#TBT : AD Police

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Sortie il y a trente ans, AD Police plonge dans les aspects sordides du cyberpunk. Réduite à 3 OAV, la série incarne la désillusion d’un Japon qui s’apprête à entrer en crise…

Réduite à néant suite au second séisme du Kanto en 1999, Tokyo n’a dû sa reconstruction qu’à la puissance des VoOMERS, cyborgs conçus par la corporation Genom, qui donne son nom à la nouvelle ville. Le quotidien a radicalement changé pour les habitants de Genom City, les tâches pénibles étant confiées à des robots de plus en plus nombreux. De quoi attirer les êtres sans scrupules, qui mettent en circulation des modèles défectueux ou vérolés… En 2020, les forces de l’ordre sont contraintes de créer un escadron spécialisé dans les incidents causés par ces VoOMERS pirates, l’Advanced Police, surnommée AD Police. Jeune recrue, Leon McNichol s’aventure avec sa partenaire Gina Marceau dans la zone d’ombre qui sépare l’humain de la machine, où ils devront affronter leurs propres démons…

En revenant sur la jeunesse du policier Leon, personnage secondaire de Bubblegum Crisis, AD Police s’émancipe de son modèle pour offrir une vision plus sombre de son univers. Adieu les héroïnes en cyber-armure SF qui coûtent une fortune, place aux flics dépressifs subissant la hiérarchie et les coupes budgétaires ! Située douze ans plus tôt, AD Police se déroule dans une ville encore en travaux, renforçant son atmosphère délétère. Les trois OAV ne font donc pas dans la dentelle, et livrent une version sous testostérone de Genom City, à grand renfort de plans explicites le réservant à un public mature. Lourdement inspiré par les films d’action américains, elles sont à Bubblegum Crisis ce qu’Aliens est à Alien.

Pourtant, derrière son vernis bourrin « cul et violence », AD Police transpire les craintes du Japon de 1990 : le remplacement de l’humain par la machine (La femme fantôme, 25 mai 1990), le sexisme bridant l’ambition des office ladies (L’éventreur, 24 août 1990) ou la docilité (au travail) dopée par des stimulants (L’homme qui se mordait la langue, 22 novembre 1990). Ce portrait sans fard d’un Japon qui a sacrifié une part de son humanité pour parvenir au sommet s’arrêtera là : suite à un désaccord entre les sociétés Youmex et Artmic (qui a voulu faire cavalier seul avec Bubblegum Crash), tous les projets liés à Bubblegum Crisis, y compris la série originelle, sont stoppés net. Il faudra attendre 1999 pour revoir AD Police sous forme de série TV. Malgré leur qualité, les douze épisodes offrent une intrigue manichéenne à la violence aseptisée loin de provoquer les sensations viscérales de la trilogie originelle

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon