#TBT : Blue Submarine n°6

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En s’inspirant d’un manga quinquagénaire, une série d’OAV expérimentait les techniques d’animation de l’avenir, il y a vingt-cinq ans. Retour sur un titre entre tradition et modernité !

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Mais science avec mauvaise conscience est ruine de l’homme ! Le scientifique Zorndyke peut en témoigner : persuadé que l’humanité n’a plus sa place sur cette Terre, il a permis la montée des eaux à travers la planète, décimant des milliards d’individus. Son objectif ? Remplacer les humains par les hybrides qu’il a créés, et qui attaquent les dernières cités restantes. En retour, une armée maritime a été mise en place, la flotte Blue. À bord du sous-marin n°6, la jeune Mayumi Kino est chargée de recruter Tetsu Hayami, ancien pilote dont les talents sont indispensables pour une opération audacieuse : attaquer Zorndyke frontalement ! Celui-ci accepte, mais lors d’une première escarmouche, recueille une hybride blessée, Mutio, qui rejoint la cause des humains. Elle ne sera pas de trop tant leur mission est cruciale : Zorndyke menace en effet de provoquer un bouleversement polaire qui éradiquera l’humanité

En 1992, des transfuges de Gainax fondent le studio Gonzo, avec comme mot d’ordre : toujours innover dans l’industrie de l’animation. En 2001, Zaion : I wish you were here sera le premier dessin animé à être diffusé en ligne avant de sortir sur support physique tandis qu’en 2008, la société investira massivement dans Crunchyroll, bien loin d’être le mastodonte de la SVOD que l’on connaît aujourd’hui. Cette philosophie est mise en application dès 1998 avec Blue Submarine n°6, qui cherche à expérimenter toutes les possibilités que le numérique peut apporter à l’animation. Si certaines tentatives ne convainquent pas vraiment (toutes les scènes en 3D, rappelant douloureusement des cinématiques de jeu vidéo), d’autres restent encore remarquables aujourd’hui tant la fusion entre animation à la main et animation numérique se mêlent harmonieusement. Cette démarche, qui s’affranchit des contraintes techniques du celluloïd, permet notamment une palette de couleurs et des éclairages jusqu’ici inimaginables.

Blue Submarine n°6 innove tant qu’il ne peut sortir que par le circuit de l’OAV, à destination d’un public connaisseur apte à apprécier la performance technique. C’est donc le 25 octobre 1998 que sort le premier des quatre épisodes de la série, qui seront tous espacés d’environ six mois. Paradoxalement, cette production tournée vers le futur adapte un manga conçu en 1967 par Satoru Ozawa, passionné par les submersibles – on lui doit également Submarine 707 et Tide-Line Blue, qui connaîtront des adaptations animées à leur tour. Si le résultat final est en demi-teinte, il permet à son réalisateur Mahiro Maeda de se faire la main aux nouvelles technologies, grâce auxquelles il réalisera le somptueux Gankutsuou six ans plus tard. L’expérience sera tout aussi profitable pour le dessinateur Range Murata, qui sévira à nouveau sur une production « fusion » avec Last Exile en 2003, tout en intégrant de plus en plus Photoshop dans ses fanzines. Au final, Blue Submarine n°6 est une œuvre étonnante à regarder aujourd’hui : si elle a atrocement vieilli par bien des aspects, elle reste d’une qualité stupéfiante, vingt-cinq ans plus tard, sur quelques points bien précis, notamment le réalisme de l’animation des personnages. Preuve, si besoin était, que l’ordinateur n’est qu’un outil au service de créateurs bel et bien humains.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon