#TBT : Daicon III & Daicon IV

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Qui aurait pu penser, quarante ans plus tôt, qu’un court métrage amateur de cinq minutes s’apprêtait à changer irrémédiablement l’animation au Japon ?

Descendant de leur vaisseau, deux membres de la Patrouille Scientifique d’Ultraman confient à une petite fille un verre d’eau qu’elle devra apporter à « Daicon ». Sur son chemin, l’écolière affronte de nombreux obstacles issus de la pop-culture japonaise (Godzilla, Gamera, Yamato…) et américaine (Star Wars, Star Trek, Starship Troopers…), qu’elle annihile à coup de poings, de sabre-laser ou de missiles dissimulés dans son sac à dos. Une fois parvenue à destination, elle irrigue un radis blanc (daicon en japonais) flétri qui se transforme en vaisseau spatial ! À son bord, elle fait face à nouveau, quelques années plus tard, à une multitude de représentants de la culture SF. Désormais adulte et vêtue d’une tenue de bunny girl, elle leur règle leur compte avec en fond sonore le morceau Twilight du groupe Electric Light Orchestra.

Instaurée en 1962, la convention Nihon SF Taikai est dédiée, comme son nom l’indique, à tout ce qui touche à la science-fiction. Le festival ne se tenant pas toujours dans la même ville, il hérite d’un surnom différent selon la municipalité l’hébergeant comme Tokon pour Tokyo, Meicon pour Nagoya… et Daicon pour Osaka. En 1981, la ville du Kansai recevait pour la troisième fois la convention, traditionnellement organisée par des étudiants de la région. Dans le staff de cette édition, se trouvaient notamment Toshio Okada et Yasuhiro Takeda, qui ont demandé à des étudiants des Beaux-Arts d’Osaka de produire un dessin animé pour l’occasion. Au prix de nombreux efforts, et malgré un budget dérisoire, Takami Akai, Hideaki Anno et Hiroyuki Yamaga fournissent ainsi un court métrage en 8mm d’environ six minutes. Pastichant les grands classiques de la science-fiction, Daicon III séduit le public à sa diffusion, à tel point que les 3000 K7 vidéo s’arrachent malgré leur prix de 10 000 yens (80 €) ! Cette vente permet de rembourser les dettes accumulées durant la réalisation de Daicon III… et d’entamer la production de sa suite.

Sous la bannière « Daicon Film » Ils seront une douzaine à travailler sur Daicon IV pour l’édition de 1983 du festival à Osaka. Grâce à ce staff plus conséquent, et surtout grâce à l’expérience acquise durant Daicon III, l’équipe offre une production bien plus aboutie sur ce nouveau court-métrage. Malgré son budget un peu plus important, elle n’est pourtant pas une partie de plaisir : l’équipe utilise à la nuit tombée les locaux d’une entreprise textile et s’y retrouve souvent enfermée par le gardien quand il quitte les lieux ! Sur le titre Twilight, Daicon IV multiplie à nouveau les références et clins d’œil aux grandes figures de la science-fiction… notamment certains titres d’Osamu Tezuka, absents de Daicon III – après avoir visionné ce dernier, le Dieu du manga avait remarqué la présence de nombreux personnages… « et l’absence de certains autres », une requête saisie au bond par les étudiants. Mais le court métrage est avant tout un manifeste pour une animation hyper léchée faisant la part belle aux mecha et au fan service. En passant au long métrage à la fin de l’année 1984, « Daicon Film » disparaît pour prendre un nouveau nom : le studio Gainax. Le reste appartient à l’histoire…

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon