#TBT : Cybercity Oedo 808

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Pour beaucoup, la trilogie de Kawajiri aura été la porte d’accès à une animation pour adultes dans les années 90, Cybercity Oedo 808 fusionnant les thèmes à la mode de l’époque : SF, action et polar.

En 2808, trois condamnés payent une sentence de plusieurs siècles dans une prison orbitale. Sengoku la tête brûlée toujours prête à l’action, Gogol le hackeur à la crête punk et Benten l’androgyne réfléchi se voient proposer par la Cyber Police une offre inspirée de la loi nippone d’autrefois. En soutenant les forces de l’ordre dans des affaires particulièrement complexes, les trois détenus pourront réduire leur peine ! Mais l’inspecteur Juzo Hasegawa ne fait pas confiance en ces trois crapules : si il leur fournit à chacun un jitte (sabre à une griffe), arme indispensable à leur nouveau statut, il les équipe également d’un collier explosif qu’il déclenchera à distance au premier comportement suspect…

En 1990, il n’y avait qu’un seul moyen pour s’offrir une soirée vidéo « chill » avec ses amis : le vidéo-club ! Parmi les genres privilégiés par une clientèle assez jeune, les films policiers, d’action et de science-fiction se taillent la part du lion. La toute jeune société Manga Video l’a bien compris, se tournant vers des OAV à la violence décomplexée pour remplir son catalogue. Le triptyque Cybercity Oedo 808, produit chez Madhouse, devient alors incontournable, grâce à son univers mêlant les trois tendances à la mode ! Qui plus est, son concept de taulard-collaborateur de la justice, bien qu’il soit inspiré du Moyen-Âge nippon (les hômen), rappelle Les douze salopards, référence ancrée dans la culture occidentale, dans un environnement cyberpunk apprivoisé par le public depuis Blade Runner. Le tout relevé d’une pointe de chambara et de fantastique par son concepteur Yoshiaki Kawajiri, sans pour autant atteindre l’horreur de Wicked City.

La branche anglaise de Manga Video ira donc encore plus loin dans son « occidentalisation » de Cybercity Oedo 808, en modifiant intégralement la bande originale de Kazuhiko Toyama par des morceaux résolument axés rocks composés par Rory McFarlane. Cette version hybride ne pâtit pas de ces modifications, et fait de la série d’OAV une exception dans ces années 90, tant le travail de localisation est soigné (la VF, notamment, reste d’une qualité inhabituelle pour l’époque). Avec le retour en force du cyberpunk et du néo-polar, on pourrait espérer, trente ans plus tard, voir revenir une des premières licences globales de la japanimation, auréolée d’un statut-culte avec les années. Espérons juste que Yoshiaki Kawajiri étoffe un peu plus ses intrigues (l’action prédominait alors) pour réexploiter son univers trentenaire mais diablement d’actualité !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon