Personnalité de la semaine : Ken Shimura

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Après avoir fait rire les Japonais pendant presque un demi-siècle, Ken Shimura a plongé tout un pays dans le chagrin, en décédant de l’épidémie de coronavirus.

Enfant du baby-boom (il est né le 20 février 1950), Yasunori Shimura grandit dans une éducation stricte, son père Kenji étant proviseur de lycée. C’est pourtant en son hommage que l’adolescent rebelle choisit son pseudonyme d’artiste, Ken Shimura, quand il devient, à 18 ans, assistant de The Drifters. Le groupe humoristique s’est imposé dans le Japon d’après-guerre qui demandait à rire de nouveau, notamment avec leur émission hebdomadaire Hachiji da yo, zen’inshugo ! dont l’audimat flirte avec les 50% ! Quand, en 1974, un des membres fondateurs quitte la formation, Ken Shimura intègre officiellement The Drifters… et devient une star.

Quand Hachiji da yo, zen’inshugo ! prend fin en 1985, Shimura entame sa carrière solo en animant des divertissements télévisuels qui restent dans la philosophie de The Drifters, groupe désormais séparé : quelques chansons amusantes, beaucoup de sketches burlesques et grivois, et toute une galerie de personnages exubérants. Deux d’entre eux marqueront à jamais le Japon : Henna Ojisan, un insupportable pervers pépère mal à l’hygiène douteuse, et Bakatono, un seigneur féodal aussi maniéré et élégant que crétin. Ce dernier fera d’ailleurs danser tout le Japon en intégrant son expression fétiche « Ai-in » aux rythmiques acidulées des idols MiniMoni pour le tube Aiin dance no uta en 2002 !

Figure aussi mythique que Benny Hill ou Coluche au Japon, Ken Shimura est devenu une tête de gondole de Fuji TV, où il anime chaque saison un nouveau show dont il tient la vedette. Critiqué pour son humour vieillissant, le comédien réagit dans les années 2010, en se tournant vers un domaine qu’il n’avait encore jamais exploré, celui du doublage. Il prête ainsi sa voix au héros du dessin animé occidental Le Lorax, aussi bien sur les dialogues que les passages musicaux en 2012, et interprète Maître Nyada dans le premier film de Yo-kai Watch ! en 2014 – deux occasions de renouer avec le jeune public. Peu après avoir soufflé ses 70 bougies, le 20 février dernier, le trublion japonais a contracté le covid-19, dont il est décédé le 29 mars. Histoire de rappeler à son pays que le coronavirus n’est pas une mauvaise blague.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon