#TBT : Niji-iro Tohgarashi

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On résume un peu trop souvent l’œuvre de Mitsuru Adachi à l’équation « sport + romance ». Pourtant, il y a trente ans, le mangaka s’est aventuré sur un terrain différent… en apparence.

Âgé de 15 ans, Shichimi vient de perdre sa mère. Sur son lit de mort, celle-ci a demandé à l’adolescent d’aller voir M. Hirokoru, de la maison longue Karakuri. Shichimi s’y découvre alors une fratrie dont il n’avait jusqu’ici jamais eu connaissance ! Outre ses quatre demi-frères, Sanshô (3 ans), Chinpi (10 ans), Keshi (18 ans) et Goma (22 ans), une très jolie demi-sœur, Natane (13 ans) vient compléter le tableau… ou presque : l’artiste nomade Asajirô (20 ans) manque à l’appel. Nés de sept mères différentes mais issus du même père, les sept enfants réunis partent en pèlerinage sur les tombes de leurs génitrices. Ce voyage à travers ce qui ressemble à s’y méprendre au Japon féodal ne sera pourtant pas de tout repos : la joyeuse troupe est suivie de près par un mystérieux assassin à la solde du frère du shôgun. Quel secret peut se dissimuler derrière la fratrie recomposée ?

L’avertissement au début de l’intrigue, « Dans un futur lointain, quelque part dans l’univers… » n’est pas de trop : on jurerait que le cadre de Niji-iro Tohgarashi (disponible aux éditions Glénat) est celui du Japon de l’ère Edo (1604-1868) ! De quoi offrir à Mitsuru Adachi toute latitude pour développer son humour, en se libérant de toute véracité historique… et en jouant sur des anachronismes croquignolesques ! Pastichant les films de samouraïs, son manga, dont le premier tome sort le 18 août 1990 au Japon, saupoudre d’un humour constant l’intrigue-prétexte qui s’étalera sur onze volumes jusqu’en mai 1992. Le titre même du manga souligne cette décision : Niji-iro Tohgarashi désigne en japonais le fameux « mélange aux sept épices », dont chaque ingrédient donne son nom à l’un des sept frères et sœur !

Même si l’intrigue peine à démarrer et s’égare parfois en raison des délires du mangaka, et bien que le manga s’éloigne radicalement différent de ses univers habituels (le sport lycéen), Niji-iro Tohgarashi est paradoxalement une excellente porte d’entrée au style d’Adachi. Outre la romance naissant entre un adolescent sincère, voire naïf, et une jeune fille au caractère bien trempé, la courte série joue à merveille la carte de l’auto-dérision en brisant à de nombreuses reprises le quatrième mur. On y retrouve également sa maîtrise du découpage et du dialogue qui fait la force de ses séries phare (Touch, H2, Cross Game…). Titre pas si mineur apportant une bouffée d’originalité à sa bibliographie, Niji-iro Tohgarashi souffre de ne pas avoir connu d’adaptation en anime qui lui aurait apporté plus de popularité. Et si ce trentième anniversaire en était l’occasion ?

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon