résume la complexité du lien entre la princesse et la servante qui s’est occupée d’elle depuis sa naissance : à la fois très proches par leur vécu commun mais aussi séparées par leur rangs social respectifs.
Apparemment, ce geste est traditionelement utilisé aux Philippines pour montrer son respect aux personnes plus âgées, une référence culturelle un peu surprenante compte tenu du contexte pseudo européen de l’anime mais ça peut aussi petre un clin d’oeuil à Megumi Nakajima (Ranka Lee dans Macross Frontier), la comédienne qui prête sa voix à Charlotte et qui est à moitié philippine.
J’ai trouvé l’épisode 6 un peu moins bon ; j’ai eu l’impression que le personnage de Léon évoluait de manière un peu brutale et qu’il nous manquait des pans de l’histoire (contrairement à la plupart des épisodes précédents, celui-ci est directement adapté du light novel original). Ceci dit, Léon est tout de même attachant et on poursuit l’évolution de Violet de sa personnalité de robot insensible à quelqu’un doué d’empathie et même ici d’une certaine tendresse.
Dans l’épisode 7, Violet va être profondément bouleversée par sa nouvelle mission. Dans cet épisode, plus que dans celui d’avant, on aborde la question de l’absence, de la douleur d’être privé des êtres aimés. Et soudain, Violet fait le lien entre l’histoire de son client et la sienne avec les conséquences des actes de sa vie passée. La juxtaposition du “je ne brûle pas”-“je brûle” traduit tout le chemin parcouru depuis le premier épisode.
Avec l’épisode 8, on découvre le passé de Violet, quand elle servait l’armée sous la protection de Gilbert. Pris isolément, cet épisode bien que très bien réalisé comme d’habitude m’a moins marqué que l’épisode précédent, nous connaissons déjà plusieurs éléments du passé de notre héroïne à travers les quelques flashbacks des deux premiers épisodes. Ce qu’on apprend ici, c’est surtout à quel point Violet était dangereuse pour l’ennemi mais surtout à quel point elle n’était pas sociabilisée. On ne parle pas d’une fille dénuée d’émotions mais quasiment d’une enfant sauvage qui ne connais pas le langage humain et dort par terre plutôt que dans un lit. Comme Rei Ayanami, la Violet du début éprouve des émotions (sa panique quand quand elle cherche en vain Gilbert dans le manoir ou qu’elle ne retrouve plus sa broche dans le premier épisode) mais son inexpérience des rapports humains fait qu’elle ne sait pas les exprimer et encore moins comprendre celles des autres.
C’est plutôt bien vu d’avoir placé cet épisode juste après l’épisode 7 plutôt qu’au tout début de la série :
Spoiler
Dans un autre contexte, on aurait juste été épaté par les exploits meurtriers de Violet mais après avoir vu Violet « brûler» a posteriori par son sentiment de culpabilité, ces scènes de batailles ont forcément quelque chose de triste. Si elle avait été dotée de plus d’empathie à cette époque, elle aurait peut-être cherché des façons moins meurtrières de neutraliser ces sentinelles ennemies ?
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Comparer Violet à un chien comme l’a fait le frère de Gilbert est certes cruel mais je ne peux m’empêcher d’y trouver une part de vérité quand j’observe certains comportements de la jeune fille. D’abord, sa tendance à utiliser sa bouche pour palper une peluche ou sa si précieuse broche mais aussi dans l’un des premiers flashbacks pour essayer de traîner Gilbert alors qu’ils sont tous les deux gravement blessés. Dans l’épisode 8, on voit aussi sa fidélité inamovible à un « maître » qui la traite bien au point qu’elle ne peut pas supporter d’être séparée de lui et qu’elle n’hésite pas à mettre sa vie en péril pour le défendre.
D’un autre côté, ça me fait aussi penser aux très jeunes enfants qui portent souvent des objets à leur bouche et sont très attachés à leurs parents. Il y a peut-être quelque chose à creuser de ce côté-là également.
Enfin, il y a un autre point qui m’interroge. Le rôle du nom. Pourquoi la série s’appelle-t-elle Violet Evergarden ? Autant pour une oeuvre occidentale, il est très courant d’avoir le nom et le prénoom du héros comme titre (je trouve même ça un peu paresseux comme pratique) autant cela me semble beaucoup plus rare pour des anime ou des manga.
D’abord, Violet a reçu son prénom de Gilbert, la personne qui compte le plus pour elle, probablement la première à l’avoir traité comme un être humain et non un simple outil. Ce prénom vient des fleurs du même nom (en VF elle se fait d’ailleurs appelers « violette »).
Le nom Evergarden lui vient d’une famille qui avait accepté de l’adopter au début de la série mais qui y a renoncé après une première rencontre pour le moins cocasse. Pourtant, je me trompe peut-être mais j’ai l’impression que ce nom est important d’un point de vue narratif, que le fait que Violet le mentionne à quasiment chaque épisode ou qu’il soit présent dans le titre de l’anime va avoir une signification à un moment donné. Et puis, je ne sais pas trop comment on peut interpréter l’expression « ever garden » mais le jardin n’est-il pas un endroit où grandissent les fleurs ?
Après un démarrage un peu lent et inégal d’un épisode à l’autre, Violet Evergarden a fait un sacré bon en intérêt depuis le cinquième épisode. On n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise mais si la série continue avec au moins ce niveau de qualité aussi bien technique que narrative, on tiens là une très, très bonne série !
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L’épisode 8 de Violet
Ce huitième épisode tranche par rapport aux précédents dans son ton, évitant au récit de sombrer dans une certaine routine (même si chaque épisode avait un charme qui lui était propre).
Ca tranche même par rapport à ce que nous fait Kyoto Animation d’habitude ; on en oublierait presque que c’est le studio spécialiste des clubs lycéens qui a réalisé ces scènes de guerre.
[Insérez une citation qui donne l'air intelligent ici]
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